Ilest possible de ne pas se passer de religion, en effet chaque homme est libre de croire Ă ce quâil veut et puisquâil existe des religions, chaque homme peut croire en une religion. Cependant aucune obligation nâest prĂ©sente du fait de cette libertĂ© et pourtant une majoritĂ© parmi les hommes pratique une religion.
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Ainsila religion serait le lien qui unit les Hommes entre eux autour de croyances et de rites propres Ă chaque culte. Il parait donc aberrant, socialement, de penser que lâHomme peut se passer de religion. Or, de rĂ©centes Ă©tudes affirment quâen France, 45% des français ĂągĂ©s de 18 Ă 50 ans se dĂ©clarent sans religion. Pour autant, les besoins existentiels nâen paraissent pas
Texte intĂ©gral 1- L'homme, image de Dieu 1La conception de l'homme en tant qu'image de Dieu caractĂ©rise l'Ćuvre de Comenius. L'homme a Ă©tĂ© fait Ă l'image de celui qui est depuis le commencement », affirme-t-il dĂšs la dĂ©dicace de La grande didactique par. 2. C'est de cette notion qu'il tire les principales caractĂ©ristiques qui constituent l'homme dans son humanitĂ© et les diffĂ©rentes directions dans lesquelles l'Ă©ducation devra dĂ©velopper l'enfant. 1 GenĂšse, I, 26 et 27 ; trad. Bible de JĂ©rusalem. 2 Tresmontant C., Les origines de la philosophie chrĂ©tienne. coll. Je sais, je crois, no 11, p. 97 3 Ibid., p. 98. 4 Ibid, p. 100. 5 Ibid., p. 99. 6 La sainte Bible, trad. en français, sous la direction de l'Ecole biblique de JĂ©rusalem ; Paris, 19 ... 7 Saint Thomas, Somme thĂ©ologique, Ia, art. 4 ; trad. A. Patfoort, o. p. Ed. du Cerf, p. 96-97. 2Cette expression, on le sait, est tirĂ©e de la Bible Faisons l'homme Ă notre image, comme notre ressemblance. ⊠Dieu crĂ©a l'homme Ă son image »1. Claude Tresmontant nous explique comment il faut comprendre cette affirmation Les thĂ©ologiens qui ont composĂ© ce texte se sont opposĂ©s expressĂ©ment aux mythes Ă©gyptiens et assyro-babylomiens qui enseignaient la consubstantialitĂ© de l'Ăąme Ă la divinitĂ©. L'homme n'est pas créé avec la substance de Dieu⊠»2. Dans son sens positif cette expression affirme que l'homme n'est pas une crĂ©ature comme une autre ; ⊠il n'est pas un vivant comme un autre. ⊠Il est appelĂ© Ă une destination proprement surnaturelle, c'est-Ă -dire qu'il est appelĂ© ⊠à devenir participant de la nature mĂȘme de Dieu »3, il a la capacitĂ© de s'ouvrir Ă une dimension surnaturelle »4. Cette destinĂ©e proprement surnaturelle de l'homme comporte certaines implications et prĂ©suposĂ©s mĂ©taphysiques »5 notamment la raison et la libertĂ©. De mĂȘme la Bible de JĂ©rusalem prĂ©cise Ce rapport Ă Dieu sĂ©pare l'Homme des animaux. Il suppose de plus une similitude gĂ©nĂ©rale de nature intelligence, volontĂ©, puissance »6. Pour saint Thomas, c'est en vertu de sa nature intellectuelle que l'homme est dit Ă l'image de Dieu » ; par consĂ©quent le trait par lequel la nature intellectuelle imite Dieu le plus Ă©troitement, c'est celui par lequel Dieu se connaĂźt et s'aime lui-mĂȘme. L'image de Dieu dans l'homme pourra donc se vĂ©rifier ⊠d'abord en ce que l'homme a une aptitude naturelle Ă connaĂźtre et Ă aimer Dieu »7. 8 La pampĂ©die, II, 23 ; trad. Unesco. 9 Ibid III, 27 ; trad. Unesco. 3Comenius a fait siennes ces idĂ©es et elles lui serviront de guide dans le programme qu'il fera de l'Ă©ducation religieuse. Parce qu'il est son image, Dieu aime l'homme plus qu'il n'aime toute autre crĂ©ature ; l'homme, dira notre thĂ©ologien, est l'objet de la dilection de Dieu »', pour lui cette expression est synonyme de celle d'image de Dieu. et IV. 2. A son tour, l'homme ne trouve aucune crĂ©ature qu'il puisse considĂ©rer comme son Ă©gal, et il ne pourra trouver de satisfaction qu'en Dieu. Tous ses dĂ©sirs doivent donc ĂȘtre tournĂ©s vers Dieu comme vers leur source ibid. V, 18. Car Dieu est le but ultime de toutes choses, vers qui tend tout ce qui est visible et invisible ; ⊠il est la source vive de tout ce qu'il y a de bon »8, la source de vie d'oĂč partent les autres sources de tout ce qui nous rĂ©jouit » Pans. prod. 34. Comenius constate mĂȘme que si les arts extĂ©rieurs et la science procurent Ă l'esprit un dĂ©lassement agrĂ©able, ils ne le rassasient pas »9. Trop peu d'hommes ont mis leur fin en Dieu ; par contre, trop d'hommes se recherchent eux-mĂȘmes et ne poursuivent que leur succĂšs et leur propre gloire. Agissant ainsi, ils aboutissent Ă une impasse. C'est pour cela que l'on voit tant d'iniquitĂ©s sur la terre Pans. prod. 33, 34. Pour couronner le tout, Dieu appelle l'homme Ă vivre avec lui durant toute l'Ă©ternitĂ©, Ă partager sa vie Te enim mihi destinati aeternitatis consortem » 3 ; cf aussi II, 9. 10 L'Ă©cole de la petite enfance, IV, 5 ; trad. PrĂ©vot. 4C'est donc tout le sens de la vie de l'homme qui est concernĂ© par cette ressemblance avec Dieu. Les rapports de l'homme avec Dieu en sont profondĂ©ment marquĂ©s ; non seulement ce ne sont pas des rapports de conflit, ni mĂȘme de purs rapports de serviteur Ă maĂźtre, mais des rapports de confiance et d'amour. L'homme est conviĂ© Ă faire briller en lui, selon sa mesure d'ĂȘtre fini, les qualitĂ©s que Dieu possĂšde dans leur perfection. La religion n'est rien d'autre que cette attitude qui consiste Ă se tourner vers Dieu comme vers sa source ; de toute façon Dieu attire l'homme parce que chacun aime ce qui lui ressemble 18 et s. La religion est le respect intĂ©rieur qui met en relation l'homme avec la divinitĂ© » ibid. IV, 6. Ce n'est pas que notre auteur soit thĂ©iste ; il croit fermement au Christ RĂ©dempteur, il a un credo et il pratique un culte. Mais, pour lui, l'appartenance Ă telle ou Ă telle Ă©glise est secondaire par rapport Ă cette attitude qui, elle, est fondamentale. Voici d'ailleurs comment il dĂ©finit la piĂ©tĂ© La piĂ©tĂ© vraie et salutaire consiste en trois points 1-notre cĆur respecte Dieu toujours et en tout lieu et Le recherche dans toutes ses actions ; 2-notre cĆur dĂ©couvre les traces de la Divine Providence et suit partout Dieu avec crainte, amour et respect ; 3-partout il se souvient de Dieu, converse avec Lui, se joint Ă Lui et parvient Ă la paix et Ă la consolation »10. 11 De utilitate accuratae RerumâŠ, in pars IIÎ, 5Quels sont les traits particuliers que l'homme devra dĂ©velopper pour ressembler Ă Dieu ?. Au dĂ©but de son Ćuvre, dans La grande didactique surtout, l'auteur pense avec saint Thomas que l'homme ressemble le plus Ă Dieu par sa nature intellectuelle Dieu, ayant créé l'homme Ă son image, il l'a dotĂ© d'un esprit MENS » 3 ; et encore Il a plu Ă Dieu de crĂ©er des ĂȘtres Ă son image c'est-Ă -dire raisonnables et capables de participer Ă sa sagesse et Ă son immortalitĂ© » Via lucis, L'Homme doit donc chercher Ă acquĂ©rir beaucoup de connaissances Le fait que l'homme naĂźt capable d'acquĂ©rir des connaissances est Ă©vident puisque, en premier lieu, il est l'image de Dieu. Or, une image, pour ĂȘtre exacte, doit nĂ©cessairement reproduire les traits du modĂšle, autrement ce n'est plus une image. Et comme parmi les autres attributs de Dieu, c'est l'omniscience qui domine, elle doit nĂ©cessairement se reflĂ©ter de quelque façon dans l'homme » V, 4. Le pĂ©dagogue mettra cette omniscience en relief chaque fois qu'il aura besoin de stimuler un public Ă l'Ă©tude. Ainsi il Ă©crit La nature humaine a Ă©tĂ© faite de telle sorte qu'elle est devenue l'image de l'unique Sagesse, c'est-Ă -dire de l'Omniscience de Dieu. Si tu t'Ă©cartes volontairement et sciemment de cette ressemblance, tu t'Ă©loignes du plan de Dieu »11. 12 La pampĂ©die, IX ; in Cons. II, col 121. 13 Ibid., IIÎ, 14 ; trad. Unesco ; cf. aussi Panegersie, in Cons. I, col. 30. 14 Ibid., III, 20 ; trad. Unesco. 6Mais Comenius Ă©tend aussi cette ressemblance Ă d'autres traits surtout Ă ceux qui sont les marques caractĂ©ristiques de la nature humaine et que nous analyserons dans un autre chapitre L'homme vraiment formĂ© est celui qui, comme une vĂ©ritable image de Dieu saisit tout grĂące Ă la Raison, exprime tout par la parole, rĂ©alise tout grĂące Ă son activitĂ©, du moins autant que cela est possible Ă une crĂ©ature limitĂ©e »12. Il Ă©crit encore Les propriĂ©tĂ©s les plus marquantes de Dieu sont 1° l'omniscience, 2° l'omnipotence, 3° la saintetĂ© universelle, 4° l'indĂ©pendance souveraine ; par consĂ©quent, il est sĂ»r que l'homme, qui se distingue nettement par la sagesse, l'habiletĂ©, la saintetĂ© et qui aprĂšs Dieu est indĂ©pendant, est une vĂ©ritable image de Dieu et la vĂ©ritable gloire de son CrĂ©ateur »13. Parfois il insiste, selon les besoins, sur ce dernier trait et il Ă©crit Comme le dĂ©sir de l'activitĂ© libre est insĂ©parable de la nature humaine, image de Dieu⊠» X, 37 ou bien encore Il importe beaucoup que les hommes apprennent Ă librement choisir, Ă leur grĂ©, les choses parfaitement comprises, et Ă en disposer librement ; de maniĂšre que nulle part l'image de Dieu ne soit altĂ©rĂ©e dans l'homme, et surtout pas lĂ oĂč cette image est la plus ressemblante, dans la libertĂ© du choix »14. 15 1er EpĂźtre de saint Jean, IV, 8. 7Les perfections divines sont infinies. Pour les besoins pratiques il est normal qu'un Ă©crivain insiste sur tel ou tel aspect de ces perfections. On peut cependant faire remarquer qu'un attribut fondamental n'est jamais mentionnĂ© Dieu est amour » ; cette phrase de saint Jean15 rĂ©sume tout le message du christianisme. Mais cette omission n'est pas une particularitĂ© propre Ă Comenius. Les Ă©poques, comme les individus, ont des valeurs auxquelles ils sont plus sensibles qu'Ă d'autres. 16 La panegersie, V, 9 ; in Cons. I, col. 37. 17 Ibid. IV, 14 ; in Cons. I, col. 30. 8Le fait que c'est l'homme seul qui a Ă©tĂ© créé Ă l'image de Dieu lui donne une place Ă©minente parmi toutes les autres crĂ©atures. Dieu l'a Ă©tabli maĂźtre et seigneur de toute la crĂ©ation IV. L'humanitĂ© est douĂ©e de raison et elle porte en elle des germes de moralitĂ©, dignitĂ©s qui sont des privilĂšges qui l'Ă©lĂšvent au-dessus des animaux et le rendent semblables Ă Dieu »16. Quand il exaltait la supĂ©rioritĂ© des animaux, Montaigne oubliait cette qualitĂ© d'image de Dieu. Pas plus que d'autres, Comenius n'ignorait les mĂ©chancetĂ©s ou les turpitudes dont l'humanitĂ© est capable ; cependant il continuait Ă rĂ©pĂ©ter l'homme est la premiĂšre de toutes les crĂ©atures visibles parce qu'il a Ă©tĂ© créé Ă l'image de Dieu »17. Il est allĂ© jusqu'Ă Ă©crire cette phrase qui doit paraĂźtre peu orthodoxe Ă beaucoup, Ă savoir que l'homme ne doit reconnaĂźtre comme supĂ©rieur Ă lui que Dieu seul quant aux anges, qui sont Ă©galement des serviteurs de Dieu, l'homme doit les considĂ©rer comme des Ă©gaux ! IV, 4. 9Les belles paroles de Comenius sur la piĂ©tĂ© ne sont pas de simples clichĂ©s. Il semble bien avoir puisĂ© en Dieu une force morale qui lui a permis de supporter beaucoup d'Ă©preuves sans perdre ni son Ă©quilibre ni son dynamisme. Ainsi il a perdu successivement deux femmes ; la premiĂšre est morte au cours d'une Ă©pidĂ©mie avec ses deux enfants ; le pauvre homme faillit en perdre la raison. Aucun raisonnement ne pouvait le consoler, ni mĂȘme les considĂ©rations intellectuelles basĂ©es sur la foi. Seule une certaine union Ă Dieu et au Christ souffrant lui a apportĂ© la consolation et la joie ». Aussi, en parlant de Dieu aprĂšs cette Ă©preuve il dira qu'il est le roc de sa vie », une tour forte ». 18 Cf Denis E., La fin de l'indĂ©pendance bohĂȘme, t. I et II, Paris, 1930. 19 Vita gyrus. in pars IV, 10Si durs qu'aient Ă©tĂ© ses malheurs personnels, le sort rĂ©servĂ© Ă son pays l'a affectĂ© encore davantage, selon ses propres paroles. On sait le triste sort rĂ©servĂ© Ă la BohĂȘme aprĂšs la dĂ©faite de la Montagne Blanche, en 1620, et les souffrances injustes qui en ont rĂ©sultĂ©18. Le pire, pour lui, a Ă©tĂ© de craindre, un peu plus tard, que c'en Ă©tait fini de l'Eglise dont il Ă©tait l'Ă©vĂȘque. Durant l'incendie de Leszno, en 1656, il a perdu non seulement ses livres, mais encore ses manuscrits, dont certains reprĂ©sentaient 40 annĂ©es de patientes recherches⊠A cette occasion il a dit qu'il avait tout perdu exceptĂ© cet unique qui, Ă lui seul, est tout »19. 20 Heyberger A., Jean Amos Comenius, Paris, 1928, p. 217. 21 Ibid., 11Comme il avait des responsabilitĂ©s publiques, il ne suffisait pas qu'il surmonte sa douleur et retrouve son calme. Il devait, en outre, avoir assez de dynamisme pour soutenir les autres. C'est ce qu'il a fait Ă plusieurs reprises. Il a mĂȘme composĂ©, Ă l'intention de ses ouailles ou de ses compatriotes, des ouvrages dits de "consolation", comme Centrum securitatis et Des affligĂ©s. Dans son union mystique avec l'esprit divin, il puise une Ă©nergie qu'il tĂąche de communiquer aux FrĂšres en exil », dit de lui A. Heyberger20. Pour exprimer cette paix que l'on trouve en Dieu, il a cette image saisissante Ce monde est semblable Ă une roue que Dieu aurait dĂ©veloppĂ©e par sa toute - puissance. Il en est le centre et ses crĂ©atures, comme des rayons, s'irradient de lui en tous sens. Le centre reste immobile, mais la roue du monde tourne inlassablement. Plus on se trouve prĂšs du centre, moins les agitations sont violentes ; plus on est Ă©loignĂ©, plus fortes sont les secousses »21. 2- La chute, la justification, la grĂące 22 Gusdorf G., La rĂ©volution galilĂ©enne, Paris 1969, t. Î , p. 43. 23 Hildesheimer F., Le jansĂ©nisme. L'histoire et l'hĂ©ritage, Paris, 1992, p. 134. 12On sait que la prĂ©destination Ă©tait un des points nĂ©vralgiques de la pensĂ©e religieuse au xviie siĂšcle »22. Mais l'UnitĂ© remontait Ă la RĂ©forme tchĂšque, non Ă Luther et elle ne se posait pas avec angoisse les questions Serai-je sauvĂ© ? Combien y aura-t-il d'Ă©lus ? » qui obsĂ©daient non seulement Luther, mais aussi des hommes comme Ignace de Loyola ou le jeune François de Sales 1567-1622 et bien d'autres encore, puisqu'on a pu Ă©crire que le problĂšme du salut Ă©ternel Ă©tait la vĂ©ritable obsession du siĂšcle classique »23. Les positions de Comenius sur ces thĂšmes se ressentent de son appartenance Ă une tradition diffĂ©rente. 24 Cf Cons. I, Mundus spiritualis, chap. IV, col 1071. 25 La grande didactique, chap V, sous-titres pour les paragraphes 1 et 2. 13Pour certains thĂ©ologiens la chute d'Adam avait mortellement blessĂ© la nature humaine qui n'Ă©tait plus capable d'aucun bien ; la raison Ă©tait devenue incapable de nous guider, la volontĂ© Ă©tait fatalement inclinĂ©e vers le mal. Comenius, par contre, semble excuser le pauvre homme qui n'avait pas eu l'initiative de la dĂ©sobĂ©issence Ă Dieu ; il s'est seulement laissĂ© sĂ©duire. Si bien que Dieu a Ă©tĂ© plus misĂ©ricordieux avec lui qu'avec les anges rĂ©voltĂ©s, et la corruption de l'homme, quoique rĂ©elle, n'est qu' accidentelle »24. Il en ressort cette consĂ©quence capitale que les choses peuvent ĂȘtre remises dans leur Ă©tat premier qui Ă©tait boa Il est plus naturel Ă l'homme et plus facile Ă la grĂące de Dieu d'acquĂ©rir la sagesse et de devenir vertueux et saint plutĂŽt que d'en ĂȘtre empĂȘchĂ© par une dĂ©pravation accidentelle, car il est facile Ă une chose de retrouver sa nature premiĂšre » DM. V, 25. Or, la nature humaine Ă©tait bonne Ă l'origine » et nous devons y ĂȘtre ramenĂ©s par la puissance de la Providence qui relĂšve ce qui est tombĂ© »25. La phrase suivante exprime l'attitude personnelle de Comenius Ă propos de la chute. Est-ce que Dieu n'a pas envoyĂ© son Fils pour rĂ©tablir dans son Ă©tat primitif ce qui Ă©tait tombĂ© ? » DM. V, 22. 26 V, 23 ; cf. aussi Pans. prod. 15. 14Il illustre cette conviction par l'image suivante considĂ©rons, dit-il, une horloge ou un instrument de musique qui ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s par un artisan habile. Si l'horloge se gĂąte ou si l'instrument est dĂ©saccordĂ©, on ne les considĂšre pas immĂ©diatement comme Ă©tant hors d'usage, car on sait qu'on peut les rĂ©parer. Il en est de mĂȘme pour l'homme mĂȘme s'il a Ă©tĂ© corrompu par la chute, il faut tenir pour certain qu'avec la puissance de Dieu et en utilisant des moyens appropriĂ©s, on peut le rĂ©tablir dans son harmonie primitive DM. V, 17. Le cas de Nabuchodonosor confirme cette vue optimiste ibid. V, 22. Comenius ne comprend pas la position opposĂ©e pessimiste Il est honteux et impie, et en outre cela relĂšve de l'ingratitude, de toujours parler de notre corruption et de passer sous silence la RĂ©demption ! Pourquoi toujours s'excuser sur le vieil Adam ! C'est Ă bon droit que l'apĂŽtre dit en son nom et au nom de tous ceux qui ont Ă©tĂ© rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s Je puis tout en Celui qui me rend fort, le Christ. » Philippiens, IV, 1326. 15Comenius ne se pose pas la question de savoir Ă qui Dieu rĂ©serve sa grĂące ; il ne voit en Dieu que gĂ©nĂ©rositĂ© Ah, gardons-nous de mettre des limites Ă la grĂące de Dieu qu'il est prĂȘt Ă rĂ©pandre en nous avec sa plus grande largesse ! » V, 24. Quant Ă se demander si la grĂące est efficace ou suffisante, etc. c'est seulement soulever des questions inutiles ». 27 La pampĂ©die, chap. X ; V classe in finem. 16Dans un passage de La pampĂ©die il y a quelques lignes sur la prĂ©destination ; mais ce n'est qu'un maigre canevas pour un dĂ©veloppement Ă©ventuel. C'est dire le peu d'intĂ©rĂȘt que l'auteur portait Ă la question, alors qu'en France les dĂ©bats sur la grĂące efficace faisaient rage, non seulement parmi les thĂ©ologiens, mais mĂȘme dans les salons et les collĂšges - jusqu'Ă provoquer des bagarres ; on trouve des Ă©chos de ces dĂ©bats dans les arts et la littĂ©rature. MalgrĂ© la briĂšvetĂ© de ce passage il est clair que l'orientation gĂ©nĂ©rale ne va pas dans le sens de la rigueur calviniste ou jansĂ©niste. L'auteur, par exemple, pose la question Comment peux-tu espĂ©rer tenir bon devant le tribunal de Dieu ? » et il rĂ©pond GrĂące Ă l'intervention de JĂ©sus-Christ qui plaidera pour moi » - Est-ce que cette dĂ©fense sera efficace ? - Oui ! PremiĂšrement il ne s'est pas arrogĂ© lui-mĂȘme cette fonction, mais elle lui a Ă©tĂ© attribuĂ©e par le PĂšre. HĂ©breux, V, 5. ⊠En troisiĂšme lieu, parce que le sacrifice que le Christ a offert pour la rĂ©conciliation des pĂ©cheurs suffit pour tous les pĂ©chĂ©s du monde ». Et l'auteur se rĂ©fĂšre Ă la 1Ăšre EpĂźtre de saint Jean II, 2. qui dit ceci Il est lui-mĂȘme expiation pour nos pĂ©chĂ©s, non seulement pour les nĂŽtres, mais pour ceux du monde entier »27. 28 Cons. I, col. 1052. 29 Ibid., col. 580 4 et col. 978. 30 Ibid., col. 1130. 31 Ibid., col. 1130. 17Dans les discussions sur la grĂące, la libertĂ© tient une place centrale. Luther, Calvin, Jansenius niaient le libre arbitre ; l'Eglise catholique, au contraire, le posait comme nĂ©cessaire. Comenius aussi Sans la libertĂ©, la ressemblance avec Dieu ne serait pas parfaite »28. Il la conçoit comme totale et contrairement, notamment Ă Calvin, il Ă©crit Elle la libertĂ© est si essentielle Ă la nature humaine que personne ne peut forcer l'homme Ă vouloir ce qu'il ne veut pas, pas mĂȘme les anges ou les dĂ©mons et mĂȘme pas Dieu lui mĂȘme ». L'homme a Ă©tĂ© gratifiĂ© d'une telle libertĂ© par le CrĂ©ateur, qu'elle ne peut plus lui ĂȘtre enlevĂ©e. VoilĂ pourquoi Dieu lui-mĂȘme n'y touche pas »29. Les rapports entre Dieu et l'homme ne sont pas des rapports de conflit ou de force. Comenius ne se demande pas comment l'homme misĂ©rable pourrait tenir tĂȘte au Tout-puissant, ni comment celui-ci serait obligĂ© de renoncer devant la rĂ©sistance de l'homme. L'homme choisit Dieu qui est le but ultime de sa vie, mais il peut se tromper sur son choix et prĂ©fĂ©rer des biens apparents Ă Dieu. Dieu, d'autre part, ne veut ĂȘtre honorĂ© que par des hommages libres. Il propose, il ne force pas Deus invites non trahit - Dieu ne nous attire pas malgrĂ© nous »30. Il Ă©chappe ainsi au piĂšge terrible dans lequel tombaient ceux qui niaient le libre arbitre et qui se sentaient obligĂ©s de dire que les damnĂ©s l'Ă©taient justement quoique la grĂące leur ait manquĂ©. Î affirme encore C'est une chose sĂ»re que l'homme ne peut rien sans Dieu, et que Dieu ne veut pas malgrĂ© l'homme. - Certum est Hominem sine Deo non posse ; Deum sine homine nolle »31. 32 La pampĂ©die, II, 19 ; trad. Unesco. 18Cette position est conforme Ă l'orthodoxie catholique, mĂȘme si l'auteur ne recherchait pas cette conformitĂ©. Ce qui est le plus Ă©vident, c'est que Comenius ne creuse pas les problĂšmes thĂ©ologiques relatifs Ă la grĂące. Î tient ces discussions pour inutiles. Ce qui est bien dans la tradition de l'UnitĂ©. Il se contente d'affirmer avec force quelques vĂ©ritĂ©s fondamentales Dieu donne sa grĂące avec gĂ©nĂ©rositĂ© et libĂ©ralitĂ© Ă tous les hommes s'opposant ainsi Ă la rigueur calviniste ou jansĂ©niste ; il faut croire Ă l'efficacitĂ© de la RĂ©demption opĂ©rĂ©e par le Christ. Ces vues thĂ©oriques lui servent de fondement pour justifier la possibilitĂ© et la nĂ©cessitĂ© de l'Ă©ducation afin de construire l'image de Dieu dans tous les hommes. Si on lui objecte Nous sommes corrompus », il rĂ©pond Oui, mais aussi renouvelĂ©s par le nouvel Adam. On nous enjoint de renouveler ce qui a Ă©tĂ© corrompu, de labourer le champ en friche et de ne pas semer dans les ronces Es. IV, 3 ; c'est Ă cela que tend l'Ă©ducation dans toute son Ă©tendue »32. 19Si les dĂ©tails de ces questions thĂ©oriques n'intĂ©ressent pas notre auteur, il y a une chose qui l'intĂ©resse au plus haut point c'est justement ce caractĂšre d'universalitĂ© Dieu veut sauver tous les hommes, il faut assurer l'Ă©ducation Ă tous, parce qu'ils sont tous faits Ă©galement Ă l'image de Dieu. 3- L'image de Dieu chez tous les hommes 33 IX, 1 et sous-titres des paragraphes 1 et 2 ; cf aussi La pampĂ©die, I, 6 et 11. 20L'image de Dieu est dĂ©posĂ©e en chacun des hommes. Chaque homme jouit par consĂ©quent de la mĂȘme dignitĂ© et est appelĂ© Ă la mĂȘme vocation. Comenius insiste sur ces idĂ©es dĂšs le dĂ©but de son Ćuvre. Ce ne sont pas seulement les enfants des riches et des gens importants qu'il faut admettre dans les Ă©coles, mais tous les enfants, Ă Ă©galitĂ©, ceux des riches et ceux des pauvres, ceux des nobles et ceux des roturiers, les garçons et les filles, qu'ils habitent des villes, des villages ou des hameaux. ⊠Car c'est en tous que l'image de Dieu doit ĂȘtre restaurĂ©e »33. Cette Ă©numĂ©ration n'est pas exhaustive ; nous verrons plus loin d'autres catĂ©gories que l'auteur inclut expressĂ©ment dans ce TOUS. L'ardeur religieuse qui le porte Ă faire briller en lui l'image de Dieu, le porte avec la mĂȘme force Ă la faire briller Ă©galement en chaque homme sans en excepter personne Tous les hommes en naissant ont la mĂȘme destinĂ©e devenir vraiment homme, c'est-Ă -dire un ĂȘtre raisonnable, le maĂźtre des crĂ©atures et une fidĂšle image de son crĂ©ateur ⊠Si donc nous admettons Ă l'Ă©ducation quelques-uns seulement en excluant d'autres, nous commettons une injustice, non seulement envers ceux qui participent Ă cette nature, mais envers Dieu lui-mĂȘme qui veut ĂȘtre reconnu, aimĂ© et louĂ© par tous ceux en qui Il a imprimĂ© son image » IX, 2. 34 Cf. Gravissimum educationis momentum §67. 21Cette position rĂ©vĂšle une exigence d'universalitĂ© absolument extraordinaire qui n'Ă©tait guĂšre partagĂ©e par ses contemporains. L'extension de l'Ă©ducation Ă tous les enfants ne sera rĂ©alisĂ©e dans la pratique que deux ou trois siĂšcles aprĂšs Comenius. En plein xxe siĂšcle, d'ailleurs des instances religieuses ou politiques ont repris les mĂȘmes dĂ©clarations, ce qui prouve que l'Ă©ducation pour tous n'Ă©tait pas encore une pratique universelle. Toute personne a droit Ă l'Ă©ducation », dit la DĂ©claration universelle des droits de l'homme. Une rĂ©solution du parlement europĂ©en adoptĂ©e le 14 Mars 1984 proclame Tous les enfants et les adolescents ont droit Ă l'Ă©ducation et Ă l'instruction ⊠sans discrimination de sexe, de race, de convictions philosophiques ou religieuses, de nationalitĂ© ou de condition sociale ou Ă©conomique ». Vingt ans plus tĂŽt Vatican II avait tenu le mĂȘme langage34. 22Passons maitenant en revue les groupes sociaux ou les catĂ©gories de personnes qui, selon Comenius, ne doivent pas ĂȘtre exclus de l'Ă©ducation. 35 Ce passage a Ă©tĂ© traduit trĂšs tendancieusement par Piobetta de la façon suivante Pareillement ... 23Les Sujets C'est tout d'abord le peuple des travailleurs manuels, serfs y compris Pour qu'ils apprennent Ă obĂ©ir intelligemment » Ă des maĂźtres qui, Ă leur tour, doivent avoir appris Ă commander sagement », car en vĂ©ritĂ© les crĂ©atures raisonnables doivent ĂȘtre guidĂ©es non Ă grand renfort de cris, de cachots ou de coups de bĂąton, mais avec des procĂ©dĂ©s raisonnables. Si on agissait autrement, l'affront retomberait sur Dieu qui a imprimĂ© en eux aussi son image, et les affaires humaines seraient pleines de violence et de troubles » VI, 935. 36 Via lucis, XIV, 16,18. 37 La pampĂ©die, II, 1 ; trad. Unesco. 24Ce passage peut soulever des polĂ©miques. Certains, voulant ignorer le contexte historique, ont reprochĂ© Ă Comenius d'ignorer la rĂ©volution sociale. C'est un fait qu'il est d'avis que chacun reste Ă la place qui est la sienne36. En fait, le problĂšme d'une Ă©ducation pour tous est bien plus complexe. Pour beaucoup, la culture n'est qu'un moyen de promotion sociale. DĂšs qu'on a un diplĂŽme, on juge certains travaux, les travaux manuels surtout, au-dessous de sa dignitĂ©. Le problĂšme se posait mĂȘme au xviie siĂšcle. Les collĂšges d'alors ne prĂ©paraient guĂšre qu'aux carriĂšres libĂ©rales et dĂ©tournaient de la pratique des mĂ©tiers. Aussi les Etats gĂ©nĂ©raux de 1614 et Richelieu s'opposaient Ă l'extension des collĂšges. On faisait la mĂȘme objection Ă Comenius Fais attention ! Tu vas ĂȘtre la risĂ©e de tout le monde. Tu verras la confusion de tous les Ă©tats ! Qui restera fidĂšle Ă sa charrue ? etc. etc. »37. 38 Via lucis, XIV, 16. 39 Ibid., XIV, 16. 40 DM. XXIX, 7 ; trad. Piobetta. 25Mais notre philosophe comprend les choses autrement. Le travail manuel est inĂ©vitable, il le sait on le pratiquait dans l'UnitĂ©. Mais il n'est pas mĂ©prisable mĂȘme les prĂȘtres de cette Eglise y Ă©taient astreints. Aussi il ne veut pas que l'Ă©cole enlĂšve aux jeunes le goĂ»t de ces travaux ; il dĂ©clare expressĂ©ment qu'il ne dĂ©sire pas que les artisans, les paysans et les femmes se consacrent entiĂšrement aux livres »38. Mais il dĂ©sire que ceux qui se livrent Ă ces travaux conservent, ce faisant, toute leur dignitĂ© humaine. Aussi, non seulement il exclut les mauvais traitements comme nous venons de le lire, mais il dĂ©sire encore que chacun soit prĂ©parĂ© Ă sa profession »39, et que les jeunes soient instruits de tout ce qui pourra leur ĂȘtre utile durant toute leur vie » DM. XXIX, 6. Il souhaite encore que ceux qui s'engagent dans l'agriculture, le commerce ou les mĂ©tiers ne rencontrent rien qui soit complĂštement nouveau et dont ils n'aient eu un avant-goĂ»t. ⊠Ainsi chacun fera l'expĂ©rience qu'il est apte Ă tout comprendre, Ă tout exĂ©cuter et Ă tout juger le plus correctement possible »40. 41 Via lucis, XIV, 17. 26RĂ©ussir cela, c'est transformer complĂštement le monde du travail et la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre. Comenius s'en rend compte, mĂȘme s'il n'envisage pas les consĂ©quences pratiques qui en dĂ©couleraient. Quand on lui objectait que si tout le monde se mettait Ă Ă©tudier, Ă juger les affaires de l'Ă©tat et de l'Ăglise, cela ne ferait que provoquer la confusion, il rĂ©pondait Ce serait un misĂ©rable Ă©tat ou une misĂ©rable Ă©glise si leur tranquillitĂ© ne dĂ©pendait que de l'ignorance et de l'esclavage des sujets. La vraie religion et une bonne organisation civile comme celle que nous souhaitons pour le monde entier tirent leur tranquillitĂ© de la lumiĂšre et non des tĂ©nĂšbres »41. MĂȘme si notre philosophe ne prĂȘche pas la suppression des classes, il souhaite une certaine mobilitĂ© sociale due au mĂ©rite Nous ne savons pas, dit-il, Ă quoi la divine Providence a destinĂ© celui-ci ou celui-là ». Il arrive qu'elle appelle Ă de hautes fonctions des hommes pris parmi les plus pauvres et les plus mĂ©prisĂ©s IX, 3. Mais cela suppose un type d'enseignement nouveau comme celui que l'auteur prĂ©conise pour l'Ă©cole Ă©lĂ©mentaire oĂč l'instruction est donnĂ©e dans la langue maternelle. 42 CitĂ© par CompayrĂ© G. 43 Simon J., RĂ©novation de l'enseignement du français, in La pĂ©dagogie contemporaine, Gabaude et ... 44 Gusdorf G., L'avĂšnement des sciences humaines au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1973, p. 126. 45 CitĂ© par Gusdorf Gâ Dieu, la nature, l'homme au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1972, p. 178. Citation ... 27RĂ©pandre la culture dans toutes les couches sociales, c'est aller contre des prĂ©jugĂ©s. La culture peut-ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une richesse immatĂ©rielle qui met ceux qui la possĂšdent au-dessus des autres. Alexandre le Grand l'a exprimĂ© sans dĂ©tour. Il Ă©crivait Ă son maĂźtre Aristote En quoi serons-nous supĂ©rieurs aux autres hommes si les sciences que vous m'avez apprises deviennent communes Ă tout le monde ? Quant Ă moi, j'aimerais mieux encore surpasser les hommes par la science que par la puissance »42. Cet Ă©goĂŻsme culturel existe mĂȘme aujourd'hui. On a pu Ă©crire, en effet Sous cette indignation une prĂ©tendue atteinte Ă la langue française existe la crainte, rĂ©elle celle-lĂ , de voir toutes les couches sociales accĂ©der Ă une culture et Ă des modes de pensĂ©e que l'on dĂ©sirait rĂ©server Ă une Ă©lite »43. Si Comenius est un exemple de la gĂ©nĂ©rositĂ© pour la diffusion de la culture dans toutes les couches sociales, c'est Ă cause du respect qu'il porte Ă chacun des hommes en qui est imprimĂ©e l'image de Dieu. On ne constate pas ce respect chez Diderot ou Voltaire qui Ă©taient des conservateurs sans sympathie pour la masse populaire qui leur inspirait parfois des mots trĂšs durs »44. Pour Voltaire, en particulier, le gros du genre humain a Ă©tĂ© et sera trĂšs longtemps insensĂ© et imbĂ©cile »45. Sur ce point, l'Ă©volution historique semble faire Ă©voluer les modes de pensĂ©e et de sentir vers l'idĂ©al proposĂ© par Comenius. 46 DM. IX, 5 ; trad. PrĂ©vot. 28Les femmes. Il en est de mĂȘme pour ce qui concerne les femmes On ne peut donner aucune raison pour exclure le sexe faible j'attire particuliĂšrement votre attention sur ce point du soin des Ă©tudes en langue latine et en langue nationale, car elles sont aussi Ă l'image de Dieu et ont part Ă©galement Ă sa grĂące et au royaume Ă©ternel. En vĂ©ritĂ©, elles sont douĂ©es d'une intelligence vive et d'une capacitĂ© de connaissances Ă©gales ou mĂȘme supĂ©rieures aux nĂŽtres. Dieu les appelle comme nous aux plus hautes destinĂ©es rĂ©gner sur des peuples, conseiller les rois ou les princes, exercer la mĂ©decine ou d'autres mĂ©tiers utiles Ă l'humanitĂ©, remplir la fonction de prophĂšte et critiquer les prĂȘtres et les Ă©vĂȘques. Pourquoi voudrions-nous n'enseigner aux femmes que l'a b c pour les Ă©loigner ensuite des livres ?46 47 Paris, 1978. 29Ce texte est particuliĂšrement Ă©tonnant pour l'Ă©poque oĂč il a Ă©tĂ© Ă©crit Le lecteur français se souvient de la maniĂšre dont MoliĂšre prĂ©sente l'opinion courante sur l'Ă©ducation des femmes. Mais, d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l'infĂ©rioritĂ© de la femme passait pour une vĂ©ritĂ© Ă©vidente. Jean Delumeau a longuement Ă©tudiĂ© cette question dans un livre La peur en Occident xive- xviiie siĂšcle47. Rapportons-nous Ă quelques passages oĂč les auteurs qu'il cite emploient la mĂȘme rĂ©fĂ©rence biblique image de Dieu » que notre philosophe. Nous allons trouver des affirmations diamĂ©tralement opposĂ©es Ă celle de La grande didactique. 48 Idem., p. 312. 49 Idem., p. 312. 50 Idem., p. 324. 51 Idem., p. 330. 52 Idem., p. 330. 30RĂ©sumant la pensĂ©e de saint Augustin, Delumeau Ă©crit L'homme est donc pleinement image de Dieu, mais non la femme qui ne l'est que par son Ăąme et dont le corps constitue un obstacle permanent Ă l'exercice de sa raison »48. Gratien, dont le fameux dĂ©cret devint la source officieuse du droit de l'Eglise jusqu'au dĂ©but du xxe siĂšcle a Ă©crit La femme n'a pas Ă©tĂ© faite Ă l'image de Dieu. » ! MĂȘme saint Thomas Ă©crit que la femme a Ă©tĂ© créée plus imparfaite que l'homme, mĂȘme quant Ă son Ăąme et qu'elle doit lui obĂ©ir parce que naturellement chez l'homme abonde davantage le discernement et la raison »49. Il ne faut pas croire que cette conception soit propre au Moyen Age. Ainsi les Instructions aux confesseurs de saint Charles BorromĂ©e que l'Ăglise post-tridentine réédita inlassablement plusieurs siĂšcles durant » diffusent le dogme de la fonciĂšre inĂ©galitĂ© de la femme »50. La grande didactique Ă©tait dĂ©jĂ rĂ©digĂ©e quand Le Bret, conseiller d'Ă©tat, a Ă©crit en 1632 que la nature a créé la femme imparfaite, faible et dĂ©bile, tant du corps que de l'esprit »51. Delumeau prĂ©cise que ce ne sont pas des textes de quelques extrĂ©mistes, mais que la culture dirigeante europĂ©enne a produit des quantitĂ©s de textes semblables de l'Espagne Ă la Russie et du Moyen Age au xixe siĂšcle »52. 53 La pampĂ©die, II, 30 ; trad. Unesco. 54 CalĂČ G. trad. italienne de La grande didactique, p. 34 31Les handicapĂ©s. Comenius Ă©tend l'instruction Ă ceux que nous appelons aujourd'hui des handicapĂ©s les aveugles, les sourds et les dĂ©ficients ceux qui souffrent d'une insuffisance d'organes »53. G. CalĂČ fait observer que ce n'est pas un mince mĂ©rite pour Comenius d'ĂȘtre le prĂ©curseur convaincu et explicite de la nĂ©cessitĂ©, de la possibilitĂ© et de l'utilitĂ© sociale de l'Ă©ducation des dĂ©ficients », vu que ceux-ci ont dĂ» attendre le xixe siĂšcle pour acquĂ©rir des droits aux yeux des savants et pour devenir objet de recherche et d'attention pratique »54. 55 La pampĂ©die, II, 11 ; trad. Unesco. 32Les barbares. Comenius retrouve l'image de Dieu dans une autre catĂ©gorie d'ĂȘtres, ceux que l'on appelait alors des barbares » Dieu n'a pas Ă©tabli de diffĂ©rence entre les hommes, du moins pas dans ce qui constitue l'essence humaine ; ⊠ils participent tous Ă l'image de Dieu. Gen. I, 26 »55. 56 Gusdorf G., La rĂ©volution galilĂ©enne, t. II, Paris 1969, p. 196. 57 Idem., L'avĂšnement des sciences humaines au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1973, p. 288. 58 Onstott K., Mandingo, Paris, 1964, p. 284. 59 Ibid., p. 507. 60 Gusdorf G., La conscience rĂ©volutionnaire - Les idĂ©ologues, Paris, p. 226. 33C'est une affirmation qui nous semble toute naturelle aujourd'hui. Cependant, parmi les premiers explorateurs, certains avaient proposĂ© d'exclure de l'espĂšce humaine les sauvages amĂ©ricains » ; cette proposition fut toutefois contestĂ©e, et les querelles qui s'en suivirent furent tranchĂ©es par la bulle Sublimis Deus » du pape Paul III 9 juin 153756 dans laquelle il dĂ©clare que les Indiens d'AmĂ©rique sont des hommes et doivent ĂȘtre traitĂ©s comme tels »57. Mais une bulle du pape ne change pas les mentalitĂ©s d'un coup de baguette magique et surtout pas celle des opposants au papisme. On connaĂźt celle des propriĂ©taires d'esclaves noirs dont Kyle Onstott se fait l'Ă©cho dans son roman Mandingo. Il fait dire Ă l'un de ces propriĂ©taires, Maxwell Des nĂ©gros avec des Ăąmes ! ⊠Vous croyez vraiment qu'ils ont des Ăąmes ? »58. Pour lui les nĂšgres Ă©taient des brutes sans Ăąme et il fallait qu'ils le restassent »59. Mais des philosophes propriĂ©taires d'esclaves, tel Jefferson lui-mĂȘme, lorsqu'ils invoquaient l'Ă©galitĂ© naturelle des hommes ne pensaient pas que leurs nĂšgres fussent concernĂ©s par cette dĂ©claration »60. 61 Pannuthesia, VII, 8, in Cons. II, col. 744. 62 Cf. par exemple 43. 63 La pampĂ©die, VI, 18 XV. 34Comenius, lui, est capable de faire confiance Ă ces barbares Qui sait, Ă©crit-il, ce que Dieu rĂ©serve aux Africains, aux AmĂ©ricains et aux autres barbares s'ils sont introduits dans la culture ? », car nulle part dans le monde il ne manque de tĂȘte capable, pourvu que l'Ă©ducation ne manque pas »61. Il manifeste de l'intĂ©rĂȘt pour les langues des Lapons, pour les peuplades de l'AmĂ©rique du Nord, etc62. Il a mĂȘme cette rĂ©action curieuse pour le xviie siĂšcle, mais qui nous est devenue familiĂšre aujourd'hui, de demander que l'on donne aux peuples et Ă leurs terres le nom qu'ils se donnent eux-mĂȘmes. Pourquoi, demande-t-il, les autres devraient m'appeler Paul alors que je m'appelle Jean ? Pourquoi appellera-t-on Madagascar l'Ile saint Vincent » plutĂŽt que Madagascar ? » De mĂȘme il veut que l'on donne aux chaĂźnes de montagnes ou aux fleuves le nom que les indigĂšnes leur donnent plutĂŽt que le nom de celui qui les a dĂ©couverts ; 64 Pannuthesia, VI, 7, in Cons. II, col. 733. 65 Ibid., V, 4 in Cons. II, col. 723. 66 In Nouvelle Histoire de l'Ăglise, t. 2. Le Moyen Ăge, p. 456. 35Sa capacitĂ© d'ouverture Ă tous les hommes est remarquable Dieu nous aime tous Ă©galement »64. - EuropĂ©ens, Asiatiques, Africains, AmĂ©ricains, les habitants de n'importe quelle Ăźle que ce soit, tous sont un seul peuple de Dieu, provenant du mĂȘme sang ; tous doivent s'aimer Ă©tant tous des ramifications d'un mĂȘme tronc gĂ©nĂ©alogique »65. Cela est d'autant plus remarquable que cette tendance universaliste semble aller contre une tendance de la nature humaine qui incline Ă haĂŻr la dissemblance raciale et idĂ©ologique » Knowles66. Si bien que pour d'autres auteurs contemporains aussi, une attitude pure de tout racisme serait une conquĂȘte de la conscience morale sur des instincts exclusivistes que la science semble nous expliquer. 67 La pampĂ©die, V, 4. 36Concluons avec l'auteur Il n'y aura aucune difficultĂ© ni aucun obstacle Ă instruire tous les hommes car chez tous les peuples l'image du sage CrĂ©ateur se reflĂšte ⊠dans la raison, l'esprit, la langue, la main, etc »67. 4- S'intĂ©resser Ă ce monde - ci 37 La fin ultime de l'homme est en dehors de cette vie », proclame le titre du chapitre II de La grande didactique. Le titre du chapitre suivant confirme Cette vie n'est qu'une prĂ©paration Ă la vie Ă©ternelle. » Tout le reste de l'Ćuvre de Comenius reste fidĂšle Ă ces prises de position fondamentales. Mais la vie sur cette terre, elle ne compte pas ? Elle n'a donc aucune valeur ? - C'est ce qu'on a cru pouvoir conclure de ces affirmations, d'autant plus qu'une certaine spiritualitĂ© dite chrĂ©tienne dĂ©niait effectivement toute valeur positive Ă ce monde dont on ne faisait qu'une vallĂ©e de larmes ». 68 CitĂ© par Gusdorf G., La conscience rĂ©volutionnaire. Les idĂ©ologiques, Paris, p. 158. Rousseau Du ... 69 Warnier P., Marx pour un chrĂ©tien. 70 Urs von Balthasar, Dieu et l'homme aujourd'hui. 71 Clausse A., TraitĂ© des sciences pĂ©dagogiques ; t. 2. Histoire de la pĂ©dagogie, p. 165. 38PrĂ©cisons en quoi consistait cette mentalitĂ©. Rousseau Ă©crivait Le christianisme est une religion purement spirituelle, occupĂ©e uniquement des choses du ciel ; la patrie du chrĂ©tien n'est pas de ce monde. ⊠Pourvu qu'il n'ait rien Ă se reprocher, peu lui importe que tout aille bien ou mal ici-bas »68. Le chrĂ©tien Ă©tait dans ce monde comme en exil » ; il suspectait tout effort des hommes pour exercer leur libertĂ© et transformer la rĂ©alitĂ© sociale. » La spiritualitĂ© Ă©tait fondĂ©e sur le dĂ©tachement ⊠et la rĂ©signation devant les malheurs qui survenaient dans la vallĂ©e de larmes »69. Cette mentalitĂ© a Ă©tĂ© longuement dĂ©crite par G. Snyders dans son livre La pĂ©dagogie en France aux xviie et xviiie siĂšcles. Il y est dit par exemple que chez les JĂ©suites du xviie siĂšcle aucun thĂšme n'Ă©tait plus frĂ©quemment repris que celui de la vertu comme mĂ©pris de la terre. » Un thĂ©ologien d'aujourd'hui, Urs von Balthasar fait observer que le chrĂ©tien ne peut plus se considĂ©rer lui-mĂȘme comme un hĂŽte » et un Ă©tranger » descendu d'en haut et venu en ce monde, comme les chrĂ©tiens de jadis le faisaient volontiers encore Ă la suite des platoniciens »70. Certains auteurs ont qualifiĂ© cette mentalitĂ© de mysticisme » ; et pour eux Comenius est un mystique ». Or, pour le mystique, le monde matĂ©riel est un leurre et les sens sont trompeurs ; la multiplicitĂ© et les vicissitudes terrestres relĂšvent de l'irrĂ©el et de l'illusion »71. Rien n'est plus opposĂ© Ă la philosophie de Comenius que ce mysticisme »-lĂ . Sa piĂ©tĂ©, loin de lui rendre la terre indiffĂ©rente, la lui rend presque sacrĂ©e, car elle est l'Ćuvre de Dieu. 72 Via lucis, XIV, 7. 73 La pampĂ©die, ΧÎÎ ; Du choix du mode de vie » ; in Cons. II, col. 210. 39La position de Comenius est claire quoique complexe il faut toujours rechercher Dieu mais, tant qu'on est sur cette terre, ce n'est qu'Ă travers ses Ćuvres qu'on le trouve. Il faut servir Dieu ; mais on ne peut le faire qu'en vivant sa vie d'homme. Dieu, invisible en lui-mĂȘme se manifeste par ses Ćuvres DM. XXIV, 18 ; il faut donc chercher Ă relever les traces de la divinitĂ© dans toute la crĂ©ation » ibid. XXIV, 3. Notre philosophe va jusqu'Ă Ă©crire que ceux qui disent que, du point de vue de la foi, ce que l'on dit des crĂ©atures n'a aucune importance pourvu que l'on parle correctement de Dieu, se trompent honteusement. Qu'il soit tenu pour certain, ajoute-t-il, que plus on connaĂźtra la nature avec exactitude et plus resplendira la majestĂ© et la grandeur du CrĂ©ateur72. De mĂȘme, en choisissant sa profession, il faut ĂȘtre toujours prĂȘt Ă servir les hommes et Dieu. ⊠Il ne faut pas penser seulement Ă soi, mais Ă toute la sociĂ©tĂ©. Nous ne naissons pas pour nous seuls ». Pratiquer la profession de cette maniĂšre est une voie royale vers le royaume ». Devant Dieu il n'y a aucun mĂ©tier vil ; il n'y en a aucun qui ne puisse nous faire mĂ©riter la couronne du ciel73. 74 Pans. prod. 109. 40C'est avec la mĂȘme complexitĂ© d'inspiration que l'auteur parle de cette vie comme d'une prĂ©paration » Ă la vie Ă©ternelle. Il y a trois degrĂ©s dans la prĂ©paration Ă la vie Ă©ternelle se connaĂźtre soi-mĂȘme ainsi que toutes les autres choses ; gĂ©rer les biens de ce monde et tendre vers Dieu ». C'est le titre mĂȘme du chapitre IV de La grande didactique qui suit les deux autres que nous avons citĂ©s au dĂ©but de cette section. Seul est digne de la vie Ă©ternelle, l'homme qui a dĂ©veloppĂ© sa raison et acquis des connaissances sur tout ce qui se trouve sur la terre, l'homme qui a dĂ©veloppĂ© son savoir-faire et ses habiletĂ©s techniques et enfin l'homme qui vĂ©nĂšre Dieu. Ceux qui meurent sans avoir dĂ©veloppĂ© leur humanitĂ© sont comme des avortons pour l'autre vie. L'embryon dans le sein maternel ne forme pas ses organes et ses membres pour la vie qu'il mĂšne alors ; mais il faut qu'au moment de la naissance ils soient tous bien formĂ©s. Heureux celui qui s'est formĂ© de bons membres dans le sein de sa mĂšre ; mille fois plus heureux celui qui quittera cette vie avec une Ăąme bien formĂ©e » DM. III, 6. - Celui-lĂ est vraiment instruit qui est instruit des choses de l'Ă©ternitĂ© ; mais de telle maniĂšre qu'il sache en mĂȘme temps profiter le plus judicieusement possible de ce qui prĂ©cĂšde, c'est-Ă -dire de la vie prĂ©sente »74. La pensĂ©e d'une vie future n'est invoquĂ©e que pour donner un sens Ă l'Ă©tape prĂ©sente ; elle ne la dĂ©valorise pas. 75 Ibid., 52. 41Elle la dĂ©valorise d'autant moins que l'homme a Ă©tĂ© Ă©tabli, par Dieu lui-mĂȘme, le gĂ©rant de ce monde-ci, le maĂźtre de toutes les crĂ©atures DM. IV, 2 et 26. A plusieurs reprises notre auteur rappelle la parole de saint Paul Tout est Ă vous⊠» 1. Cor. III, 21-13. C'est un devoir pour l'homme, d'une part de dĂ©velopper sa raison en observant les choses de ce monde et en apprenant Ă les connaĂźtre, d'autre part d'apprendre Ă les utiliser au mieux de ses besoins DM. IV, 3-4. Pour cela il faut commencer par faire l'inventaire de toutes les richesses que la terre contient, d'autant plus que l'homme doit connaĂźtre son hĂ©ritage. On sait que ce programme a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© depuis. Mais en son temps, KomenskĂœ constatait que les hommes ne savaient pas qu'ils Ă©taient les maĂźtres de grandes richesses et le souverain de la crĂ©ation75. 76 La pampĂ©die, Ht, 22 ; ce conseil est rĂ©pĂ©tĂ© en ÎÎ , 42 ; trad. Unesco. 77 Ibid., IIÎ, 11 ; trad. Unesco. 78 Ibid., IIÎ, 42 ; trad. Unesco. 79 Ibid., IV, 6 ; cf aussi XXIV, 24. 42Avec le temps, le bon KomenskĂœ s'enhardit jusqu'Ă recommander aux gens de s'enrichir ! au lieu de se dĂ©tacher ». Il est dĂ©sirable, Ă©crit-il, que les hommes soient bien Ă leur aise chacun selon ses besoins ; c'est pourquoi il faut que tous apprennent l'art de s'enrichir »76. D'ailleurs cela correspond, pour notre philosophe, Ă une tendance naturelle Toute crĂ©ature humaine dĂ©sire, par les instincts les plus intimes de sa nature, ⊠7° avoir beaucoup de choses »77. Aussi l'Ă©ducation doit travailler Ă dĂ©velopper cette tendance. Mais comme il ne faut pas s'attendre que les dons de Dieu nous tombent du ciel », il est nĂ©cessaire aussi d'apprendre aux hommes Ă travailler78. - Au milieu du xviie siĂšcle, ce n'Ă©tait pas l'opinion gĂ©nĂ©rale ; aussi notre auteur se sent obligĂ© d'insister. Il pourrait arriver mĂȘme aujourd'hui que, sous prĂ©texte de piĂ©tĂ©, certains hommes nĂ©gligent les autres ornements de la vie raisonnable ; il ne faut pas le permettre »79. Mais la mentalitĂ© contre laquelle KomenskĂœ luttait s'est prolongĂ©e jusqu'au xixe siĂšcle. Entre beaucoup d'autres, Louis Veuillot 1813 - 1883, rĂ©dacteur en chef du trĂšs catholique journal L'Univers, Ă©crivait La misĂšre est la loi d'une partie de la sociĂ©tĂ© ; c'est la loi de Dieu Ă laquelle il faut se soumettre. » ! 80 V, 9 ; trad. Piobetta. 81 Ibid., V, 14 ; trad. Piobetta. 82 Snyders G., La pĂ©dagogie en France aux xviie et xviiie siĂšcles, Paris, 1965, p. 81. 83 Idem, p. 76. 43Comenius ne craint mĂȘme pas d'Ă©crire qu'il faut savoir profiter des saines jouissances que la vie offre, car ce qui se trouve dans ce monde ne s'y trouve pas pour assurer seulement nos besoins, mais aussi pour notre jouissance DM. III, 3. Parlant d'un jardin que le jardinier a travaillĂ© avec ardeur et goĂ»t », il dit Plus grande en est la variĂ©tĂ©, plus agrĂ©able en est la vue, plus suave le plaisir de l'odorat et plus fort le soulagement du cĆur »80. Par opposition, Bossuet aurait dit que la perte de plus d'une Ăąme a commencĂ© par sentir une fleurâŠ. Comenius cĂ©lĂšbre mĂȘme les plaisirs esthĂ©tiques Il n'y a personne qui n'Ă©prouverait pas de plaisir Ă voir un homme aux belles formes, un cheval Ă©lĂ©gamment campĂ©, une statue superbe et une peinture merveilleuse. ⊠Je voudrais aussi savoir qui est-ce qui reste insensible Ă la musique ? ⊠A qui ne plaisent les aliments bien assaisonnĂ©s ? »81. Ces phrases, et bien d'autres cf. X, 10 Ă 13 ont dĂ» faire frĂ©mir plus d'un lecteur du xviie siĂšcle. Ne parlons pas de l'abbĂ© de RancĂ© 1626-1700 ! Mais un religieux engagĂ© dans le monde, le P. de Jouvency, se croyait obligĂ© d'enseigner Ă ses Ă©lĂšves qu'un saint et savant religieux » est celui Ă qui la terre semble fade »82. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale on rĂ©pĂ©tait que la vertu ne faisait qu'un avec le renoncement⊠»83. 84 La pampĂ©die, ÎII, 16 ; trad. Unesco. 85 Ibid., IIÎ, 17 ; trad. Unesco. 44L'Ă©vĂȘque de l'UnitĂ© a osĂ© Ă©crire Il faut enseigner aux hommes Ă aimer la vie ici-bas au point de la dĂ©sirer Ă©ternelle ». Puis il s'est repris, se rendant compte que cela n'a pas besoin d'ĂȘtre enseignĂ©, tellement cela correspond Ă un instinct fondamental. Cependant il a ajoutĂ© Il faut qu'ils les hommes aiment la vie ici-bas »84. Mais cette vie est conditionnĂ©e par la santĂ© du corps. Aussi le philosophe attache Ă la santĂ© une grande importance Il est de l'intĂ©rĂȘt de chaque homme de bien veiller Ă sa santĂ© »85. A cette Ă©poque la mortalitĂ© Ă©tait grande et l'hygiĂšne n'Ă©tait pas encore connue. Aussi le pĂ©dagogue ne craint pas d'Ă©crire dans La grande didactique tout un chapitre sur l'art de prolonger la vie » chap. XV. 86 Lab. schol. Patakini obitorum Coronis, in pars Î Î, col. 1046 ; en italique dans le texte. 45L'homme doit prolonger l'activitĂ© crĂ©atrice de Dieu en mettant la terre en valeur. Comenius voit dans cette activitĂ© une collaboration de l'homme avec Dieu. C'est une idĂ©e fondamentale dans sa philosophie. Dans son discours d'adieu prononcĂ© Ă Sarospatak, par exemple, il disait Ă ses auditeurs Je viens de vous dire que vous devez attendre ces pleines moissons de la bontĂ© divine et de votre courage. Je mets ensemble ces deux choses, car Dieu lui-mĂȘme souhaite leur coopĂ©ration et il veut qu'elles aillent toujours de pair »86. 87 DĂ©dicace de La grande didactique, 34. 88 Schola pansophica, in pars Î Î, col. 57-58. 89 Ibid., in pars Î Î, col. 56 20. 90 DĂ©dicace de La grande didactique, 31. 91 Cf. XXXIII, 18, 19 et DĂ©dicace de La grande didactique 30, 31, 33. 46Il insiste sur cette collaboration surtout dans le travail de l'Ă©ducation ; l'homme doit faire croĂźtre les germes que Dieu a dĂ©posĂ©s en lui. Et c'est Dieu qui Ă©veille chez certains hommes le dĂ©sir de travailler Ă la rĂ©forme des Ă©coles87. Aussi offrir pour les Ă©coles la dĂźme de ses biens, c'est travailler Ă la gloire de Dieu88. Vouloir le bien il s'agit, ici, de chercher Ă rĂ©pandre l'instruction, chercher les moyens pour y arriver est la voie royale pour arriver lĂ oĂč Dieu veut que nous allions »89. Pour exhorter les autoritĂ©s Ă dĂ©velopper les Ćuvres d'Ă©ducation, notre auteur emploie, selon le cas, les exhortations ou les objurgations mĂŽmes des prophĂštes Maudit soit celui qui fait mollement le travail de YahvĂ© »90. Il Ă©voque la vocation divine » des maĂźtres, car ils ont Ă©tĂ© appelĂ©s pour planter le ciel et asseoir solidement la terre. IsaĂŻe, Ll, 16. » DM. XXXIII, 12. RĂ©pandre la vĂ©ritĂ© c'est glorifier Dieu », dit-il en reprenant les paroles de GrĂ©goire-le-Grand91. 47Toute la vie de Comenius a Ă©tĂ© un engagement dans l'action Ă©ducative sociale et politique. C'Ă©tait donc tout le contraire de l'indiffĂ©rence mystique ». Son action Ă©ducative sera suffisamment mise en relief au cours de cette Ă©tude. Nous ne parlerons pas, ici, de son engagement religieux et politique ; disons seulement que c'Ă©taient ses prĂ©occupations constantes. L'Ćuvre de sa vie a Ă©tĂ© le grand ouvrage DĂ©libĂ©ration universelle sur la rĂ©forme des affaires humaines dont le titre seul dit assez l'ambition qui animait notre auteur. 48Comme on l'a constatĂ©, des idĂ©es importantes sont exprimĂ©es par des symboles religieux ou fondĂ©es sur l'autoritĂ© des Ecritures. Dans une sociĂ©tĂ© profondĂ©ment laĂŻcisĂ©e et parfois hostile Ă la religion, on est portĂ© Ă leur donner moins d'importance ou mĂȘme Ă les rejeter catĂ©goriquement. C'est par exemple ce qu'a fait Piobetta dont la traduction française ne donne de La grande didactique qu'un texte tronquĂ©. 92 CitĂ© par Gusdorf G., Les principes de la pensĂ©e au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1971, p. 350 E. Fa ... 49Cependant il faudrait se rendre compte que l'expression religieuse n'est souvent qu'un revĂȘtement sous lequel on trouve des intuitions profondĂ©ment humaines, donc acceptables par tout le monde. Cela ne se trouve pas seulement chez Comenius. Emile Faguet dit, par exemple, que les divers courants de pensĂ©e du xviie siĂšcle - jansĂ©nisme, thomisme, molinarisme, semi-pĂ©lagianisme, quiĂ©tisme - n'Ă©taient que les formes que prenaient chez ces hommes les idĂ©es fondamentales et les sentiments profonds. ⊠Leur pensĂ©e, au lieu de devenir un systĂšme philosophique, prenait comme forme et comme expression une des interprĂ©tations diverses du christianisme qui existaient alors. » Ces formes de pensĂ©e, dit encore Faguet, Ă©taient, pour l'homme qui les adoptait, sa philosophie intime, son tour d'esprit mĂȘme »92. C'est pour cela que les discussions sur la grĂące ont eu un tel impact sur le public, en France. 50Chez notre auteur il semble Ă©vident que l'expression religieuse est seconde par rapport Ă l'adhĂ©sion Ă des valeurs qui Ă©taient unanimement acceptĂ©es dans l'UnitĂ© ; il les a intĂ©riorisĂ©es et puis il les a exprimĂ©es et justifiĂ©es dans un langage religieux dans certaines de ses Ćuvres puisque c'Ă©tait une maniĂšre normale de procĂ©der pour son Ă©poque. Mais dans d'autres Ćuvres, il justifie les mĂȘmes principes celui de l'Ă©galitĂ© des hommes, par exemple par des arguments purement rationnels. Nous suivrons ce dĂ©veloppement en dĂ©tail dans un autre chapitre Former l'homme - section La nature humaine est une et identique chez tous les hommes. Voici en abrĂ©gĂ© cette justification. Tous les hommes appartiennent Ă la mĂȘme humanitĂ© parce qu'ils ont les mĂȘmes notions communes, etc. Si on retranche quelque catĂ©gorie Ă ce tout, on en dĂ©truit l'intĂ©gralitĂ©. VoilĂ pourquoi il faut Ă©tendre l'instruction Ă tous les peuples les barbares y compris. 51Ni les arguments religieux ni les arguments rationnels n'ont la puissance de modifier cette adhĂ©sion intime Ă des valeurs en dĂ©pit de ce que certains croient sinon par une Ă©volution trĂšs lente qui s'Ă©tend parfois sur des siĂšcles. C'est ainsi que, mĂȘme des saints ou des philosophes qui vivaient dans les sociĂ©tĂ©s oĂč l'Ă©galitĂ© n'Ă©tait pas Ă©tendue indistinctement Ă tous les individus humains refusaient d'Ă©tendre le privilĂšge d'ĂȘtre des images de Dieu Ă ces individus-lĂ . cf. saint Augustin et saint Thomas, et sur le plan purement philosophique Jefferson. 93 DM. IX, 7 ; trad. de la Bible de JĂ©rusalem. 52Inversement, notre bon Comenius qui accorde tant d'autoritĂ© aux Ecritures, rĂ©cuse celle de l'apĂŽtre Paul quand celui-ci Ă©carte les femmes de l'enseignement et par consĂ©quent de l'instruction. Que personne ne m'objecte, dit-il avec la plus grande assurance, cette sentence de l'ApĂŽtre Je ne permets pas Ă la femme d'enseigner 1. TimothĂ©e II, 12 »93. Pourquoi le fait-il sinon parce qu'il ne pouvait pas renoncer Ă une valeur qu'il avait faite profondĂ©ment sienne ? 94 Schimberg A., L'Ă©ducation morale dans les CollĂšges de la Compagnie de JĂ©sus sous l â ancien rĂ©gime... 53La maniĂšre dont Comenius conçoit les rapports entre Dieu et l'homme a des consĂ©quences importantes. A son Ă©poque, pour glorifier Dieu on rabaissait l'homme ; on a signalĂ© mĂȘme une tendance Ă faire de l'anĂ©antissement de l'homme un indispensable hommage Ă la souverainetĂ© de Dieu » ; on Ă©crasait la libertĂ© de l'homme pour exalter la puissance de Dieu94. On ne voyait pas le danger que reprĂ©sentait cette façon de faire. Lorsque l'homme prendra conscience de sa valeur propre en tant qu'ĂȘtre libre, lorsqu'il se rendra compte que la condition de l'homme sur la terre n'est pas rĂ©glĂ©e par un destin immuable, mais qu'il peut travailler Ă augmenter son bonheur terrestre, il aura l'impression qu'il ne pourra le faire qu'en se rĂ©voltant contre Dieu. C'est ainsi que le marxisme redonnera de la force au mythe de PromĂ©thĂ©e, comme si le bonheur de l'humanitĂ© ne pouvait ĂȘtre Ă©tabli que par des hĂ©ros qui devraient l'arracher Ă la jalousie de Zeus. Pour d'autres philosophes, l'homme, pour devenir pleinement maĂźtre de sa destinĂ©e, devait d'abord proclamer la mort de celui qui le maintenait dans la sujĂ©tion. - Pour la religion c'Ă©tait un vrai dĂ©sastre. 54La philosophie de Comenius, si elle avait Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e, aurait permis de l'Ă©viter. Sans doute dans cette philosophie l'homme se trouve en face d'un autre Etre dont il doit accepter la qualitĂ© de crĂ©ateur. Mais il ne se sent pas Ă©crasĂ© par cette prĂ©sence. Au contraire, l'homme a Ă©tĂ© créé libre ; les relations que Dieu Ă©tablit avec lui sont fondĂ©es sur l'amour, le bonheur de l'humanitĂ© est voulu par Dieu ; quand l'homme veut devenir le maĂźtre de l'univers, il entre dans les desseins de Dieu. Dans une telle philosophie il n'y a pas de place pour PromĂ©thĂ©e. Une telle vision du monde, si elle avait Ă©tĂ© plus rĂ©pandue, aurait pu, peut-ĂȘtre, donner un autre cours Ă l'histoire religieuse en Occident aprĂšs le xviiie siĂšcle. Notes 1 GenĂšse, I, 26 et 27 ; trad. Bible de JĂ©rusalem. 2 Tresmontant C., Les origines de la philosophie chrĂ©tienne. coll. Je sais, je crois, no 11, p. 97. 3 Ibid., p. 98. 4 Ibid, p. 100. 5 Ibid., p. 99. 6 La sainte Bible, trad. en français, sous la direction de l'Ecole biblique de JĂ©rusalem ; Paris, 1961, p. 10, note a. 7 Saint Thomas, Somme thĂ©ologique, Ia, art. 4 ; trad. A. Patfoort, o. p. Ed. du Cerf, p. 96-97. 8 La pampĂ©die, II, 23 ; trad. Unesco. 9 Ibid III, 27 ; trad. Unesco. 10 L'Ă©cole de la petite enfance, IV, 5 ; trad. PrĂ©vot. 11 De utilitate accuratae RerumâŠ, in pars IIÎ, 12 La pampĂ©die, IX ; in Cons. II, col 121. 13 Ibid., IIÎ, 14 ; trad. Unesco ; cf. aussi Panegersie, in Cons. I, col. 30. 14 Ibid., III, 20 ; trad. Unesco. 15 1er EpĂźtre de saint Jean, IV, 8. 16 La panegersie, V, 9 ; in Cons. I, col. 37. 17 Ibid. IV, 14 ; in Cons. I, col. 30. 18 Cf Denis E., La fin de l'indĂ©pendance bohĂȘme, t. I et II, Paris, 1930. 19 Vita gyrus. in pars IV, 20 Heyberger A., Jean Amos Comenius, Paris, 1928, p. 217. 21 Ibid., 22 Gusdorf G., La rĂ©volution galilĂ©enne, Paris 1969, t. Î , p. 43. 23 Hildesheimer F., Le jansĂ©nisme. L'histoire et l'hĂ©ritage, Paris, 1992, p. 134. 24 Cf Cons. I, Mundus spiritualis, chap. IV, col 1071. 25 La grande didactique, chap V, sous-titres pour les paragraphes 1 et 2. 26 V, 23 ; cf. aussi Pans. prod. 15. 27 La pampĂ©die, chap. X ; V classe in finem. 28 Cons. I, col. 1052. 29 Ibid., col. 580 4 et col. 978. 30 Ibid., col. 1130. 31 Ibid., col. 1130. 32 La pampĂ©die, II, 19 ; trad. Unesco. 33 IX, 1 et sous-titres des paragraphes 1 et 2 ; cf aussi La pampĂ©die, I, 6 et 11. 34 Cf. Gravissimum educationis momentum §67. 35 Ce passage a Ă©tĂ© traduit trĂšs tendancieusement par Piobetta de la façon suivante Pareillement il importe d'Ă©clairer aussi les sujets afin qu'ils sachent se tenir sagement dans leur Ă©tat de sujets Ă l'Ă©gard de ceux qui les gouvernent avec sagesse. » Il traduit ainsi Parere prudenter » ! - Des traducteurs d'autres langues ont une version pareille Ă la nĂŽtre. 36 Via lucis, XIV, 16,18. 37 La pampĂ©die, II, 1 ; trad. Unesco. 38 Via lucis, XIV, 16. 39 Ibid., XIV, 16. 40 DM. XXIX, 7 ; trad. Piobetta. 41 Via lucis, XIV, 17. 42 CitĂ© par CompayrĂ© G. 43 Simon J., RĂ©novation de l'enseignement du français, in La pĂ©dagogie contemporaine, Gabaude et colt., 1972. 44 Gusdorf G., L'avĂšnement des sciences humaines au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1973, p. 126. 45 CitĂ© par Gusdorf Gâ Dieu, la nature, l'homme au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1972, p. 178. Citation extraite de Voltaire, Essai sur les mĆurs - Ćuvres complĂštes, Ă©d. Dupont, 1823, t. XV. p. 25. 46 DM. IX, 5 ; trad. PrĂ©vot. 47 Paris, 1978. 48 Idem., p. 312. 49 Idem., p. 312. 50 Idem., p. 324. 51 Idem., p. 330. 52 Idem., p. 330. 53 La pampĂ©die, II, 30 ; trad. Unesco. 54 CalĂČ G. trad. italienne de La grande didactique, p. 34 55 La pampĂ©die, II, 11 ; trad. Unesco. 56 Gusdorf G., La rĂ©volution galilĂ©enne, t. II, Paris 1969, p. 196. 57 Idem., L'avĂšnement des sciences humaines au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1973, p. 288. 58 Onstott K., Mandingo, Paris, 1964, p. 284. 59 Ibid., p. 507. 60 Gusdorf G., La conscience rĂ©volutionnaire - Les idĂ©ologues, Paris, p. 226. 61 Pannuthesia, VII, 8, in Cons. II, col. 744. 62 Cf. par exemple 43. 63 La pampĂ©die, VI, 18 XV. 64 Pannuthesia, VI, 7, in Cons. II, col. 733. 65 Ibid., V, 4 in Cons. II, col. 723. 66 In Nouvelle Histoire de l'Ăglise, t. 2. Le Moyen Ăge, p. 456. 67 La pampĂ©die, V, 4. 68 CitĂ© par Gusdorf G., La conscience rĂ©volutionnaire. Les idĂ©ologiques, Paris, p. 158. Rousseau Du contrat social 1762 livre IV, chap. VIII. PlĂ©iade t. III, p. 465. 69 Warnier P., Marx pour un chrĂ©tien. 70 Urs von Balthasar, Dieu et l'homme aujourd'hui. 71 Clausse A., TraitĂ© des sciences pĂ©dagogiques ; t. 2. Histoire de la pĂ©dagogie, p. 165. 72 Via lucis, XIV, 7. 73 La pampĂ©die, ΧÎÎ ; Du choix du mode de vie » ; in Cons. II, col. 210. 74 Pans. prod. 109. 75 Ibid., 52. 76 La pampĂ©die, Ht, 22 ; ce conseil est rĂ©pĂ©tĂ© en ÎÎ , 42 ; trad. Unesco. 77 Ibid., IIÎ, 11 ; trad. Unesco. 78 Ibid., IIÎ, 42 ; trad. Unesco. 79 Ibid., IV, 6 ; cf aussi XXIV, 24. 80 V, 9 ; trad. Piobetta. 81 Ibid., V, 14 ; trad. Piobetta. 82 Snyders G., La pĂ©dagogie en France aux xviie et xviiie siĂšcles, Paris, 1965, p. 81. 83 Idem, p. 76. 84 La pampĂ©die, ÎII, 16 ; trad. Unesco. 85 Ibid., IIÎ, 17 ; trad. Unesco. 86 Lab. schol. Patakini obitorum Coronis, in pars Î Î, col. 1046 ; en italique dans le texte. 87 DĂ©dicace de La grande didactique, 34. 88 Schola pansophica, in pars Î Î, col. 57-58. 89 Ibid., in pars Î Î, col. 56 20. 90 DĂ©dicace de La grande didactique, 31. 91 Cf. XXXIII, 18, 19 et DĂ©dicace de La grande didactique 30, 31, 33. 92 CitĂ© par Gusdorf G., Les principes de la pensĂ©e au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1971, p. 350 E. Faguet. XVIIe siĂšcle, Boivin, p. 446-447. 93 DM. IX, 7 ; trad. de la Bible de JĂ©rusalem. 94 Schimberg A., L'Ă©ducation morale dans les CollĂšges de la Compagnie de JĂ©sus sous l â ancien rĂ©gime xvie, xviie, xviiie siĂšcles, Paris, 1913, respectivement p. 54 et p. 56. Cette publication numĂ©rique est issue dâun traitement automatique par reconnaissance optique de caractĂšres.
a La relativitĂ© de l'Ă©vidence. b. La force de conviction. - Commenter cette affirmation d'un philosophe : « les convictions sont des ennemis de la vĂ©ritĂ© plus dangereuses que les mensonges ». - "Les idĂ©es pour lesquelles on vit et l'on meurt sont, de ce fait mĂȘme, des absolus." c. La simplicitĂ©, la beautĂ© de la vĂ©ritĂ©.
L'analyse du professeur Il sâagit ici de se demander si le fait de croire et dâadopter une religion vient de la nature humaine, se justifie en raison dâune dĂ©finition essentielle de lâhomme, ou si tout au contraire elle ne procĂšde que dâune illusion due Ă la faiblesse de lâesprit humain, Ă la fragilitĂ© dâun homme qui ne parvient pas Ă comprendre le sens de sa destinĂ©e. Il semble Ă premiĂšre vue que la religion unit les hommes dans une communautĂ© de croyances dans la mesure oĂč chacun reconnaĂźt lâexistence supĂ©rieure dâun Dieu. En cela, la religion est affaire dâindividu et semble reposer sur une forme de besoin personnel et, plus prĂ©cisĂ©ment, spirituel. Mais, outre ce lien social, la religion, comme la science dâailleurs, est un mode dâexplication du monde et de ce qui est elle un discours de vĂ©ritĂ© visant Ă expliquer la nature des choses Ă partir dâune origine crĂ©atrice qui est le divin. La vĂ©ritĂ© dĂ©pend donc dâune rĂ©vĂ©lation premiĂšre qui est la norme du vrai la Bible pour les chrĂ©tiens par exemple et cela conditionne une comprĂ©hension de lâhistoire qui nâest pas progressive mais reste dĂ©pendante dâune origine vraie indĂ©passable qui est le Dieu. En ce double sens, la religion rĂ©sulte bien dâun besoin individuel de comprendre le monde et de vivre avec autrui, besoin qui se trouve satisfait par la façon dont le Dieu a conçu la place de lâhomme au sein de la crĂ©ation. Le rapport de lâhomme Ă la religion est donc ambigu. Dâune part, câest la fragilitĂ© existentielle qui expliquerait le besoin de Dieu, besoin ancrĂ© dans la volontĂ© de retrouver un pĂšre rassurant, de possĂ©der une certitude devant les contingences de lâexistence. Mais dâautre part, le besoin de Dieu ne serait pas quâune affaire de volontĂ© et de connaissance lâhomme en aurait essentiellement besoin, sans quoi son existence deviendrait absurde, serait sans origine et sans finalitĂ©. ...
Mais il nous faudra aussi voir dans une seconde parti tout ce que la religion apporte a lâhomme et quâil ne peut se passer de du besoin de religion.Ce pourquoi, il nous faudra dans un troisiĂšme temps voir que lâhomme ne peut se passer des principe moraux et sociaux de la religion. Tout dâabord, il paraĂźt normal que lâon puisse se passer du besoin de religion puisque un grand
Pour rĂ©pondre Ă la question, il fallait dâabord commencer par dĂ©finir ce quâest ue religion, en essayant de dĂ©terminer les points communs Ă toutes les diffĂ©rentes formes de religions qui existent dans le monde, et qui peuvent ĂȘtre trĂšs diverses monothĂ©isme, polythĂ©isme, animisme;..avec ou sans LivreâŠ. Deux Ă©lĂ©ments peuvent ĂȘtre pris en compte toute religion comporte des croyances et des rites qui nous mettent en relation avec du sacrĂ©. Nous avons cherchĂ© Ă dĂ©terminer ce qui caractĂ©rise une croyance religieuse elle a ceci de particulier quâelle constitue pour celui qui la porte une certitude absolue, alors mĂȘme quâelle ne peut faire lâobjet dâune dĂ©monstration, et que lâon ne peut prouver Ă celui qui en doute quâil faut croire. on parlera alors dâune certitude subjective. Le rite, quant Ă lui, dĂ©signe un acte, une paroleâŠetc qui se rĂ©pĂšte. Le sacrĂ© dĂ©signe alors ce domaine sĂ©parĂ© du profane, protĂ©gĂ© et mystĂ©rieux. Lâexistence du sacrĂ© suppose donc que le monde ne sâarrĂȘte pas Ă ce quâon en voit, quâil y a autre chose derriĂšre ou au-delĂ . Ainsi, une des premiĂšres rĂ©ponses qui a Ă©tĂ© donnĂ©e Ă la question de dĂ©part est que la religion est nĂ©cessaire pour rĂ©pondre Ă la peur de la mort et donner un sens Ă la vie. Cependant on a pu remarquer que la rĂ©ponse religieuse, qui consiste Ă prolonger la vie aprĂšs la mort, nâest pas la seule possible. Nous avons ainsi parlĂ© de la thĂ©orie dâEpicure, qui est matĂ©rialiste et pense donc que lâĂąme ne subsiste pas aprĂšs la mort, que nous nâavons pas Ă craindre ce quâil pourrait y avoir aprĂšs, puisquâil nây a rien !. Cependant la question se pose aussi de la peur dâabandonner la vie tout simplement. Il rĂ©pond aussi Ă cela en montrant que bien vivre et bien mourir câest la mĂȘme chose, et que si la vie a Ă©tĂ© pleinement vĂ©cue, on ne regrettera pas de la quitter. Dâautre part, nous avons pu remarquer que se passer de religion suppose de se passer du besoin qui en est Ă lâorigine besoin dâĂȘtre rassurĂ©, besoin de bonheur ou mĂȘme dâĂ©galitĂ©, comme le suggĂšre Marx. On peut alors se demander si ces besoins doivent ĂȘtre supprimĂ©s, ou si, Ă©tant lĂ©gitimes, ils peuvent ĂȘtre satisfaits par autre chose que la religion, notamment la science. Comme nous nâavons pas eu le temps dâapprofondir cette question, elle est lâobjet du prochain cafĂ© philo. Il faut noter en dernier lieu que certains ont insistĂ© sur le cĂŽtĂ© nĂ©faste de la religion, source de violence et de conflits entre les hommes, ce qui suggĂšre que non seulement on peut sâen passer, mais quâil le faut !! Concernant cette violence, quâon ne peut nier, on peut remarquer quâelle est lâenvers du lien que la religion peut crĂ©er entre les hommes une religion lie trĂšs fortement ceux qui y adhĂšrent, et les oppose par lĂ -mĂȘme Ă ceux qui nâen sont pas. On peut regretter que les valeurs universelles, qui sont portĂ©es par les religions, ne sâexpriment pas dans la vie rĂ©elle des hommes.
Lhomme peut-il simplement se passer de religion ? Pour répondre à cette question, nous montrerons dans un premier temps que l'avÚnement de la science tend à décrédibiliser fortement la religion, notamment par la mise en lumiÚre d'une profonde critique ; cependant, nous verrons par la suite que la religion apparaßt pourtant comme
L'homme ne peut pas se passer de la nature. Mais concrĂštement, en quoi l'homme est-il liĂ© Ă la nature ? En est-il vraiment dĂ©pendant ? L'homme est liĂ© Ă la nature. La nature assure la survie de l'homme. Elle est aussi pour lui une source d'enseignement et de richesse. Et elle lui apporte bien-ĂȘtre et plaisir. L'homme a donc intĂ©rĂȘt Ă respecter et prĂ©server la nature. C'est une question de survie. La nature est une crĂ©ation de DIEU Comme l'homme, la nature est crĂ©ation de DIEU. L'homme est donc liĂ© Ă la nature. DĂ©jĂ Ă ce seul titre, la nature mĂ©rite le respect et l'amour. C'est DIEU qui a conçu et créé tout ce qui existe. Il a créé l'univers, la Terre, ses continents, ses mers et ses ĂȘtres vivants. Chaque crĂ©ature vivante, chaque fleuve, chaque montagne a Ă©tĂ© voulu par DIEU. Nous devons respecter la crĂ©ation de DIEU, car nous sommes nous-mĂȘme une crĂ©ation de DIEU. La nature est source de vie L'homme a besoin d'air. S'il s'arrĂȘte de respirer pendant plus de quelques minutes, l'homme meurt. Or l'air vient de la nature. L'homme a besoin d'eau. S'il est privĂ© d'eau pendant quelques jours, l'homme meurt. O r l'eau provient de la nature. L'homme a besoin de manger. S'il est privĂ© de nourriture pendant quelques semaines, l'homme meurt. Or toute nourriture provient de la nature. La survie de l'homme dĂ©pend donc de la nature. La nature est une source de nourriture Tout ce que nous mangeons provient de la nature. Les cĂ©rĂ©ales, les lĂ©gumes, la viande, le poisson, etc. sont des produits de la nature. Bien sĂ»r, l'homme intervient de plus en plus. Il domestique et Ă©lĂšve les espĂšces sauvages. Il sĂ©lectionne et amĂ©liore les variĂ©tĂ©s naturelles. Il transforme les produits de la nature en produits Ă©laborĂ©s. Mais tout a son origine dans la nature. La nature est une source de richesse pour l'homme La nature offre Ă l'homme les matiĂšres premiĂšres dont il a besoin. Elle assure ainsi sa survie et son dĂ©veloppement. La nature fournit Ă l'homme le bois, la pierre ou la terre pour construire ses abris. Elle lui fournit le fer et le cuivre pour fabriquer ses outils. Elle lui fournit le pĂ©trole, le gaz ou la force du vent pour faire tourner ses machines. Elle lui fournit mĂȘme l'or, le diamant et les pierres prĂ©cieuses avec lesquels il affiche sa richesse. Toutes ces ressources permettent Ă l'homme de dĂ©velopper sa civilisation. Et toutes ces richesses proviennent de la nature. Le dĂ©veloppement de la civilisation humaine dĂ©pend donc de la nature. La nature est une source d'enseignement pour l'homme C'est en observant la nature que l'homme a fait de grandes dĂ©couvertes et qu'il pourra en faire d'autres. Les animaux nous donnent des exemples de vie sociale solitaire comme les ours, industrieuse comme les fourmis, grĂ©gaire comme les gnous, etc. La nature nous montre des techniques performantes la climatisation des termitiĂšres, la rĂ©sistance de la structure en nid d'abeille, l'utilisation de l'Ă©nergie solaire par les plantes, etc. La nature est une source de plaisir et de dĂ©couverte pour l'homme Etre au contact de la nature permet Ă l'homme de se ressourcer. Vivre au rythme de la nature donne le temps Ă l'homme de se retrouver, d'ĂȘtre en contact avec lui-mĂȘme. Observer la flore et la faune fait entrevoir Ă l'homme l'harmonie et la beautĂ© de la crĂ©ation. Soyez conscient de l'importance de la nature dans la vie de l'homme Nous avons besoin de la nature. Nous sommes issus de la nature. Nous dĂ©pendons de la nature pour notre survie, notre nourriture, nos dĂ©couvertes, notre civilisation. Il faut donc respecter, aimer et prĂ©server la nature. Si nous dĂ©truisons et malmenons la nature, nous nous mettons en danger. Nous sabotons notre nourriture, nous compromettons notre survie future, nous limitons nos possibilitĂ©s de dĂ©couvertes, nous entravons le dĂ©veloppement de notre civilisation. PrĂ©server la nature n'est donc pas qu'un caprice de doux rĂȘveur amoureux des fleurs et des oiseaux. C'est une question de survie pour l'homme.
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LesAnimaux (Animalia) (du latin animalis « animĂ©, vivant, animal ») sont en biologie, selon la classification classique, des ĂȘtres vivants hĂ©tĂ©rotrophes (câest-Ă -dire qui se nourrissent de substances organiques) et possĂ©dant du collagĂšne dans leurs matrices extracellulaires.On rĂ©serve aujourd'hui le terme « animal » Ă des ĂȘtres complexes et multicellulaires, bien quâon ait
Pour bien se reprĂ©senter le rĂŽle immense de la religion, il faut envisager tout ce qu'elle entreprend de donner aux hommes ; elle les Ă©claire sur l'origine et la formation de l'univers, leur assure, au milieu des vicissitudes de l'existence, la protection divine et la bĂ©atitude finale, enfin elle rĂšgle leurs opinions et leurs actes en appuyant ses prescriptions de son autoritĂ©. Ainsi remplit-elle une triple fonction. En premier lieu tout comme la science mais par d'autres procĂ©dĂ©s, elle satisfait la curiositĂ© humaine et c'est d'ailleurs par lĂ qu'elle entre en conflit avec la science. C'est sans doute Ă sa seconde mission que la religion doit la plus grande partie de son influence. La science en effet ne peut rivaliser avec elle, quand il s'agit d'apaiser la crainte de l'homme devant les dangers et les hasards de la vie ou de lui apporter quelque consolation dans les Ă©preuves. La science enseigne, il est vrai, Ă Ă©viter certains pĂ©rils, Ă lutter victorieusement contre certains maux impossible de nier l'aide qu'elle apporte aux humains, mais dans bien des cas elle ne peut supprimer la souffrance, et doit se contenter de leur conseiller la rĂ©signation ». Freud. Nouvelles confĂ©rences sur la psychanalyse. Objet du texte Bien se reprĂ©senter » c'est se faire une idĂ©e claire et distincte de quelque chose. Freud invite d'abord Ă bien se reprĂ©senter un fait le phĂ©nomĂšne religieux a un poids Ă©norme dans le monde. Les religions sont des grands faits collectifs contribuant puissamment Ă donner au monde sa forme et sa couleur, sans doute Ă dĂ©terminer son destin. Au fond Freud demande de prendre acte d'un fait politiquement, gĂ©opolitiquement le fait religieux a une importance majeure. Pour se faire une idĂ©e trĂšs claire de cette rĂ©alitĂ© ; entendons pour en prendre la mesure exacte il convient d'articuler ce fait Ă un autre fait, peut-ĂȘtre moins donnĂ© Ă l'observation naĂŻve il faut, dit le texte, envisager tout ce que la religion entreprend de donner aux hommes ». Il faut » c'est-Ă -dire il est absolument nĂ©cessaire de comprendre que la force de la religion tient Ă la force des intĂ©rĂȘts humains qu'elle a pour mission de satisfaire. La religion est au service des besoins, des affects des hommes. Elle a une dimension utilitaire. L'immensitĂ© de son rĂŽle sur le théùtre des affaires humaines est proportionnelle Ă l'immensitĂ© des services qu'elle rend. Freud montre qu'ils sont de trois ordres Une religion propose une conception du monde. En ce sens elle remplit une fonction thĂ©orique par oĂč elle entre en conflit avec la science. Elle apaise les craintes et nourrit les espoirs d'un ĂȘtre confrontĂ© Ă l'angoisse de sa finitude et de sa misĂšre existentielle. Freud prĂ©cise que c'est sans doute Ă cette seconde mission que la religion doit la plus grande partie de son influence ». Il souligne ainsi la souverainetĂ© des affects dans la vie des hommes. Leur puissance est sans commune mesure avec les exigences pures de l'esprit telle que, par exemple l'exigence de vĂ©ritĂ©. VoilĂ pourquoi les hommes confondent d'ordinaire ce qui est vrai ou juste avec ce qu'il leur est utile ou agrĂ©able de croire tel. LĂ est le ressort de l'efficacitĂ© psychologique de toutes les idĂ©ologies et de toutes les religions. Elles sont infiniment plus influentes que la science car celle-ci n'est pas au service des affects au contraire la science requiert pour ĂȘtre Ă©laborĂ©e une ascĂšse, un effort pour s'arracher Ă ce que Platon dĂ©finit mĂ©taphoriquement comme la prison du corps afin de faire triompher les requĂȘtes de l'esprit et elle est beaucoup moins capable de rendre aux hommes les services que leur rend la religion. Les hommes, en effet, sont majoritairement des ĂȘtres sensibles ne poursuivant pas de maniĂšre dĂ©sintĂ©ressĂ©e la vĂ©ritĂ© et le bien. Les systĂšmes de reprĂ©sentation ordonnĂ©s Ă la satisfaction de leurs intĂ©rĂȘts sensibles ont donc infiniment plus de prestige Ă leurs yeux que les savoirs Ă©laborĂ©s de maniĂšre dĂ©sintĂ©ressĂ©e. Elle donne Ă ses adeptes un code de conduite et un systĂšme de pensĂ©e d'autant plus aptes Ă les cohĂ©rer qu'ils procĂšdent de l'autoritĂ© du sacrĂ©. Les religions ont en effet le pouvoir de cimenter idĂ©ologiquement les membres d'un groupe. Elles dĂ©finissent une orthopraxie ce qu'il convient de faire adossĂ©e Ă une orthodoxie ce qu'il convient de croire dont le mĂ©rite est d'Ă©chapper Ă la dĂ©libĂ©ration collective. Pas de conflits d'opinions, pas de dĂ©bats dans les systĂšmes politiques fondĂ©s sur le thĂ©ologique. Elles assurent ainsi une stabilitĂ© et une cohĂ©sion du corps politique qu'il est bien difficile d'obtenir lĂ oĂč les hommes sont reconnus comme les seuls instituteurs des savoirs et des lois. La religion sert donc bien de multiples intĂ©rĂȘts ; elle remplit une fonction thĂ©orique, une fonction psychologique et une fonction politique. Remarquons que le texte proposĂ© Ă notre analyse ne fait que signaler la fonction thĂ©orique et la fonction politique. Il n'approfondit pas ces aspects du phĂ©nomĂšne religieux mĂȘme s'il est suffisamment explicite pour interdire de faire l'impasse sur leur importance. L'analyse freudienne se concentre sur la dimension psychologique du fait religieux, ce qui ne saurait nous Ă©tonner. Freud n'est ni un Ă©pistĂ©mologue ni un penseur politique. C'est un spĂ©cialiste de la psychologie des profondeurs qui sait par expĂ©rience combien le dĂ©terminisme psychique conscient ou inconscient Ćuvre dans tout ce qui est humain. L'enjeu de sa confĂ©rence et par lĂ mĂȘme de ce texte est donc de psychanalyser la religion et de mettre en perspective le discours religieux et le discours scientifique afin de montrer que dans le conflit qui les oppose de maniĂšre rĂ©currente la science est vaincue d'avance ; elle ne peut pas rivaliser avec la religion parce que les requĂȘtes de la psychĂ© sont infiniment plus puissantes que celles de la raison. Explication dĂ©taillĂ©e. Pourquoi la religion ThĂšme a-t-elle une place si importante dans la vie des hommes d'hier, d'aujourd'hui et sans doute de demain ? Et pourquoi dans sa concurrence avec le discours religieux, le discours scientifique ne peut-il pas rivaliser ? Telles sont les questions que Freud affronte dans ce texte oĂč il analyse le statut de la religion dans l'Ă©conomie de l'existence humaine. Il prend en considĂ©ration le phĂ©nomĂšne religieux en gĂ©nĂ©ral, non telle ou telle religion et Ă©tablit que toute religion remplit une triple fonction. ThĂšse Dans la premiĂšre phrase du texte il Ă©numĂšre ces trois fonctions. La religion, apprend-on satisfait la curiositĂ© humaine, elle apaise l'angoisse et entretient l'espoir ; elle normalise les rapports sociaux en consacrant de son autoritĂ© un code de conduite et un systĂšme de reprĂ©sentation. A partir de la troisiĂšme phrase, Freud explicite la nature des deux premiĂšres fonctions nommĂ©es en mettant en concurrence la religion et la science. Il s'agit pour lui de faire apparaĂźtre pourquoi la science ne peut pas rivaliser avec la religion. Enjeu du texte Constat amer pour un homme de science, mais constat d'une grande clairvoyance. On comprend clairement pourquoi le combat des LumiĂšres n'est jamais achevĂ© et mĂȘme pourquoi il est perdu d'avance. 1 La rivalitĂ© science / religion du point de vue thĂ©orique. L'une et l'autre satisfont la curiositĂ© humaine. La curiositĂ© est l'expression de la nature spirituelle de l'ĂȘtre humain. Parce qu'il est esprit l'homme se pose des questions, il a besoin de s'expliquer le monde dans lequel il vit ou sa propre existence. D'oĂč venons-nous ? Qui sommes-nous ? OĂč allons-nous ? Il veut savoir et soumet la totalitĂ© du rĂ©el Ă l'interrogation. VoilĂ pourquoi les hommes mĂ©diatisent leur rapport au rĂ©el par des paroles, des rĂ©cits ayant pour fonction de rĂ©duire l'Ă©trangetĂ© des choses et de se les approprier symboliquement. Ils Ă©laborent ainsi des systĂšmes de reprĂ©sentation du rĂ©el qui leur donnent une vue d'ensemble et expliquent par un principe unique un ensemble de phĂ©nomĂšnes. C'est ce que Freud appelle dans sa confĂ©rence une conception de l'univers. Il faut entendre par lĂ une construction intellectuelle ayant un caractĂšre systĂ©matique et unifiĂ©. La religion et la science proposent l'une et l'autre de tels systĂšmes mais comme l'Ă©crit Freud elles ne procĂšdent pas du tout de la mĂȘme maniĂšre. Leur point commun elles produisent de l'intelligibilitĂ© propice Ă des amalgames douteux au fond prĂ©tend-on complaisamment elles procĂšdent l'une et l'autre d'un souci de savoir et l'une a autant autoritĂ© que l'autre dans leur domaine respectif ne doit pas minimiser l'hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© radicale de ces discours et leur antinomie. Freud n'Ă©lucide pas, dans ce passage, cette hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© mais dans sa confĂ©rence il s'emploie Ă pointer les diffĂ©rences afin d'Ă©tablir que la science et la religion n'ont pas des droits Ă©gaux Ă la vĂ©ritĂ©. PrĂ©tendre le contraire est de son aveu le propre d'une reprĂ©sentation anti-scientifique de la rĂ©alitĂ©. La vĂ©ritĂ©, Ă©crit-il, ne peut pas ĂȘtre tolĂ©rante, elle ne doit admettre ni compromis, ni restrictions. La science considĂšre comme siens tous les domaines oĂč peut s'exercer l'activitĂ© humaine et devient inexorablement critique dĂšs qu'une puissance tente d'en aliĂ©ner une partie ». PB Qu'est-ce donc qui distingue le discours religieux et le discours scientifique en ce qui concerne le souci de rendre intelligible le rĂ©el ? Pour l'analyse dĂ©taillĂ©e voir le corrigĂ© la science est-elle incompatible avec la religion?. Conclusion Au terme de cette comparaison, il apparaĂźt que la religion ne peut pas rivaliser avec la science sur la plan thĂ©orique. Ses Ă©noncĂ©s n'Ă©tant ni des "vĂ©ritĂ©s de fait" ni des "vĂ©ritĂ©s de raison", elle est extĂ©rieure au champ de la rationalitĂ©. Hume Ă©crivait en ce sens Si nous prenons en main un volume quelconque de thĂ©ologie ou de mĂ©taphysique scolastique, par exemple, demandons-nous Contient-il des raisonnements abstraits sur la quantitĂ© et le nombre ? Non. Contient-il des raisonnements expĂ©rimentaux sur des questions de fait et d'existence ? Non. Alors, mettez-le au feu, car il ne contient que sophismes et illusions». EnquĂȘte sur l'entendement humain. 1748. 2 La rivalitĂ© science/religion sur le plan existentiel ou psychologique. L'analyse freudienne Ă©tablit que de ce point de vue la science ne peut pas concurrencer la religion. Son infĂ©rioritĂ© procĂšde de son impuissance Ă rendre aux hommes les inestimables services que la religion leur rend. - Celle-ci leur assure la protection divine et la bĂ©atitude finale ». - Elle apaise leurs craintes devant les dangers et les hasards de la vie ...elle leur apporte quelques consolations dans les Ă©preuves ». ProtĂ©ger », apaiser », consoler ». Tous ces termes pointent le rapport du discours religieux Ă des affects. Ils dĂ©voilent le sujet de ce discours ou son adepte, beaucoup moins comme un esprit curieux, soucieux de contempler la vĂ©ritĂ© que comme un ĂȘtre affectif dont les reprĂ©sentations sont ordonnĂ©es Ă la satisfaction de certains dĂ©sirs. -Besoin ou dĂ©sir de protection. Il semble bien, en effet, que quelles que soient les religions, les hommes attendent des dieux auxquels ils vouent un culte une tutelle protectrice. Par des rites, par des priĂšres, par des sacrifices ils cherchent Ă apaiser leurs courroux, Ă attirer sur eux leurs faveurs. Tout se passe comme si les religions s'adressaient en chacun de nous Ă celui qui, comme l'enfant a besoin d'un pĂšre pour veiller sur lui, lui apporter soins et attentions, Ă©loigner les dangers menaçants lui donnant ainsi un salutaire sentiment de sĂ©curitĂ©. -Besoin d'ĂȘtre apaisĂ©. Les dangers ne manquent pas dans une vie d'homme. Maladies, Ă©chec sentimental ou professionnel, solitude, misĂšre, guerres, deuils, proximitĂ© de la mort. Notre condition est bien celle d'un ĂȘtre misĂ©rable. Vivre c'est ĂȘtre exposĂ© aux alĂ©as de la vie de telle sorte que le souci, l'inquiĂ©tude, l'angoisse sont notre lot commun. D'oĂč l'intĂ©rĂȘt d'un discours qui, Ă dĂ©faut de dissiper les craintes les tient en respect par la confiance en une puissance protectrice et bienveillante. -Besoin d'ĂȘtre consolĂ© et d'espĂ©rer un monde meilleur. L'homme dĂ©sire ĂȘtre heureux or il a souvent rendez-vous avec le malheur. Il lui semble que le bonheur devrait ĂȘtre la rĂ©compense de la vertu or il observe parfois que le bon est accablĂ© tandis que tout semble rĂ©ussir au mĂ©chant. On comprend lĂ encore l'avantage d'un discours aidant Ă supporter les Ă©preuves en leur donnant un sens ex Dieu Ă©prouve ceux qu'il aime » Dieu donne, Dieu reprend » et qui invite Ă l'espĂ©rance d'un au-delĂ oĂč la misĂ©ricorde divine effacera les souffrances prĂ©sentes et donnera la bĂ©atitude paradisiaque. Il va de soi que la connaissance scientifique ne peut donner de telles satisfactions. Le but de la science est la dĂ©couverte de la vĂ©ritĂ© non l'assistance psychologique et morale des hommes. Au contraire en Ă©tudiant rationnellement le rĂ©el elle le dĂ©senchante selon la belle formule de Max Weber. En soumettant le fait religieux Ă l'enquĂȘte scientifique, la science disqualifie la religion en en faisant Ă la maniĂšre freudienne le symptĂŽme d'une nĂ©vrose infantile ou Ă la maniĂšre de Marx un opium du peuple. Dans tous les cas la religion est dĂ©noncĂ©e comme une aliĂ©nation et une illusion. Etre dans l'illusion c'est prendre des fictions pour des rĂ©alitĂ©s. Une illusion, Ă©crit Freud, est une reprĂ©sentation dans la motivation de laquelle la satisfaction d'un dĂ©sir est prĂ©valente » En nommant les dĂ©sirs trouvant Ă se satisfaire dans la religion le savant ne fait pas l'Ă©loge de cette derniĂšre, il en dĂ©nonce au contraire le caractĂšre suspect. Et s'il pointe l'infĂ©rioritĂ© de la science sur ce terrain c'est parce que l'analyse des faits l'exige. Par principe la science est muette sur les questions qui importent le plus aux hommes. VoilĂ pourquoi on peut Ă la fois ĂȘtre un savant et un homme de foi. Le savant ne dĂ©loge pas en lui l'existant infiniment intĂ©ressĂ© Ă trouver des rĂ©ponses Ă ses questions mĂ©taphysiques, le savant n'Ă©radique pas en lui les attentes d'un sujet affectif ayant parfois besoin, pour se tenir debout de nourrir des espĂ©rances. Le savoir a des limites et ces limites mĂȘmes ouvrent un espace pour la croyance. Que celle-ci procĂšde de requĂȘtes affectives et soit Ă ce titre suspecte Ă l'analyse rationnelle ne suffit pas Ă la disqualifier radicalement car il faudrait pour cela dĂ©montrer sa faussetĂ© et cela est rigoureusement impossible. L'existence de Dieu, l'espĂ©rance d'une vie aprĂšs la mort, la croyance en tel sens de l'existence, tous ces Ă©noncĂ©s ne sont ni des vĂ©ritĂ©s de raison ni des vĂ©ritĂ©s de fait ; la science ne peut par principe rien en dire. Il s'ensuit que la connaissance scientifique est compatible en fait avec la foi. La confiance en une parole dĂ©livrant un message sur les interrogations humaines les plus importantes, existentiellement parlant, n'est pas invalidĂ©e par le discours scientifique puisque celui-ci laisse les hommes totalement dĂ©munis en ce qui concerne ce genre de prĂ©occupations. Tout au plus l'Ă©thique scientifique peut-elle ĂȘtre une invitation Ă penser qu'il en est du sens de la vie, des valeurs Ă honorer, des espĂ©rances Ă entretenir, ce qu'il en est de la vĂ©ritĂ© objective. C'est Ă l'homme courageusement, en sujet majeur d'en dĂ©cider de la mĂȘme maniĂšre que c'est lui seul avec ses propres ressources qui bĂątit les savoirs. Mais n'est-ce pas trop demander Ă la majoritĂ© des hommes ? N'ont-ils pas besoin du secours d'une transcendance qui, par son autoritĂ©, les dispense d'assumer la rĂ©ponse aux questions essentielles et leur donne la certitude dont ils ont besoin pour ne pas succomber au dĂ©sespoir et au sentiment de l'absurde ? Ce soupçon est, certes lĂ©gitime mais il ne doit pas conduire Ă mĂ©connaĂźtre la spĂ©cificitĂ© de l'expĂ©rience de la foi. La mĂȘme honnĂȘtetĂ© intellectuelle que dĂ©veloppe l'esprit scientifique et qui devrait conduire le croyant Ă un certain scepticisme Les dogmes ne sont-ils pas trop utiles pour ĂȘtre vrais ? devrait inviter le savant Ă l'Ă©tonnement et Ă la rĂ©serve. Car depuis que les religions ont lĂąchĂ© du lest dans leur fonction politique, la pratique religieuse cessant de relever d'un conformisme social s'est intĂ©riorisĂ©e. Elle est devenue une affaire de foi or la foi est, en toute rigueur, une expĂ©rience Ă©tonnante. On a la foi ou on ne l'a pas et on peut se demander si celui qui est Ă©tranger Ă cette expĂ©rience est habilitĂ© Ă en parler. La foi est une adhĂ©sion ferme de l'esprit, subjectivement aussi forte que celle qui constitue la certitude mais incommunicable par la dĂ©monstration » Lalande Quel est le sens de ce vĂ©cu ? Ce qui est Ă©tranger Ă la dĂ©monstration est extĂ©rieur Ă la science certes, mais n'est-ce pas une dimension de l'expĂ©rience humaine dont le savant doit prendre acte Ă dĂ©faut de pouvoir l'expliquer scientifiquement ? Pascal en tirait prĂ©texte pour dire que Le cĆur a ses raisons que la raison ne connaĂźt pas » que c'est Le cĆur qui sent Dieu, et non la raison. VoilĂ ce que c'est que la foi, Dieu sensible au cĆur, non Ă la raison » PensĂ©es 277 et 279 B. Au fond le thĂ©ologien est tentĂ© de disqualifier la raison comme voie d'accĂšs au vrai et d'imposer la RĂ©vĂ©lation ou une lumiĂšre surnaturelle ; le savant qui ne reconnaĂźt pas d'autre autoritĂ© dans la constitution des savoirs que la raison et l'expĂ©rience est tentĂ© de disqualifier la croyance religieuse et c'est ainsi que le conflit est toujours ouvert. La rigueur rationnelle n'exige-t-elle pas, au contraire, de dĂ©limiter les places des uns et des autres et d'avouer modestement que le savoir ayant des limites, la croyance est irrĂ©ductible ; rĂ©ciproquement que la croyance reposant sur des principes aussi peu solides que des sentiments ou des affects, sur une adhĂ©sion silencieuse hors d'atteinte de la discussion critique ; voire se revendiquant radicalement irrationnelle croire mĂȘme si c'est absurde » peut ĂȘtre un solide bĂąton de voyage mais doit s'interdire toute prĂ©tention Ă la vĂ©ritĂ© ? Freud termine sa rĂ©flexion en prĂ©cisant que la science aussi, rend des services aux hommes mĂȘme s'ils sont incommensurables avec ceux que rend la religion. De fait, en dĂ©gageant les lois qui rĂ©gissent les phĂ©nomĂšnes la science permet de faire des prĂ©dictions et d'agir sur le rĂ©el pour produire ou pour Ă©viter les faits prĂ©dictibles. Science d'oĂč prĂ©voyance, prĂ©voyance d'oĂč action » Ă©crit Auguste Comte. Ainsi est-il possible grĂące Ă la connaissance d'Ă©viter certains pĂ©rils » et de lutter victorieusement contre certains dangers » L'efficacitĂ© technicienne tĂ©moigne bien de l'utilitĂ© du savoir scientifique mais enfin la science ne consolera jamais de la perte d'un ĂȘtre cher. Tout au plus enseigne-t-elle que c'est ainsi et que la seule attitude rationnelle est de prendre acte des faits. Ce que Freud appelle une attitude de rĂ©signation. La croyance en une Providence divine ou bien en un au-delĂ oĂč nous nous retrouverons est en revanche nettement plus efficace en terme de soutien dans l'Ă©preuve. 3 La fonction politique et morale de la religion Elle rĂšgle leurs opinions et leurs actes en appuyant ses prescriptions de toute son autoritĂ© ». Freud souligne ici que toute religion dĂ©finit une morale. Une morale est un ensemble de rĂšgles auxquelles on doit conformer sa conduite. Ces rĂšgles distinguent un bien et un mal ; un permis et un interdit. Elles ont pour fin de rendre l'homme bon et de normer ses relations avec les autres. C'est dire leur intĂ©rĂȘt social ou politique. Les religions, selon l'Ă©tymologie, relient les hommes Ă une transcendance pour mieux les lier les uns avec les autres et l'avantage d'un tel fondement de la morale ou de la politique saute aux yeux. Les dĂ©crets de Dieu ne se discutant pas, il n'y a pas de conflits d'opinions dans les sociĂ©tĂ©s fondĂ©es sur la religion ; ces dĂ©crets Ă©tant sacrĂ©s, leur puissance coercitive est sans commune mesure avec celle des lois simplement humaines. On ne peut pas, en effet, Ă©chapper au lĂ©gislateur divin comme on le peut avec le lĂ©gislateur humain. Le premier voit tout, le secret des cĆurs aussi bien que les conduites et si ce n'est pas dans cette vie il faudra rendre des comptes dans l'autre. Avouons qu'il y a de quoi rafraĂźchir les ardeurs sacrilĂšges ! Les religions assurent ainsi une stabilitĂ© et une cohĂ©sion du corps politique qui sont refusĂ©es aux systĂšmes ayant rompu avec la fondation religieuse. En tout cas de tels systĂšmes ne peuvent pas attendre de la science un quelconque secours. La science Ă©tudie ce qui est ; elle n'a aucune compĂ©tence pour prescrire ce qui doit ĂȘtre. Tous les grands penseurs le rĂ©pĂ©teront d'un indicatif on ne peut dĂ©duire un impĂ©ratif. Le champ moral et le champ politique mettent en jeu des valeurs et le discours portant sur les valeurs est extĂ©rieur Ă la scientificitĂ©. Il n'y a ni science politique, ni science morale possibles. Tout au plus l'esprit scientifique peut-il dĂ©velopper chez ceux qui sont formĂ©s Ă ses exigences des vertus morales l'honnĂȘtetĂ© intellectuelle, le courage, la rigueur, la capacitĂ© de prendre acte des faits, la modestie etc. mais la dĂ©termination des fins, le choix des valeurs sont compĂ©tence morale ou politique, non compĂ©tence scientifique. Conclusion Quelle que soit la fonction envisagĂ©e, la science ne peut dans les faits rivaliser avec la religion. La nature affective de l'homme, sa complaisance dans l'Ă©tat de minoritĂ© intellectuelle et politique, le besoin qu'il a d'une tutelle protectrice et d'une Parole le dispensant d'assumer l'angoisse de la libertĂ© ou de l'autonomie rationnelle fondent la toute puissance de la religion. En droit pourtant la science est bien supĂ©rieure sur le plan thĂ©orique mais elle a des limites qui lui font obligation de laisser une place Ă la croyance et de reconnaĂźtre le mystĂšre de la foi. Partager Marqueursaffects, autonomie, crainte, croyance, espoir, foi, morale, politique, religion, rĂ©vĂ©lation, sacrĂ©, science
Ladistinction des diffĂ©rents aspects du fait religieux permet dâisoler les thĂšmes (la fonction politique et la fonction de connaissance de la religion) qui peuvent conduire Ă justifier
sowabdourahmane99 sowabdourahmane99 June 2022 1 8 Report Reformule le sujet l'homme peut ils se passer de la religionâ Please enter comments Please enter your name. Please enter the correct email address. Agree to terms and service You must agree before submitting. Lista de comentĂĄrios jymmiharri RĂ©ponseL'homme pourrait il vivre sans des croyances et sans se persuader qu'il y a des ĂȘtre supereure qui digire le monde et qui, du coup donne des explication Ă l'homme sur se qu'il ne comprend pas. 0 votes Thanks 2
LHomme peut-il se passer de la religion? à„§à„Șà„Ż à€à€šà€Ÿà€Čà„ à€źà€š à€Șà€°à€Ÿà€à€šà„à€à€Żà„. à€žà€źà„à€Šà€Ÿà€Ż . à€źà€Ÿ à€à€Ÿà€šà„à€čà„à€žà„. à€Żà€ž à€Șà„à€·à„à€ à€à€Ÿ à€à€Łà„à€Ąà€čà€°à„. à€Șà€čà„à€à€ à€žà€čà€Ÿà€Żà€€à€Ÿ. à€Żà„ à€źà„à€šà„ à€à„à€Čà„à€š alt + / à€„à€żà€à„à€šà„à€čà„à€ž. Facebook. à€à€źà„à€Č à€”à€Ÿ à€«à„à€š: à€Șà€Ÿà€žà€”à€°à„à€Ą: à€à€Ÿà€€à€Ÿ
Lâeffarante multiplicitĂ© des grands courants religieux ou philosophiques dont nous venons de donner seulement un aperçu fait penser, Ă juste titre, que lâhomme est bien incapable de voir clair dans ses rapports avec extraordinaire fouillis pourrait paraĂźtre comme un dĂ©courageant tableau des phantasmes religieux de lâhumanitĂ©. On serait ainsi conduit Ă lâindiffĂ©rence ou, pire, au on ne peut voir clairement la nature des relations entre Dieu et les hommes si lâon sâen tient Ă lâobservation des diffĂ©rences entre les religions. Il nous semble, cependant, quâĂ travers ce qui est, en fait, tĂątonnement et incertitude, il se dĂ©gage un tableau aux contours assez nets de la personnalitĂ© spirituelle de lâ chercher Ă tout prix des convergences lĂ oĂč elles nâexistent peut- ĂȘtre pas, il est intĂ©ressant de montrer comment les grandes religions rĂ©pondent aux questions fondamentales et comment elles conçoivent leur propre approche par thĂšmes permettra au lecteur de mieux apprĂ©cier le rĂŽle des diffĂ©rentes religions dans lâaccomplissement de la destinĂ©e humaine, ce qui est, en dĂ©finitive, lâobjet de ce croyants de toutes les religions, peut-ĂȘtre Ă quelques minimes exceptions prĂšs, sâaccordent au moins sur de grandes gĂ©nĂ©ralitĂ©s â il existe une puissance suprĂȘme ;â lâhomme en est plus ou moins directement dĂ©pendant ;-cette situation implique un comportement de lâhomme dont lâobjectif final est une certaine forme de contenu de ces affirmations varie de façon quasi continue dâune religion Ă une autre mais lâessentiel les conclusions que tirent les croyants de leurs convictions varient considĂ©rablement selon la religion elle-mĂȘme, mais surtout selon les caractĂ©ristiques psychologiques de chaque individu et son niveau dâ ne faut donc pas sâĂ©tonner de lâextrĂȘme diversitĂ© des comportements spirituels comparĂ©e Ă une certaine unanimitĂ© sur le plan des affirmation va de soi pour les religions qui reconnaissent un Dieu une, par nature pas aussi clair dans les religions comme les religions tradition- ;s ou lâhindouisme oĂč coexistent de nombreuses divinitĂ©s. Souvent ;pendant, celles-ci sont considĂ©rĂ©es comme des dieux intermĂ©diaires » e les hommes et une puissance suprĂȘme, trop lointaine pour ĂȘtre sensible. Câest la situation que lâon rencontre dans la plupart des religions traditionnelles africains â celle des Yoroubas par exemple â et câest le cas de lâhindouisme oĂč les dieux sont, directement ou indirecte- it, des Ă©manations dâun absolu inaccessible. Tout se passe comme si religions limitaient leur ambition â peut-ĂȘtre par modestie, peut-ĂȘtre te de rĂ©vĂ©lation â Ă adorer ce qui leur semble le plus proche dans les ni festations lâopposĂ©, dâautres courants, spirituels, notamment parmi les boudd- tes et les confucianistes, ne voient pas la nĂ©cessitĂ© de formaliser lâexistence dâun Ătre suprĂȘme. Leur position est dite agnostique. Dans ce cas »si on peut penser quâune certaine pudeur retient dâappeler Dieu cet solution sous-jacent dans lâidĂ©al quâenseignent ces mouvements. Le sens mmun dĂ©signe dâailleurs par le nom de religion ces spiritualitĂ©s qui ont pourtant pas la prĂ©tention de relier lâhomme Ă Dieu, mais seulement de lâĂ©lever vers un dieu soit nommĂ© ou non, toutes les religions » dont nous avons tendent vers un absolu suprĂȘme. Cependant, si chacun sâaccorde Ă jnner Ă ce dieu » des attributs trĂšs gĂ©nĂ©raux de puissance crĂ©atrice et Ă©ternitĂ©, on peut sâen faire, sur des points moins fondamentaux, des les divergentes. Certains lui prĂȘtent des sentiments humains, dâautres jugent inaccessible. Il peut avoir fixĂ© notre destin ou nous laisser une art de libertĂ©. Il peut, ou non, ĂȘtre touchĂ© par nos que nous pouvons en penser ne change pas sa nature, mais nos hypothĂšses doivent rester cohĂ©rentes avec ce que nous observons et nous levons nous conformer aux relations de dĂ©pendance que nous imaginons ĂȘtre lui et dĂ©pend de Dieu Il est facile dâoublier que nous dĂ©pendons de celui qui a créé lâunivers nais inĂ©luctablement la mort viendra un jour nous rappeler que nous ne disposons pas totalement de notre que dâadopter la politique de lâautruche â sâenfoncer la tĂȘte dans le sable pour ne pas voir la rĂ©alitĂ© â les religions proposent que nous vivions en regardant en face la perspective de la que soit lâhypothĂšse proposĂ©e â cycle indĂ©fini de rĂ©incarnations, anĂ©antissement dans le nirvana, Jugement dernier et vie Ă©ternelle â lesreligions ne se contentent pas de la vie terrestre et ne cantonnent pas Dieu dans le rĂŽle dâun spectateur indiffĂ©rent Ă nos dĂ©pendance de lâhomme vis-Ă -vis de Dieu, dans la perspective des religions, ne tient pas au simple fait de notre crĂ©ation nos actions et nos pensĂ©es ne sont pas neutres pour Dieu ; notre attitude doit se conformer Ă des rĂšgles Ă©tablies par lui et dont la religion se considĂšre comme dĂ©positaire. Comme on ne peut imaginer Dieu quâinfiniment puissant et intelligent, il est plus satisfaisant pour lâesprit, semble-t-il, de lui attribuer la capacitĂ© et le souci de sâintĂ©resser Ă nous que de le croire limitĂ© au point de ne pas le faire. Cependant le lien de dĂ©pendance de lâhomme Ă Dieu nâest pas perçu de façon identique par toutes les religions traditionnelles imaginent que des puissances surnaturelles, Ă©manation de Dieu, interviennent frĂ©quemment dans les affaires terrestres. Ainsi, le divin est prĂ©sent dans tous les phĂ©nomĂšnes naturels et lâincapacitĂ© de lâhomme Ă les maĂźtriser doit ĂȘtre compensĂ©e par des priĂšres et des offrandes Ă tous ces dieux intermĂ©diaires. Dans cette perspective, les rapports avec les dieux sont le plus souvent empreints de crainte et de lâhindouisme, la conscience du croyant de dĂ©pendre des dieux est toujours trĂšs vive mais la rĂšgle laisse une grande part de responsabilitĂ©. Siles actes sont en conformitĂ© avec la situation sociale, la vie ultĂ©rieure se dĂ©roulera dans de meilleures conditions. Ainsi, aprĂšs des rĂ©incarnations successives de plus en plus favorables, lâesprit pourra espĂ©rer sâunir Ă lâEsprit lâIslam et le judaĂŻsme, la relation de lâhomme Ă Dieu est trĂšs personnalisĂ©e chaque homme a le devoir dâobĂ©ir Ă son Dieu car, aprĂšs la mort, il sera jugĂ© sur ses le christianisme, la relation de lâhomme Ă Dieu nâest pas dominĂ©e par lâobĂ©issance. Câest un lien dâamour amour total de la part de Dieu, amour Ă sa mesure de la part de lâhomme. LâobĂ©issance aux lois de Dieu nâest plus imposĂ©e autoritairement mais elle est davantage une adhĂ©sion volontaire fondĂ©e sur cette relation dâamour et de diffĂ©rences de conceptions de la dĂ©pendance de lâhomme Ă lâĂ©gard de Dieu sont Ă©videmment schĂ©matiques mais on comprend mieux, en forçant les traits, comment se diversifient plus encore, Ă partir de ces conceptions, les comportements de lâhomme en face de comportement de lâhomme en face de DieuLes religions se placent dans lâhypothĂšse oĂč Dieu attend de lâhomme un comportement conforme Ă ses plans. Mais il est clair que Dieu nâemploie pas la maniĂšre forte nous avons manifestement la libertĂ© dâignorer les lois divines ou de ne pas les suivre. Nous ne sommes dâailleurs pas bien sĂ»rs de les religions, elles, sont en gĂ©nĂ©ral trĂšs convaincues quâelles connaissent ces lois mais elles ne peuvent nier notre part de libertĂ© et elles nous mettent vigoureusement en garde contre les consĂ©quences dâactes qui enfreindraient ces le souci louable de nous Ă©viter des expĂ©riences douloureuses, les religions proposent leurs recettes qui tournent autour de quelques thĂšmes â le respect dâune morale ;â la priĂšre ;â lâaccomplissement de rites qui constituent la partie la plus visible des recommandation rencontrent chez les diffĂ©rents individus un terrain plus ou moins favorable et une comprĂ©hension plus ou moins les religions ont le souci de bien faire et la plupart des hommes ont sans doute besoin dâĂȘtre guidĂ©s, mais la question se pose naturellement de savoir si la religion est un intermĂ©diaire entre Dieu et les leur comportement, on peut distinguer â Ceux qui rĂ©cusent toute relation avec Dieu, quâils en nient lâexistence ou quâils le combattent. Bien souvent ces personnes pratiquent une morale qui nâest pas trĂšs Ă©loignĂ©e de celle proposĂ©e par les religions.â Ceux qui adhĂšrent Ă lâidĂ©e intellectuelle de lâexistence dâun dieu mais nâen tirent pas de consĂ©quences particuliĂšres. Non seulement ces personnes pratiquent une morale mais aussi il leur arrive de prier, mĂȘme si câest Ă de rares occasions et dans lâintimitĂ© de leur cĆur.â Ceux qui associent leur croyance en Dieu Ă leur appartenance Ă une religion. Ceux-ci sâefforcent, en principe, de respecter une morale, de prier et dâaccomplir les rites de leur si lâon tente dâanalyser le comportement de lâhomme dans ses rapports avec Dieu, on est amenĂ© Ă distinguer diffĂ©rents niveaux â celui de la vie spirituelle personnelle, intime et discrĂšte ;â celui de lâexpression sociale de la vie spirituelle, câest-Ă -dire les manifestations de pratique religieuses proprement dites culte, pĂšlerinages, fĂȘtes religieuses⊠mais aussi lâorganisation des religions clergĂ©, formation religieuse⊠;â celui du comportement social tel quâil est conditionnĂ© par les croyances religieuses. Ceci concerne la morale, les grands moments de la vie mariage, mortâŠ, lâart, les rapports avec lâargent, rĂ©flexion conduira naturellement Ă examiner ultĂ©rieurement les rapports de la religion et de la politique, la politique religieuse des Ătats, et, pour finir, lâĂ©volution prĂ©visible des Views 238
DĂšsquâil sâagit de religion, les hommes se rendent coupables de toutes sortes dâinsincĂ©ritĂ©s et de bassesses intellectuelles » (ibid.). Une bonne partie des choses que lâon peut lire et entendre actuellement Ă propos de la religion me semble confirmer plus que jamais le diagnostic contenu dans la derniĂšre phrase. 13 Il y a un fait dont on peut sâĂ©tonner, constate Tarde, qui
Sans religion, il nây a plus de morale. Câest en tout cas lâavis du religieux, qui ne sĂ©pare pas son comportement moral de sa religion. Ne croyant pas en un dieu rĂ©dempteur et punisseur de ses fautes, lâathĂ©e se croirait tout permis et nâagirait dĂšs lors que pour son bien particulier. IntĂ©ressĂ©, donc Ă©goĂŻste, il ne concevrait pas de Bien absolu pour lequel il serait prĂȘt Ă sacrifier ses propres Philo du 16 dĂ©cembre 2011 Catherine, Charlie Hebdo 9 novembre 2011 On parle de LA morale, au singulier, quand il y a plusieurs religions. Elle devrait donc nâĂȘtre propre Ă aucune religion particuliĂšre. Le croyant lui-mĂȘme, quand il obĂ©it Ă ses principes religieux, ne fait que privilĂ©gier sa chapelle, ce qui le rĂ©vĂšle Ă©goĂŻste, immoral comme lâathĂ©e qui ne penserait quâĂ lui. Il ne doit pas y avoir de morale particuliĂšre sâil existe un Bien rĂ©el, il vaut pour tous les hommes, et tous doivent sây conformer. Puisquâune religion nâest jamais que particuliĂšre Ă un ensemble particulier dâhommes, il faut supposer que LA morale soit sans religion, pour quâenfin elle soit universelle. Les faits contredisent cette supposition. MĂȘme les athĂ©es nâappellent âmoraleâ quâune morale toute relative un crime suscitera une indignation sâil a Ă©tĂ© commis en France et si les victimes sont des femmes ou des enfants sans dĂ©fense, quand un massacre organisĂ© au Darfour nâintĂ©resse pas grand monde. Câest loin, le Darfour... Une âmorale au kilomĂštreâ nous fait privilĂ©gier non pas nos prochains, mais ceux qui sont Ă proximitĂ© et encore, ceux qui semblent âmĂ©riterâ la pitiĂ© le viol dâune adolescente provoque plus dâindignation que lâassassinat dâun SDF. Nây aurait il donc aucune morale digne de ce nom, qui considĂšrerait tout ĂȘtre humain en tout lieu comme pareillement respectable ? Historiquement, câest dâabord la religion qui a donnĂ© aux hommes des principes moraux lâinterdiction de tuer, lâobligation de respecter son prochain, voire de lâaimer, nâont eu force de loi quâau nom de principes religieux. Un dieu les avait Ă©noncĂ©s, ils Ă©taient donc indĂ©niablement bons. Les religions en ont fait des principes sacrĂ©s, ce qui les a rendu efficaces. Mais inadĂ©quats le caractĂšre rituel de toute religion oblige Ă supposer que les lois morales, ayant Ă©tĂ© Ă©crites une fois pour toutes par un dieu bon et parfait, doivent ĂȘtre toujours respectĂ©es, et jamais modifiĂ©es. Or la morale religieuse n'est plus dâactualitĂ© cf la morale aujourd'hui lâessence de la religion est dâordre traditionnel, ses principes se veulent immuables alors quâon constate une Ă©volution du âmalâ par exemple ĂȘtre homosexuel ou divorcer nest plus considĂ©rĂ© comme une faute dans notre âmorale moderneâ. La morale religieuse devient caduque, quand la morale laĂŻque est relative, dĂ©pendante de la situation psycho-socio-politico-culturelle. Devons-nous pour autant nous rĂ©soudre Ă vivre sans morale ? AprĂšs tout, Ă©tant limitĂ©s, nous devrions nous contenter dâĂ©thiques particuliĂšres Ă nos milieux, Ă notre temps, Ă notre sociĂ©tĂ©... On voit le danger de ce renoncement il faudrait privilĂ©gier les siens, les prĂ©fĂ©rer aux inconnus, nâĂȘtre humain quâavec ses proches, refuser lâhospitalitĂ©, le respect, de ceux qui nous sont Ă©trangers... qui deviendraient des ennemis ou des boucs Ă©missaires. Pour rester humain, civil, non pas seulement avec certains, mais avec tous les hommes, il nous faut une morale universelle, quand bien mĂȘme cela paraĂźt impossible Ă de simples hommes, singuliers, limitĂ©s. âLes desseins de Dieu sont impĂ©nĂ©trablesâ, or lâhomme ne paraĂźt pas apprĂ©cier ce qui le dĂ©passe il se rĂ©approprie donc la religion, en reformulant ses principes pour les actualiser. DâoĂč lâidĂ©e de concevoir une morale qui transcende, rĂ©unit et fĂ©dĂšre les autres âmoralesâ. Par exemple la DĂ©claration dite universelle des Droits de lâHomme fait ressortir les points de convergence des religions. Mais ces nouvelles morales restent relatives la Chine, lâAfrique, le Moyen Orient, reconnaissent dâautres droits âuniverselsâ de lâhomme, et lâEurope elle-mĂȘme ne les respecte pas. Du culte de Dieu, des tentatives ont bien Ă©tĂ© faites pour passer au culte de lâhumanitĂ©, mais on ne sait pas encore de quelle humanitĂ© il peut sâagir, le culte de lâargent-roi restant le plus prisĂ©. La vertu nâest pas lâapanage des religions on le constate par le fait quâelles recourent souvent Ă des chantages -le Paradis, lâEnfer, le Dieu punisseur et rĂ©dempteur elles forcent la vertu quand il faudrait quâelle aille de soi. Il faudrait rendre Ă©vident pour tout homme que lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral dĂ©passe de loin lâintĂ©rĂȘt particulier, quâen toute occasion lâintĂ©rĂȘt particulier doit lui ĂȘtre sacrifiĂ©. Une vĂ©ritable morale doit pouvoir aller contre lâintĂ©rĂȘt mĂȘme de celui qui la respecte, avantage que lâon retrouve en religion, oĂč des martyrs deviennent des modĂšles. Lâhomme Ă©tant trop faible encore pour ĂȘtre spontanĂ©ment humain, il lui faut des rĂšgles auxquelles il ne puisse Ă©chapper quâĂ son dĂ©savantage trop irresponsable pour ĂȘtre moral, il doit subir des injections de moraline Ă forte dose. Les bons principes, quâils soient laĂŻques ou religieux, ne peuvent encore valoir que tant que les hommes se trouvent forcĂ©s dây obĂ©ir. De fait, la religion, comme tout systĂšme liant les hommes en leur donnant des rĂšgles, reste une bĂ©quille indispensable pour notre pauvre humanitĂ© constituĂ©e dâhommes handicapĂ©s d'humanisme. Citations âQuâest-ce que la religion ? - Une croyance commune qui lie les hommes et les pousse par un effort commun vers un but commun. JusquâĂ prĂ©sent a-t-il vĂ©ritablement existĂ© une religion sur la terre ? - Non. La terre a Ă©tĂ© tyrannisĂ©e, divisĂ©e, ensanglantĂ©e par cent cultes diffĂ©rents; aucun lien commun nâa rassemblĂ© les hommes il nâa donc pas existĂ© de religion.â Richard LAHAUTIĂRE Petit catĂ©chisme de la rĂ©forme sociale, 1839, âLa cohĂ©sion sociale est due en grande partie Ă la nĂ©cessitĂ© pour une sociĂ©tĂ© de se dĂ©fendre contre dâautres. Câest dâabord contre tous les autres hommes quâon aime les hommes avec lesquels on vit.â Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion. "Quand un homme me vient dire qu'il ne croit rien et que la religion est une chimĂšre, il me fait lĂ une fort mauvaise confidence, car je dois avoir sans doute beaucoup de jalousie d'un avantage terrible qu'il a sur moi. Comment ! il peut corrompre ma femme et ma fille sans remords, pendant que j'en serais dĂ©tournĂ© par la crainte de l'enfer ! La partie n'est pas Ă©gale. Qu'il ne croie rien, j'y consens, mais qu'il s'en aille vivre dans un autre pays, avec ceux qui lui ressemblent, ou, tout au moins, qu'il se cache et qu'il ne vienne point insulter Ă ma crĂ©dulitĂ©." Charles de Secondat, baron de la BrĂšde et de Montesquieu/ SpicilĂšge L'esprit libre et curieux de l'homme est ce qui a le plus de prix au monde. Et voici pour quoi je me battrai la libertĂ© pour l'esprit de prendre quelque direction qui lui plaise. Et voici contre quoi je me battrai toute idĂ©e, religion ou gouvernement qui limite ou dĂ©truit la notion d'individualitĂ©. J. STEINBECK, A l'Est d'Eden, ch. X111 âTant que la religion reste une affaire entre soi et soi, aprĂšs tout, il sâagit seulement de nĂ©vroses, psychoses et autres affaires privĂ©es. On a les perversions quâon peut, tant quâelles ne mettent pas en danger ou en pĂ©ril la vie dâautrui... Mon athĂ©isme sâactive quand la croyance privĂ©e devient une affaire publique et quâau nom dâune pathologie mentale personnelle on organise aussi pour autrui le monde en consĂ©quence. Car de lâangoisse existentielle personnelle Ă la gestion du corps et de lâĂąme dâautrui, il existe un monde dans lequel sâactivent, embusquĂ©s, les profiteurs de cette misĂšre spirituelle et mentale. DĂ©tourner la pulsion de mort qui les travaille sur la totalitĂ© du monde ne sauve pas le tourmentĂ© et ne change rien Ă sa misĂšre, mais contamine lâunivers.â Michel Onfray, TraitĂ© dâathĂ©ologie. Grasset 2005, p. 29 âIl faut nâaimer que Dieu et ne haĂŻr que soi.â Pascal âPenser câest dire non. Remarquez comme le signe du oui est dâun homme qui sâendort. Au contraire le rĂ©veil secoue la tĂȘte et dit non. RĂ©flĂ©chir câest nier ce que lâon croit.â Alain, Propos sur la religion. Nous seulement l'individualisme n'est pas l'anarchie, mais c'est dĂ©sormais le seul systĂšme de croyances qui puisse assurer l'unitĂ© morale du pays. On entend souvent dire aujourd'hui que, seule, une religion peut produire cette harmonie. Cette proposition, que de modernes prophĂštes croient devoir dĂ©velopper d'un ton mystique, est, au fond, un simple truisme sur lequel tout le monde peut s'accorder. Car on sait aujourd'hui qu'une religion n'implique pas nĂ©cessairement des symboles et des rites proprement dits, des temples et des prĂȘtres; tout cet appareil extĂ©rieur n'en est que la partie superficielle. Essentiellement, elle n'est a autre chose qu'un ensemble de croyances et de pratiques collectives d'une particuliĂšre autoritĂ©. DĂšs qu'une fin est poursuivie par tout un peuple, elle acquiert, par suite de cette adhĂ©sion unanime, une sorte de suprĂ©matie morale qui l'Ă©lĂšve bien au-dessus des fins privĂ©es et lui donne ainsi un caractĂšre religieux. D'un autre cĂŽtĂ©, il est Ă©vident qu'une sociĂ©tĂ© ne peut ĂȘtre cohĂ©rente s'il n'existe entre ses membres une certaine communautĂ© intellectuelle et morale. Seulement, quand on a rappelĂ© une fois de plus cette Ă©vidence sociologique, on n'est pas beaucoup plus avancĂ©; car s'il est vrai qu'une religion est, en un sens, indispensable, il est non moins certain que les religions se transforment, que celle d'hier ne saurait ĂȘtre celle de demain. L'important serait donc de nous dire ce que doit ĂȘtre la religion d'aujourd'hui. DURKHEIM, âLâindividualisme et les intellectuelsâ, in La Science sociale et lâaction, PUF 1987, p. 268-272 De mĂȘmĂ© que la Religion, le Gouvernement est une manifestation de la spontanĂ©itĂ© sociale, une prĂ©paration de l'HumanitĂ© Ă un Ă©tat supĂ©rieur. Ce que l'HumanitĂ© cherche dans la Religion et qu'elle appelle DIEU, c'est elle-mĂȘme. Ce que le citoyen cherche dans le Gouvernement et qu'il nomme Roi, Empereur ou PrĂ©sident, c'est lui-mĂȘme aussi, c'est la LIBERTĂ. Hors de l'HumanitĂ©, point de Dieu ; le concept thĂ©ologique n'a pas de sens âHors de la LibertĂ©, point de Gouvernement; le concept politique est sans valeur. PROUDHON, Les confessions d'un rĂ©volutionnaire, pour servir Ă l'histoire "Enfer chrĂ©tien, du feu. Enfer paĂŻen, du feu. Enfer mahomĂ©tan, du feu. Enfer hindou, des flammes. A en croire les religions, Dieu est nĂ© rĂŽtisseur."Victor Hugo / Choses vues / 1887 âIl sâagit de dĂ©cider lequel a tort, ou de Dieu ou de la morale.â Fourier, Le nouveau monde industriel. âRien nâest contraire Ă ce quâon nomme la religion comme ce quâon nomme la morale; la morale enduit lâhomme contre la grĂące.âPĂ©guy. âLa cohĂ©sion sociale est due en grande partie Ă la nĂ©cessitĂ© pour une sociĂ©tĂ© de se dĂ©fendre contre dâautres. Câest dâabord contre tous les autres hommes quâon aime les hommes avec lesquels on vit.â Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion. âIl nây avait que moi jâai dĂ©cidĂ© seul du Mal, seul jâai inventĂ© le bien.â Sartre, Le Diable et le bon Dieu. âLâhomme est pour lâhomme lâĂȘtre suprĂȘme.â Marx, Contribution Ă la critique de la philosophie du droit de Hegel. âSi Dieu nâexiste pas, tout est permis.â Dostoiewski, Les FrĂšres Karamazov Câest Ă lâenvers quâil faut prendre la formule de DostoĂŻevski ; si lâhomme existe, tout nâest plus permis Ă Dieu.â Michel Verret, Les marxistes et la religion. âLa vieille idĂ©e persiste de lâathĂ©e immoral, amoral, sans foi ni loi Ă©thique. Le lieu commun pour classes terminales en vertu de quoi âsi Dieu nâexiste pas, alors tout est permisâ - rengaine prĂ©levĂ©e dans les FrĂšres Karamazov de DostoĂŻevski - continue Ă produire des effets et lâon associe effectivement la mort, la haine et la misĂšre Ă des individus qui se rĂ©clameraient de lâabsence de Dieu pour commettre leurs forfaits. Cette thĂšse fautive mĂ©rite un dĂ©montage en bonne et due forme. Car lâinverse me semble bien plutĂŽt vrai âParce que Dieu existe, alors tout est permis...â Je mâexplique. Trois millĂ©naires tĂ©moignent, des premiers textes de lâAncien Testament Ă aujourdâhui lâaffirmation dâun Dieu unique, violent, jaloux, querelleur, intolĂ©rant, belliqueux a gĂ©nĂ©rĂ© plus de haine, de sang, de morts, de brutalitĂ© que de paix... Le fantasme juif du peuple Ă©lu qui lĂ©gitime le colonialisme, lâexpropriation, la haine, lâanimositĂ© entre les peuples, puis la thĂ©ocratie autoritaire et armĂ©e ; la rĂ©fĂ©rence chrĂ©tienne des marchands du Temple ou dâun JĂ©sus paulinien prĂ©tendant venir pour apporter le glaive, qui justifie les Croisades, lâInquisition, les guerres de Religion, la Saint-BarthĂ©lemy, les bĂ»chers, lâIndex, mais aussi le colonialisme planĂ©taire, les ethnocides nord-amĂ©ricains, le soutien aux fascismes du XXĂš siĂšcle, et la toute-puissance temporelle du Vatican depuis des siĂšcles dans le moindre dĂ©tail de la vie quotidienne ; la revendication claire Ă presque toutes les pages du Coran dâun appel Ă dĂ©truire les infidĂšles, leur religion, leur culture, leur civilisation, mais aussi les juifs et les chrĂ©tiens - au nom dâun Dieu misĂ©ricordieux ! VoilĂ autant de pistes pour creuser cette idĂ©e que, justement, Ă cause de lâexistence de Dieu tout est permis - en lui, par lui, en son nom, sans que ni les fidĂšles ni le clergĂ©, ni le petit peuple, ni les hautes sphĂšres nây trouvent Ă redire...â Michel Onfray, TraitĂ© dâathĂ©ologie. Grasset 2005, p. 68 âUn Dieu peut pardonner, effacer, compenser; mais si Dieu nâexiste pas, les fautes de lâhomme sont inexpiables.â Simone De Beauvoir, Une morale de lâambiguĂŻtĂ©. âLes peuples se font des autres peuples lâimage que le leur ont donnĂ© les journaux ; les membres dâune Ăglise se font dâune autre Ăglise celle quâon leur inculque dans la leur.â Tournier, Technique et foi. Liens internes Science sans conscience Lâhomme est un mouton pour lâhomme La foi La morale aujourd'hui Vers quelle humanitĂ© ? Tu aimeras ton prochain comme toi-mĂȘme Doit-on tolĂ©rer l'intolĂ©rance ? A quoi sert la culpabilitĂ© ? La responsabilitĂ© Dieu contre Darwin Dieu a-t-il créé l'homme, ou l'homme a-t-il créé Dieu ?
7gls21r. rh3h6ebee3.pages.dev/3rh3h6ebee3.pages.dev/684rh3h6ebee3.pages.dev/220rh3h6ebee3.pages.dev/402rh3h6ebee3.pages.dev/718rh3h6ebee3.pages.dev/511rh3h6ebee3.pages.dev/163rh3h6ebee3.pages.dev/251rh3h6ebee3.pages.dev/650rh3h6ebee3.pages.dev/438rh3h6ebee3.pages.dev/864rh3h6ebee3.pages.dev/49rh3h6ebee3.pages.dev/927rh3h6ebee3.pages.dev/371rh3h6ebee3.pages.dev/196
l homme peut il se passer de la religion