SaisonVague 2 - 2012/13 - Machination amoureuse . SĂ©rie. Produit par Serenity Fiction. Chacun d'entre nous s'est dĂ©jĂ  retrouvĂ© au moins une fois, au cƓur de la tourmente Au
Dans une lettre anonyme adressĂ©e Ă  l’ArchevĂȘque mĂ©tropolitain de YaoundĂ©, un certain apĂŽtre de la vĂ©ritĂ© » accuse l’abbĂ© Denis Bedinga Ebanga de vivre une idylle amoureuse qui risquerait conduire Ă  la cĂ©lĂ©bration de son mariage dans quelques jours, malgrĂ© son statut de prĂ©lat. Mgr Jean Mbarga, ArchevĂȘque mĂ©tropolitain de YaoundĂ©, procĂ©dera aux ordinations diaconales et presbytĂ©rales le 9 juillet 2022 Ă  la CathĂ©drale Notre-Dame des victoires de YaoundĂ©. Parmi les candidats Ă  l’ordination diaconale, figure Denis Bambino Bedinga Ebanga. Ce dernier, dans une lettre anonyme d’un chrĂ©tien engagĂ©, est accusĂ© d’ĂȘtre pĂšre de famille et fiancĂ© Ă  une femme dont la cĂ©lĂ©bration nuptiale aura lieu aprĂšs son ordination en juillet prochain. Vous allez ordonner des prĂȘtres dans un mois, parmi lesquels l’AbbĂ© Bedinga Ebanga Denis. Comme ApĂŽtre de lĂ  vĂ©rité», je vous informe que ce garçon est pĂšre de deux enfants et comme fils unique, ses parents le poussent Ă  se marier aprĂšs son ordination. Ce qui sera alors trĂšs grave», peut-on lire dans la note de dĂ©nonciation. Dans le rĂ©quisitoire contre l’AbbĂ©, l’ApĂŽtre de la vĂ©ritĂ© » sans trop donner de dĂ©tails susceptibles de confirmer ou infirmer ces dires, relĂšve Ă©galement que la copine de l’homme de Dieu est d’ailleurs Ă  YaoundĂ©. Prenez donc vos dispositions et faites descendre une commission d’enquĂȘte dans son village
 VoilĂ  ce que je voulais vous dire pour avoir la conscience tranquille», poursuit-il. A en croire ce dernier, il veut faire savoir que l’AbbĂ© entend suivre deux liĂšvres Ă  la fois celui du prĂ©lat et de chef de famille lĂ©galement mariĂ©. La dĂ©nonciation a d’ailleurs fait le tour des rĂ©seaux sociaux. Des dĂ©clarations qui seront trĂšs vite rĂ©futĂ©es par l’AbbĂ© Denis Bedinga Ebanga qui, dans une mise au point, souhaite Ăż apporter un dĂ©menti formel. Depuis cette soirĂ©e du 08 juin 2022, il circule Ă  mon sujet une lettre anonyme d’un certain apĂŽtre de la vĂ©ritĂ© m’accablant de faits graves capable de mettre en pĂ©ril mon admission aux ordres sacrĂ©s. Je ne suis ni de prĂšs, ni de loin coupable de tels faits. Ces allĂ©gations n ont d’autres objectifs que la diffamation et la dĂ©lation », a-t-il Ă©crit. Car, selon lui, il s’agit d’une machination mise en Ɠuvre pour mettre en pĂ©ril son ordination comme prĂȘtre. Tout en confiant au Seigneur ces moments de prĂ©paration, afin que son Esprit mĂšne vers la vĂ©ritĂ© tout entiĂšre, l’AbbĂ© Denis Bambino Bedinga Ebanga prie le TrĂšs Haut d’ouvrir le chemin de la conversion cet apĂŽtre de la vĂ©ritĂ© ». A vous tous qui avez Ă©tĂ© heurtĂ©s par de telles suppositions, recevez ici l’expression de ma dĂ©solation », conclut-il. Une Ă©niĂšme situation ’qui Ă©voque une fois de plus, l’épineux dĂ©bat du mariage des prĂȘtres de l’église catholique Romaine. Dans l’impossibilitĂ© de joindre l’ArchevĂȘque MĂ©tropolitain de YaoundĂ©,- nous y reviendrons dans nos prochaines parutions. L’Anecdote
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Aunom de la vĂ©ritĂ©: Machination amoureuse. КъЎД Ўа ĐżĐŸĐłĐ»Đ”ĐŽĐœĐ”ĐŒ . ĐŸĐŸĐșазĐČĐ°ĐœĐ”Ń‚ĐŸ ĐœĐ” Đ” ĐœĐ°Đ»ĐžŃ‡ĐœĐŸ ĐČ ĐŽŃŠŃ€Đ¶Đ°ĐČата. СИНОПСИС. ПРЕПОРĐȘКИ. ЗаĐČДтът (2006) сряЮа. To the students of the Spenser Academy, the Sons of Ipswich are the baddest boys on campus. But that's not all they share. The four friends also share a На ръба ĐœĐ°
StĂ©phane Domeracki, enseignant au lycĂ©e Galatasaray d’Istanbul. Auteur de Heidegger et sa solution finale et des Nouveaux essais sur l’entendement inhumain, propose un droit d’inventaire de l’Ɠuvre d’Heidegger et des Ă©crits qui minorent sa violence. À paraĂźtre 100 reproches Ă  Jackie Derrida. Spectres de Heidegger , une relecture des Ɠuvres de GĂ©rard Granel, Reiner SchĂŒrmann ou Jean-Luc Nancy, Ă  l’aune des derniers volumes de la Gesamtausgabe, par Friedrich-Wilhelm von Herrmann, co-auteur avec Francesco Alfieri de La vĂ©ritĂ© sur ses cahiers noirs, publiĂ© par Philippe Sollers, aux Ă©ditions L’infini, Retour sur les malversation du dernier assistant de Heidegger, Friedrich Von Herrmann Le 2 aoĂ»t 2022 fut annoncĂ© le dĂ©cĂšs de celui qui fut le dernier assistant de Martin Heidegger, Friedrich-Wilhelm Von Herrmann. Depuis 1972, il Ă©tait dĂ©signĂ© pour appliquer ses consignes secrĂštes pour l’organisation de son Ɠuvre dite intĂ©grale, la Gesamausgabe, dont les derniers volumes ne devraient plus tarder. Mais dĂ©jĂ , de nouveaux Ă©crits hors Ă©dition dite intĂ©grale sont annoncĂ©s, ne serait-ce qu’un traitĂ© au nom ubuesque, Megiston. Il co-participe donc Ă  la publication de ces Ă©crits tronquĂ©s, dont certains passages sont dĂ©libĂ©rĂ©ment censurĂ©s pour tromper. Il est toutefois prĂ©sentĂ© comme celui ayant menĂ© Ă  bien une mission de superviseur scientifique » de cette Ă©dition, ce qui ne manque pas de sel si chacun veut bien se rappeler que la science ne pense pas. » Et du reste, le caractĂšre scientifique, scrupuleux, philologiquement parlant de cet ensemble, est tout Ă  fait douteux, de toute façon. La carriĂšre de ce monsieur a commencĂ© en 1961, avec une thĂšse de doctorat, dirigĂ©e par Eugen Fink, portant sur l’auto-interprĂ©tation de Martin Heidegger. » Or, ne serait-ce que le volume contenant les auto-relectures de Sein und Zeit par le penseur dans les annĂ©es trente a Ă©tĂ© publiĂ© dans les annĂ©es 2000. Il s’agit presque de l’acte fondateur de tous les travaux de ses admirateurs depuis cinquante ans prĂ©tendre proposer des Ă©crits d’expertise en n’ayant pas accĂšs Ă  tout le corpus. Ou bien alors ils y avaient accĂšs, et alors, cela signifie qu’ils Ă©taient mis au parfum concernant les textes les plus infects, mais devaient jurer de ne pas en dire un mot. Dans tous les cas, Von Herrmann faisait partie du cercle des trĂšs proches cooptĂ©s, qui, comme le peu regrettĂ© François FĂ©dier en France, Ă©taient volontaires pour mener Ă  bien une entreprise de malversation intellectuelle durable, par laquelle la sigĂ©tique heideggerienne faisait son trou. Les dommages causĂ©s par de telles activitĂ©s sont considĂ©rables, de tels auteurs Ă©tant rĂ©guliĂšrement pris au sĂ©rieux et pour leur Ă©rudition d’apparat, et pour leur proximitĂ© magique au maĂźtre. Leur carriĂšre repose Ă  chaque fois sur un mĂ©lange d’admiration et de soumission pour cet auteur surnazi comprendre dont le nazisme trouvait les nazis effectifs trop mous ils produisent moults volumes au mieux acritiques et hagiographiques, au pire complĂštement dithyrambiques et mensongers; dans son cas une quinzaine d’opus et toute une nĂ©buleuse d’articles et confĂ©rences pour cĂ©lĂ©brer celui qui trouvait nĂ©cessaire de criminaliser la juiverie ». De toute Ă©vidence, les heideggeriens orthodoxes », de stricte obĂ©dience, peuvent juste paraĂźtre ridicule, dĂ©sormais, la situation Ă©ditoriale rĂ©vĂ©lant avec une lumiĂšre trop crue l’ampleur du naufrage de leur prophĂšte. Mais quelques hommages sont distillĂ©s pour rendre hommage au travail acadĂ©mique de F-W Von Herrmann, pour la simple raison que certains confondent l’acribie nĂ©cessaire au vrai travail philosophique avec des formes d’allĂ©geance perpĂ©tuelles, et les revues scientifiques deviennent alors des rubriques nĂ©crologiques ou des livres d’hommages. Un essai nĂ©gationniste cosignĂ© avec Alfieri La vĂ©ritĂ© sur les cahiers noirs Nous ne pouvions que nous amuser du titre de l’ouvrage si journalistique, ce qui ne manque pas d’ironie toute la vĂ©ritĂ© sur.. »! RĂ©vĂ©lation exclusive! Comme il se doit, les rĂ©dacteurs ne manquent pas de multiplier les pointes censĂ©es ĂȘtre sarcastiques Ă  l’encontre des lecteurs critiques de leur idole comme Ă  l’encontre des journalistes, ce qui est toujours une façon maline de se mettre les lecteurs philosophes » dans la poche, beaucoup Ă©tant acquis d’avance Ă  la critique du journalisme, sans Ă©gards bien sĂ»r pour son rĂŽle primordial en dĂ©mocratie. Le Maestro de Brest Pascal David commet une postface, dans laquelle incite Ă  traduire Judentum par gĂ©nie juif » il serait loisible d’éclater de rire si le sujet n’était pas aussi grave. La vĂ©ritĂ© sur les Cahiers noirs un tel titre prĂ©tend donc nous expliquer le fin mot d’un ensemble de notes dĂ©crĂ©tĂ©es marginales – en les mettant bien Ă  part du reste des Ɠuvres. Or, tout montre au contraire qu’il n’y a aucune distance entre les traitĂ©s Ă©sotĂ©riques comme les BeitrĂ€ge ou L’histoire de l’ĂȘtre et ces carnets, les deux s’entre-alimentant bien au contraire. Que Von Hermann ait cru bon de tenter un tel cordon sanitaire en dit surtout long sur le caractĂšre dĂ©sespĂ©rĂ© de sa dĂ©marche, tant mĂȘme une lecture en diagonale suffit Ă  en montrer l’inanitĂ©. Mais les tentatives de minoration comme celles d’euphĂ©misation sont au fondement mĂȘme de toutes les carriĂšres universitaires ou non qui se sont faites Ă  la file de cette mĂ©tapolitique de l’extermination. Les horreurs qui se trouvent dans les Cahiers noirs sont du reste bien devenues des volumes de la Gesamtaugabe, dans les derniers volumes, comme s’ils Ă©taient plus ou moins son dernier mot, ses derniĂšres consignes. L’essai de Von Hermann et AlfiĂ©ri est une aberration, un dĂ©lit d’initiĂ©, avec faux et usage de faux traductions approximatives et orientĂ©es, textes tronquĂ©s, et surtout, oubli volontaire de tous les renvois aux traitĂ©s Ă©sotĂ©riques le but Ă©tant, c’est patent, de chercher Ă  les n’ai pas lu une ligne concernant l’important tome 69, en particulier le passage censurĂ© par le fils Heidegger et Peter Trawny, lequel est dĂ©cisif celui oĂč Heidegger s’interroge sur la prĂ©destination particuliĂšre de la communautĂ© juive mondiale au crime planĂ©taire ». Bien plutĂŽt les deux auteurs cherchent Ă  appuyer les critiques violentes contre l’AmĂ©ricanisme et la chrĂ©tientĂ© – comme si elles n’étaient pas intimement liĂ©es dans le dispositif historial », destinal » de la pensĂ©e de l’ĂȘtre Seyn Alfieri et son acolyte nous intiment de ne comprendre des passages entiers des Cahiers noirs qu’à partir d’autres passages des Cahiers noirs, dont ils multiplient les traductions alors mĂȘme que, par ailleurs, ils exigent de tout lecteur probe » de ne les lire qu’en connaissant tous les autres volumes prĂ©cĂ©dents. Mais comme c’est curieux, ils n’y renvoient jamais. C’est pourtant l’unitĂ© de la pensĂ©e suprĂ©maciste de Heidegger qu’il faut comprendre. Par exemple, nous allons le voir ne comprendre l’expression principe barbare » qu’à partir d’autres occurrences de ce terme, en arguant qu’ils ne se trouvent pas dans les autres volumes de la GA tactique minable mais qui peut sembler judicieuse pour dĂ©fendre sottement les autres volumes plus indirects dans leurs attaques antisĂ©mites. On imagine le brainstorming intensif pour trouver un moyen de montrer qu’en ces passages, Heidegger n’appellerait pas en vĂ©ritĂ© Ă  une cessation des demi-mesures » dont il accusait les nazis lors des annĂ©es trente, oĂč il estimait leurs tergiversations trop mollassonnes Ă  son goĂ»t.. Le propos grotesque de FĂ©dier, lors d’une confrontation avec Faye, selon lequel barbare » ne serait pas un terme apologĂ©tique, a donc encore de beaux jours devant lui. Von Hermann et son ami italien se sont posĂ©s en continuateurs. Il a mĂȘme Ă©tĂ© tentant pour lui de se poser en interlocuteur privilĂ©giĂ© – au mĂȘme titre que Barbara Cassin qui semble ne s’ĂȘtre jamais remise de sa rencontre avec le maĂźtre ; ainsi Von Hermann nous incite Ă  lire sa correspondance moisie avec son idole, laquelle n’apporte strictement rien aux enjeux vĂ©ritables des Cahiers noirs. C’est plus fort qu’eux il y a mĂȘme une photo, presque dĂ©dicacĂ©e, dans le plus pur style 52 photographies de Heidegger par FĂ©dier. Le phĂ©nomĂšne des groupies n’est pas propre qu’aux stars du Rock. Les heideggeriens se serrent les coudes dans l’adoration, et nous prennent mĂȘme pour des imbĂ©ciles en faisant semblant de se quereller ; ça et lĂ  dans l’essai, quelques piques Ă  Peter Trawny, – d’autres juste de circonstances Ă  Di Cesare ou Faye; il ne s’agit que de donner l’impression de ne s’en prendre qu’à celui qui a bien mal jouĂ© le rĂŽle du renĂ©gat, lequel ne propose pas les critiques les plus structurĂ©es et approfondies un adversaire commode, en somme. Les Ă©crits de Trawny constituent un tel false flag permettant de ne pas rĂ©pondre aux vraies critiques. Von Herrmann et Alfieri sur le nazisme comme principe barbare Ceux qui connaissent quelque peu la longue histoire du cas Heidegger connaissent une scĂšne assez fameuse de la confrontation qui avait eu lieu, dans l’émission tĂ©lĂ©visĂ©e BibliothĂšque MĂ©dicis, entre François FĂ©dier et Emmanuel Faye, reçus par le journaliste Elkabbach on pouvait assister, mĂ©dusĂ©s, Ă  l’évocation par le premier, pour la premiĂšre fois, de mystĂ©rieux Cahiers noirs, oĂč Heidegger – le mythe Ă©tait lancĂ©- ne cesserait de faire montre de sa fameuse rĂ©sisance spirituelle envers le nazisme, que son traducteur satisfait n’avait pas hĂ©sitĂ©, Ă  l’époque, Ă  rendre par la traduction socialisme-national. Un passage en particulier Ă©tait scandĂ© sur un ton triomphant Heidegger critiquerait le nazi comme Ă©tant mĂ» par quelque principe barbare. Emmanuel Faye avait eu l’intelligence de rapidement poser la question de savoir si la locution Ă©tait bien pĂ©jorative sous sa plume – et FĂ©dier de rĂ©pliquer, indignĂ©, comme si cela Ă©tait Ă©vident, que cela est bien entendu!
La seule certitude, c’est que la mĂȘme impression que cela va de soi va nous ĂȘtre assenĂ©e par AlfiĂ©ri, dont la fonction, au nom de tout le corps professoral de bon aloi, est de nous montrer, mĂȘme si cela va de soi, que Heidegger, en aucun cas, n’oserait faire l’apologie du nazisme, en particulier d’un nazisme authentiquement liĂ© Ă  quelque mission que ce soit, qui serait bien plus louable que, mettons, un national-socialisme qu’il jugerait vulgaire. Commençons par situer la pĂ©nible tentative de blanchissement par AlfiĂ©ri; elle se situe seulement entre les pages 125 et 130 – elle est expĂ©diĂ©e dans la partie de l’ouvrage oĂč il cherche Ă  traiter Ă  part tous les passages qui porteraient, suppose-til, sur le national-socialisme; sous-entendu si le mot n’apparaĂźt pas, c’est qu’il n’en serait pas forcĂ©ment question. Or, puisque Heidegger Ă©crit toujours par allusions, Ă  mots couverts quand il critiquait trĂšs spĂ©cifiquement le rĂ©gime effectif, dans les annĂ©es trente, ne serait-ce que pour ne pas finir Ă  Dachau en cas de perquisition; nous ne pouvons donc souscrire Ă  ce premier Diktat hermĂ©neutique, le mĂȘme que celui qui concerne le judaĂŻsme, du reste, dont ce genre d’auteur se proposent complaisamment de considĂ©rer qu’il n’y aurait qu’une dizaine de thĂ©matisations dans les Cahiers noirs et les autres Ă©crits de ces annĂ©es-lĂ . Quiconque a lu sĂ©rieusement Heidegger sait pertinemment que c’est l’auteur qui use et abuse le plus de clins d’oeils permanents, sachant bien que sa visĂ©e ultime impliquerait une discrĂ©tion extrĂȘme de la part des protagonistes. Alors, mĂȘme s’il s’agit d’analyser, et en cela, effectivement, de trier par types et thĂšmes les Ă©crits d’apparence dĂ©structurĂ©s de ces annĂ©es-lĂ , cela signifie surtout qu’il faut relier entre les textes pour dĂ©plier leur sens. Alfieri ne se gĂȘne pas pour faire son petit assortiment, nous allons en faire autant, et chacun se fera son impression. Mais Ă©tudions d’abord ses propositions – – impositions, puisqu’il dĂ©crĂšte que quiconque ne suit pas ses interprĂ©tations dĂ©choierait de ses reponsabilitĂ©s de philosophe, rien de moins. Dans son essai, le passage portant sur le principe barbare est prĂ©cĂ©dĂ© par un autre, non moins douteux, sur lequel toutefois AlfiĂ©ri passe trĂšs vite, oĂč il est pourtant Ă©crit de façon dĂ©cisive que le nazisme peut contribuer Ă  Ă©tablir une nouvelle position fonciĂšre Ă  l’égard de l’ĂȘtre » Seyn Rien de moins. Au mĂȘme titre, disons, qu’Aristote, Leibniz ou Nietzsche. Sachant que le dernier terme, Seyn, constitue littĂ©ralement le Graal, le rĂ©fĂ©rent-maĂźtre de sa pensĂ©e, qu’il n’y a pas plus mĂ©lioratif sous la plume de Heidegger, on comprend pourquoi notre hermĂ©neute-en-chef dĂ©guerpit au plus vite face Ă  la difficultĂ© insurmontable pour sa dĂ©monstration pro domo, et se hĂąte de passer au cas de la barbarie, pressĂ© qu’il est d’exhiber ses petites trouvailles, lesquelles permettraient d’exonĂ©rer son hĂ©ros. De ce passage, donc, pas un mot, AlfiĂ©ri ne cherchant pas franchement Ă  voir comment un rĂ©gime appelant au meurtre des Juifs pourrait, de quelque façon que ce soit, apporter de quoi surmonter l’ontologie propre au premier commencement pervertit par l’helleno-judĂ©ochristianisme. Il se dĂ©pĂȘche plutĂŽt vers le fameux Le nazisme est un principe barbare. Telle est son essence propre et son Ă©ventuelle grandeur » Grösse Dans mon ouvrage Heidegger et sa solution finale j’avais choisi de traduire plutĂŽt par potentielle grandeur, au sens oĂč, clairement, Heidegger a attendu quelque chose du nazisme, mĂȘme s’il l’a vite accablĂ© de ses sarcasmes privĂ©s. N’oublions jamais que dans la republication aprĂšs guerre, en 1953, d’Introduction Ă  la mĂ©taphysique, il a bien sauvegardĂ© le propos final sur la mission intime du nazisme mĂȘme s’il semblerait qu’il manque la derniĂšre page du cours dans le manuscrit
 Le choix du terme Eventuelle a la mĂȘme fonction que la plupart des autres tentatives d’AlfiĂ©ri tout au long de son ouvrage euphĂ©miser, Ă  n’en plus finir. Mais l’opĂ©ration de prestidigitation a lieu en un Ă©clair, il s’agit donc d’ĂȘtre attentif, lorsque notre interprĂšte se hĂąte de cacher la poussiĂšre sous le tapis Il faut commencer par noter que la tournure le national-socialisme est un principe barbare » n’apparaĂźt pas ailleurs dans les Ă©crits de Heidegger » Ce qui est tout simplement faux, Ă  moins, bien entendu, de dĂ©crĂ©ter que les lettres privĂ©es de Martin Heidegger ne sont pas des Ă©crits. Et ils seraient nombreux, en particulier le postfacier-pianiste Pascal David, Ă  ĂȘtre tentĂ©s de vouloir expulser les lettres des oeuvres de Heidegger. Or, ce serait lĂ  un acte grossier de dĂ©nĂ©gation, surtout que ce dernier a traduit et publiĂ© les lettres Ă  Hannah Arendt, intĂ©grĂ©es Ă  la prestigieuse collection Gallimard BibliothĂšque de philosophie comme celles Ă  Blochmann – – ce qui ne sera pas le cas des Cahiers noirs, qui le seront Ă  la collection L’infini, comme pour les mettre Ă  part, alors qu’il s’agit bien d’authentiques volumes voulus dans la Gesamtausgabe. La liste des malversations Ă©ditoriales devient vertigineuse. L’expression douteuse qui nous intĂ©resse ici se trouve bien dans une lettre dĂ©cisive de la correspondance entretenue avec le sĂ©millant Kurt Bauch. Ce charmant nazi spĂ©cialiste d’histoire de l’art, rĂ©sidant en Hollande mais traitant, dans une lettre, les NĂ©erlandais de harengs, -sans que son correspondant ne s’en offusque le moins du monde- a pu recevoir des mises au point dĂ©cisives de son Heidegger, notamment en ce qui concerne l’usage d’un Deckname comme Seyn. Ici, la locution est reprise mais lĂ©gĂšrement dĂ©placĂ©e, dans un extrait de correspondance qu’AlfiĂ©ri et ses acolytes connaissent forcĂ©ment Le nazisme serait beau en tant que principe barbare – mais il ne devrait pas ĂȘtre aussi bourgeois » lettre du 7 juin 1936 J’ai soulignĂ© Ă  dessein l’expression employĂ©e, car, nous verrons, cela sera dĂ©cisif pour nous amener Ă  faire ce qu’il conviendra face Ă  la tentative de l’interprĂšte un soulĂšvement d’épaule. Il cherchera en effet Ă  jouer sur le sens du mot Grösse, grandeur, en montrant que ce terme Ă©tant par endroit pĂ©joratif sous sa plume, alors il ne s’agirait pas d’ĂȘtre dans l’apprĂ©ciation de la mission interne du rĂ©gime. Mais nous y reviendrons. Contentons-nous pour l’instant de constater la cohĂ©rence de Heidegger, lequel s’en prend rĂ©guliĂšrement au libĂ©ralisme des agents nazi, dont il dĂ©plore les tendances frileuses, petites-bourgeoises, Ă  la demi-mesure y compris avec ses amis, voire son propre frĂšre. Mais revenons au pas en retrait de notre interprĂšte de l’universitĂ© de Latran, consistant Ă  ne surtout pas prendre en compte les textes mettant en danger son montage Ă  dĂ©charge. Fort de son dĂ©cret, il peut se proposer une mĂ©thode de travail pour le moins rĂ©volutionnaire, consistant Ă  chercher les autres occurrences du mot barbare dans les Cahiers noirs, parce que, oui, c’est bien entendu, cela va de soi, la comprĂ©hension de son usage ici en serait forcĂ©ment facilitĂ©. Et – divine surprise!- les usages de ce terme auraient tendance Ă  le disculper, ou en tout cas Ă  bien montrer tout le mal qu’il pense, c’est bien entendu, du nazisme. Bon. Ce n’est peut-ĂȘtre pas aussi simple et commode que le souhaite ardemment AlfiĂ©ri, nous allons le voir. Las lorsqu’il se hĂąte d’évoquer un extrait provenant volume 95, Martin Heidegger consigne par exemple que le sĂ©rieux de la pensĂ©e n’est pas l’affliction et la rĂ©crimination sur des temps prĂ©tendument mauvais et sur une barbarie menaçante » nous n’avons pas franchement l’impression que Heidegger ressente quelque gĂȘne que ce soit Ă  l’égard du principe barbare Ă©voquĂ© plus haut, et du pĂ©ril que ferait peser le dĂ©ploiement de la barbarie dans divers camps dissĂ©minĂ©s dans le Reich. Il m’a mĂȘme tout l’air de lancer lĂ  une invective Ă  l’encontre de ceux qui, quelque peu effeminĂ©s, seraient refroidis par les rumeurs d’actes de barbaries qui n’ont pas manquĂ© d’ĂȘtre Ă©voquĂ©es ça et lĂ  pendant les annĂ©es trente. Et si Alfieri ne choisissait pas Ă  dessein les passages qui l’arrange, afin de perpĂ©trer la lĂ©gende grotesque d’un Heidegger rĂ©sistant il aurait pu Ă©voquer celui-ci, absent de ses interprĂ©tations, et pourtant bien prĂ©sent dans le volume 94 des Cahiers noirs sur lesquels il prĂ©tend se focaliser Le plus grand danger n’est pas la barbarie et la dĂ©cadence, car ces Ă©tats peuvent conduire Ă  une plus haute issue – et ainsi Ă  une situation d’urgence. » GA94, Loin de dĂ©plorer la torture de civils, la dĂ©portation de familles entiĂšres, et la multiplication des crimes odieux, Heidegger y voyait au contraire une voie vers la transition vers ce nouveau commencement dont il rĂȘvait tant, lui qui mettrait fin Ă  l’engeance judĂ©o-chrĂ©tienne; Ă  ses yeux, seule une crise violente permettrait le divorce total, sans quoi celle-ci se perpĂ©tue sous d’autres formes, dont le nazisme vulgaire en serait paradoxalement une forme insigne. L’expression plus haute issue est bien cohĂ©rente avec l’extrait de lettre Ă  Bauch Ă©voquĂ© plus haut, et cadre surtout avec le topos du surpassement de la mĂ©taphysique qu’il perpĂ©tuera tranquillement aprĂšs guerre, par exemple dans les extraits rassemblĂ©s dans Essais et confĂ©rences sous le nom de DĂ©passsement de la mĂ©taphysique. La suite du passage stipule que Le plus grand danger est la mĂ©diocritĂ© ambiante et l’ordonnancement uniformisant avant tout – que ce soit sous la forme de l’activitĂ© la plus vide, aussi bien que celle apparemment convenable, – mais qui ne participe de rien de plus que de l’honnĂȘtetĂ© requise. » Bien entendu, il ne s’agit qu’un de ces trĂšs nombreux tĂ©moignages oĂč nous voyons Heidegger fulminer contre la tendance Ă  la demi-mesure Halbheit du rĂ©gime national-socialiste pendant les annĂ©es oĂč la solution finale n’était pas encore mise en Ɠuvre, et oĂč il dĂ©plore benoĂźtement le fait que les autoritĂ©s ne lui ont pas prĂȘtĂ© l’attention qu’il est persuadĂ© de mĂ©riter de la part des autoritĂ©s, des SA et autres SS, lesquels, bizarrement, n’en avaient cure. Mais il s’agit surtout pour lui de se plaindre du manque de radicalitĂ© ambiante, lui qui s’attendait Ă  une violente rupture avec ce qui avait cours avant l’arrivĂ©e au pouvoir d’Adolf Hitler. Le rationnel-socialisme l’expression rageuse est de lui, ratio suggĂ©rant encore le calcul, l’escompte, l’enjuivement des divers protagonistes officiels le fait enrager, tant il n’atteint pas encore l’objectif final qui seul permettrait de larguer les amarres loin du judĂ©o-christianisme, mais au contraire continue de consacrer son esprit enjuivĂ© de comptabilitĂ©. Partout, il ne voit Ă  l’Ɠuvre que la mĂ©diocritĂ©, comme dans cet extrait plus tardif du volume 96, pas citĂ© non plus – c’est ballot- par AlfiĂ©ri Le vraiment dĂ©paysant qui doit monter Ă  l’époque de l’achĂšvement des temps modernes, c’est-Ă  dire de la dĂ©couverte, conquĂȘte et maĂźtrise de la terre, est le gigantesque de la mĂ©diocritĂ© en tout. Ainsi, chacun est protĂ©gĂ© mais est aussi en mĂȘme temps utilisĂ© comme moyen du pouvoir. La culture » qui est mĂȘme dĂ©jĂ  une formation moderne et la barbarie » valent autant, indĂ©pendamment de leurs diffĂ©rences, l’une tenant lieu de l’autre. À partir de lĂ , tout le passĂ© est en consĂ©quence recalculĂ© de façon Ă  exprimer les buts » posĂ©s » du futur ». Ainsi, cette crainte se grave dans l’infantilisme qui craint une Ă©poque de la barbarie ». D’autant plus qu’elle ne viendra pas. »GA96, p. 201 La barbarie ne semble effroyable aux yeux de Heidegger qu’en tant qu’elle ne se dĂ©ploiera jamais vraiment, ce qu’il a l’air de vivement regretter, tant, pour des raisons punitives, il aimerait qu’elle soit infligĂ©e Ă  ceux qui ne font que renforcer ce qui est selon lui son envers – la culture. Notons au passage qu’il touche ici Ă  une extrĂ©mitĂ© rouge-brune bien dure Ă  admettte, y compris par moi-mĂȘme, puisqu’il est difficile de ne pas penser Ă  l’affirmation de Walter Benjamin selon laquelle il n’est pas de tĂ©moignage culturel qui ne soit en mĂȘme temps tĂ©moignage de barbarie. Mais pour ne mettre personne mal Ă  l’aise, et parce qu’il n’est pas vraiment question de cela ici, contentons-nous plutĂŽt de songer Ă  ce sinistre nazi qui Ă©tait tentĂ© de sortir son revolver chaque fois qu’il entendait le mot culture. Le terme est plus violemment attaquĂ© par Heidegger que le mot qui nous intĂ©resse ici finalement, barbarie semble utilisĂ© en un sens bien plus laudatif que Kultur, terme honni par tout national-socialiste, qu’il soit vulgaire ou spĂ©culatif, comme nous le voyons. Mais Francesco Alfieri, prenant bien soin de ne pas Ă©voquer les textes qui fĂąchent, prĂ©fĂšre certainement vĂ©rifier d’autres occurrences de barbarie, en l’espoir de pouvoir noyer tout de mĂȘme le poisson. Et nous ne pouvons que le fĂ©liciter pour son astuce, car c’est relativement bien trouvĂ©, il paraĂźt Ă©vident que son montage fera florĂšs auprĂšs de beaucoup de lecteurs qui n’auront pas toujours les moyens de vĂ©rifier ses assertions. L’autre passage de GA95 qu’il tient Ă  Ă©voquer stipule La meilleure protection contre le danger [
] qu’une telle barbarie de la pensĂ©e » se voie nĂ©anmoins contrainte un jour de reculer. » ibid. Si pensĂ©e est mis entre parenthĂšses, c’est trĂšs certainement qu’il s’agit de celle auquel le penseur de Messkirch n’accorde pas ce titre de noblesse, ce label, rĂ©servĂ© Ă  la pensĂ©e ontologico-historiale. Preuve en est qu’il espĂšre que son emprise diminuera. Notons qu’Alfieri propose l’extrait coupĂ©, et qu’il ne le traduit pas in extenso dans les pages oĂč il propose des extraits entiers, permettant vĂ©rifications et recoupements orientĂ©s, alors que lui, contrairement Ă  moi, Ă©tant publiĂ© par Gallimard, n’aurait aucun problĂšme de droits. Il cite d’autres courts extraits sur lesquels nous reviendrons, notamment de GA97, et se dĂ©pĂȘche d’affirmer qu’il n’y aurait que cinq rĂ©fĂ©rences, dont une oĂč le mot Barbarei n’apparaĂźt pas – mais je m’étais aussi, dans mon pamphlet, demandĂ© si le terme Entwilderung, que j’avais d’abord rendu par fĂ©ralisation, puis par ensauvagement pouvait ĂȘtre liĂ© Ă  la barbarie. Cet aspect retiendra par la suite notre attention, puisqu’il sera en effet question d’une certaine sauvagerie, laquelle aurait Ă©tĂ© pensĂ©e comme nĂ©cessaire, au coeur mĂȘme des spĂ©culations de Heidegger. En quĂȘte d’extrĂȘme, le penseur radical estime que les nazis n’avaient pas pleinement dĂ©ployĂ© ce Ă  quoi ils Ă©taient destinĂ©s, missionĂ©s par le destin Plus de demi-mesures et de compromissions qui n’apportent plus rien – nous devons remonter complĂštement en amont Ă  l’insurrection et ainsi Ă©prouver dans son intimitĂ© la sauvagerie et la tourmente. » GA94, Il est tout simplement impossible de faire l’impasse sur ce terme clĂ©, insurrection, Aufstand, pour comprendre quoi que ce soit du rapport de Heidegger au nazisme et au judaĂŻsme – – et du coup encore moins ces propos prĂ©cis sur la barbarie et/ou la sauvagerie. L’ouvrage que j’ai rĂ©digĂ© il y a deux ans a proposĂ© diverses approches de ce terme auquel je renvoie ici. Pour ce qui nous intĂ©resse, contentons-nous de remarquer que Heidegger, portĂ© par une conviction incapable de la moindre concession, mĂ©prise plus que tout les demi-mesures du nazisme des annĂ©es trente, celui du concordat et des recherches de financement. La sauvagerie n’a pas l’air ici aussi de l’inquiĂ©ter outremesure, il semble mĂȘme l’appeler de ses voeux. aurait-elle des vertus purgatrices, cathartiques? Se confond-elle avec cet initial qui le fait tant fantasmer, et servirait de contrepoint inespĂ©rĂ© contre les affreux raffinement de la culture? Le sauvage est-il ce qui permettrait de rĂ©sister Ă  la dĂ©chĂ©ance auquel mĂšne immanquablement l’oubli de l’ĂȘtre, propre Ă  ceux qui n’osent pas l’ĂȘtre, et sont mĂȘme inaptes Ă  l’oser? Voire qui diffusent un mode d’ĂȘtre favorisant son esquive? Seule certitude AlfiĂ©ri n’en parle pas du tout, ce qui est fort pratique, encore une fois. Comme de procĂ©der Ă  des raccourcis extrĂȘmement rapides; aprĂšs avoir Ă©voquĂ© deux autres passages oĂč il est question de la barbarie et du nazisme, il se fĂ©licite de constater que revient le terme danger » Gefahr qui se laisse facilement rattacher au national-socialisme et Ă  sa philosophie dans la mesure oĂč celle-ci suit la logique » traditionnelle de la pensĂ©e commune et des sciences exactes » » Tout ici est, d’une certaine façon, consternant. Tout d’abord, le terme facilement montre Ă  quel point l’interprĂšte ne s’embarrasse pas avec le lecteur Ă  convaincre, et l’incite Ă  procĂ©der aux raccourcis qu’il se propose lui-mĂȘme. Alors que le Gefahr, comme de nombreux autres concepts heideggeriens, ne se laisse pas dompter en une tournemain par les tentatives de comprĂ©hension, nous apprenons que la critique du nazisme serait ici facile Ă  saisir. Redoublement de la consternation ce que dit AlfiĂ©ri est valide, puisque c’est justement parce qu’il refuse la logique, la validitĂ© et la science, que Heidegger critiquerait le nazisme. Consternation au cube nous voilĂ  amenĂ©s Ă  rĂ©diger ne serait-ce qu’à titre de paraphrase, comme notre interprĂšte que les dĂ©lires raciologiques et idĂ©ologiques de la peste brune auraient quoi que ce soit Ă  voir avec la logique tradionnelle et les sciences exactes. Nous devrions donc fĂ©liciter le grand penseur pour son refus du mouvement criminel de Hitler et consorts- – non parce qu’il fut barbare il ne le fut Ă  ses yeux, au contraire, pas suffisamment, mais parce qu’il aurait Ă©tĂ© trop logique et scientifique, ce qui serait le vrai danger, alors que tout ceci aurait Ă©tĂ© salvateur si cela avait Ă©tĂ© engagĂ© au nom de l’ĂȘtre! Comme chacun le sait, attaquer la Pologne et brĂ»ler des familles juives, passe encore, mais par contre, tomber dans une scolastique digne de Saint Thomas ou privilĂ©gier les rĂ©sultats d’une Ă©quipe de recherche du CNRS, c’est lĂ  le cauchemar absolu, le danger. Combien de philosophes professionnels vont mĂȘme applaudir lorsqu’ils vont lire, ĂŽ sainte horreur, que les nazis auraient souscrits Ă  une logique propre Ă  la pensĂ©e commune ? Goebbels et Heydrich devaient, alors, vraiment ĂȘtre d’odieux personnages – – puisqu’ils n’ont rien compris Ă  Sein und Zeit, le nazisme Ă©tait vraiment dangereux! D’ailleurs, Ă  bien y penser, puisqu’Emmanuel Faye et moi-mĂȘme sommes censĂ©s ne rien avoir compris non plus Ă  la diffĂ©rence ontologique, eh bien nous voilĂ  plus proches des bourreaux nazis que Heidegger lui-mĂȘme, irrĂ©prochable! La pensĂ©e n’aurait rien Ă  voir avec ces criminels nĂ©cessaires, contrairement Ă  la philosophie, qui, empĂȘtrĂ©e dans la mĂ©taphysique, est elle-aussi un humanisme, selon le bon mot de Lacoue-Labarthe. Face Ă  tout ce fatras qui finit par faire systĂšme et qui a emportĂ© la conviction de tant de lecteurs, ne reste parfois que l’ironie. Mais, non, il faut toujours opposer la probitĂ© et l’acribie contre les montages hermĂ©neutiques perpĂ©tuant le camouflage philosophique de celui qui se rĂȘvait en Ă©minence grise du nazisme. La barbarie, c’est ce qui pourrait bien heureusement mettre fin Ă  l’éternel retour d’une certaine engeance, que la philosophie, comme la science, comme la pensĂ©e commune – – comme tout en fait! – ne fait que la perpĂ©tuer. D’oĂč un souhait bien lĂ©gitime d’y mettre fin, et de refuser toute philosophie nazie Une philosophie nationale-socialiste » est encore une philosophie » quand bien mĂȘme elle sert le nazisme », claudiquant comme pĂ©danterie pĂ©nible derriĂšre lui » GA94, Le contexte est bien sĂ»r celui d’un mĂ©pris permanent consignĂ© dans ses carnets par Heidegger Ă  l’encontre de tous ses adversaires-philosophes plus heureux que lui auprĂšs des autoritĂ©s nazies. Alfieri n’en touche mot, car ces petits persiflages jaloux ne mettent pas franchement en valeur son hĂ©ros. Jean-Pierre Faye, lui, y avait Ă  juste titre, et tĂŽt, fait rĂ©fĂ©rence. VexĂ© qu’on n’ait pas Ă©coutĂ© ses fadaises historiales, Heidegger multiplie les pointes contre les tenants d’un nazisme officiel qu’il met dĂ©s lors entre parenthĂšses, puisque ce n’est que celui vulgaire et effectif qui compose avec le principe de rĂ©alitĂ© – et la ratio- plutĂŽt qu’avec la radicalitĂ© fantasmĂ©e d’un surcroĂźt de barbarie ou de sauvagerie dĂ©s les annĂ©es trente. Alfieri croit donc pouvoir noter que le penseur prendrait lĂ  ses distances avec, je cite, le patrimoine intellectuel national-socialiste – superbe expression pour dĂ©signer les monstruositĂ©s juridiques Ă©chaffaudĂ©es par Hans Frank et consorts. Il se fĂ©licite mĂȘme aux lignes suivantes d’attaques contre un obscur Hans Heyse, censĂ© ĂȘtre philosophe de l’existence et nazi, ce qui, chacun l’aura compris, prouve bien que Martin Heidegger Ă©tait un rĂ©sistant spirituel, une sorte de Jean CavaillĂšs souabe qui aurait pu Ă  coup sĂ»r intĂ©grer La Rose Blanche. Il l’imagine tellement au dessus de la mĂȘlĂ©e qu’Alfieri est tout fier de nous citer les extraits oĂč, fanfaronnant cette anti-intraception qu’évoque Adorno dans ses Etudes sur la personnalitĂ© autoritaire, Heidegger se vante de refuser tout sentimentalisme, de ne pas s’affliger sur les temps prĂ©sents et la barbarie imminente, car la pensĂ©e remonte aux sources; Ă  contre-courant, le hĂ©ros invisible n’a au fond que faire de la pulvĂ©risation Ă  venir de millions d’individus, lesquels ont l’audace de ne pas ĂȘtre-le-lĂ , et de ne rien avoir compris Ă  son Hauptwerk. VoilĂ  bien un motif de mĂ©pris lĂ©gitime Ă  l’endroit de ceux qui remplissent, en bourreaux ou victimes, les charniers. Quel grand penseur, si concentrĂ©! Sans transition, l’interprĂšte italien saute une dizaine d’annĂ©es et passe directement aux textes de GA97, mais n’en parle que six lignes, juste pour dire, tout penaud, que c’est trop compliquĂ©, qu’il en parlera plus loin. Il y a bien heureusement, pour notre introducteur, bien plus facile, et il nous le dit Il est aisĂ© d’entrevoir que le fil conducteur qui relie les cinq passages analysĂ©s ci-dessus est la pseudo-philosophie », – Ă©lĂ©ment qui revient souvent en Ă©tant rĂ©fĂ©rĂ© au national-socialisme et aux fonctionnaires » de la culture – associĂ©e Ă  l’absence de pensĂ©e » Denken, qui par bien des aspects rapproche le national-socialisme et la modernitĂ© » En un clin d’oeil, Francesco Alfieri vient de siffler le rappel de tous les professionnels de la philosophie qui liront son chef d’oeuvre commun avec von Hermann quiconque ne serait qu’un littĂ©rateur, un journaliste, ou quelconque autre technicien de la culture ou de l’historicisme serait associĂ© avec Eichmann et d’autres Ă  tout autre fonctionnariat ou esclavage de l’étant et de la nonphilosophie, fut-il celui des machines de mort. La cause? Ne pas avoir assez fait de philosophie – si ce mot convient pour dĂ©signer la pensĂ©e heideggerienne, qui seule est valable, cela va de soi – ne pas avoir de philosophie, ce serait la cause du pire, notamment de toute dĂ©rive toujours insuffisante vers la barbarie. Petit malaise tout de mĂȘme pour ceux qui ont vraiment lu les Cahiers noirs et qui se souviennent pourtant que Heidegger a pu Ă©crire Ma philosophie » – au cas oĂč l’expression stupide serait utilisĂ©e » GA97, Alfieri n’évoque Ă©videmment pas ce passage, et prĂ©fĂšre conclure triophalement il pense avoir trouvĂ© le sens, dĂ©s lors, de l’expression principe barbare il dĂ©signerait une propension au fond fort commune, et le mot est faible Ă  ne pas Ă©couter Heidegger, c’est Ă  dire Ă  manquer la pensĂ©e de l’ĂȘtre. La proposition de PĂšre AlfiĂ©ri-Ubu a ceci de fĂ»tĂ©e qu’il est certes vrai au sens de valide, cela va sans dire que Heidegger voit bien dans le nazisme une version parmi d’autres d’empĂȘtrement dans la modernitĂ© technique, autrement dit dans la machination mondiale appendice du premier commencement perverti par le judĂ©o-christianisme. Le barbare Ă©tant l’étranger, le nazisme effectif serait une version maximisant un Ă©garement ancien, et sa propension Ă  la Mischung. Mais c’est lĂ  ce qu’Alfieri ne saurait voir que Heidegger a pu mĂ©diter cette maximisation de l’égarement comme une chance, un instant historial pouvant permettre la dĂ©cision, au sens oĂč lĂ  oĂč croĂźt le danger, augmenterait aussi ce qui sauve. C’est parce que les nazis intensifieraient ce qu’aurait de pire l’enjuivement ancestral, qu’ils seraient en mesure d’en pousser la criminalitĂ© dans ses ultimes retranchements, favorisant le passage, la transition vers le nouveau commencement. Donc si Heidegger Ă©voque bien le nazisme comme un principe barbare, c’est Ă  la fois pour le dĂ©plorer et le cĂ©lĂ©brer selon le contexte et l’humeur d’abord en en rappelant son origine toujours douteuse et dĂ©testable – – et d’autres part pour en Ă©voquer le caractĂšre salvateur, puisque le pire dĂ©racinement concernant le peuple le plus sombre et enracinĂ©, la violence de son versement forcĂ© dans la modernitĂ© amĂšnerait potentiellement l’évĂšnement enfin dĂ©-cisif appelĂ© de ses voeux par Heidegger. Puisqu’il s’agit de rĂ©gler son compte Ă  ce qui surdĂ©termine l’avĂšnement de l’ùre technique – – par un usage immodĂ©rĂ© de la technique elle-mĂȘme – technique Ă©tant un doux euphĂ©misme dĂ©signant Ă  chaque fois l’élĂ©ment judaĂŻque souverain, honni, et salavateur; chacun pourra imaginer de quelle solution – finale- il pourrait s’agir. Mais pour cela, il faudra cesser de fantasmer Heidegger en espĂšce de hĂ©ros philosophique dont l’exigence de mĂ©ditation pure le tiendrait Ă  distance avec un nazisme qui lui demeurerait extĂ©rieur ce truisme bien franco-italien a fait long feu, du moins auprĂšs de ceux qui souhaitent maintenir une distance critique. Le dĂ©lire apologĂ©tique d’AlfiĂ©ri a beau se parer des beaux atours d’une soi-disant lecture interne de la spĂ©culation ontologico-historiale, il ne rĂ©siste pas au discernement de ceux se doutant que mĂȘme si le lien de Heidegger au nazisme et Ă  l’antisĂ©mitisme est tortueux, il n’en est pas moins rĂ©el et sournoisement laudatif. Il y a bien trop d’extraits gĂȘnants pour la lecture d’AlfiĂ©ri, et si je ne nie pas que quelques textes curieux des Cahiers noirs peuvent localement mettre Ă  mal ma proposition critique d’interprĂ©tation, je laisse au lecteur le soin d’évaluer par lui-mĂȘme le sens de cette histoire, par exemple, de principe barbare. Pour ce faire, je me permets de renvoyer Ă  ce que j’en Ă©crivais dans mon long pamphlet Manipulations concernant la cĂ©lĂ©bration heideggerienne du nazisme comme Principe Barbare » Lettre du 7 juin 1936 Ă  Kurt Bauch Le national-socialisme serait beau en tant que principe barbare – mais il ne devrait pas ĂȘtre aussi bourgeois » Correspondance avec Bauch, Apparemment, l’expression principe barbare » provient de Schelling. Celui-ci renvoie Ă  la nature comme substrat de la crĂ©ation divine, au fameux fond » qui intĂ©resse tant notre auteur, justement, en cette annĂ©e 1936. Il nous faut en toucher un mot. Le fond renvoie Ă  l’ñge du PĂšre le judaĂŻsme ? C’est Ă©crit clairement dans ses Urfassung der Philosophie der Offenbarung, Meiner Felix Verlag oĂč Dieu n’est que solitude jouissant de soi, Ă©goĂŻsme et colĂšre – colĂšre qui devra ĂȘtre adoucie par l’autre commencement du Fils l’Allemagne invisible ?, principe de l’Amour !, vouĂ© Ă  tempĂ©rer la sauvagerie, le caractĂšre barbare du premier commencement. Mais, indocile, le fond est toujours tentĂ© – puisqu’il se caractĂ©rise avant tout par une propension Ă  l’asĂ©itĂ©, sa Sehnsucht, dans son indĂ©pendance et sa libertĂ©, par l’insurrection par rapport Ă  l’injonction divine, Ă  entreren insurrection contre l’ordre, l’ajointement. Or, seul, il est inconscient, irrationnel contractant, entĂ©nĂ©brant » cf. les Weltalter, stĂ©rile anhistorial ? et c’est en quelque sorte son dressage qui permet nĂ©anmoins cet ordre, cet ajointement de tout ce qui est. Le philosophe idĂ©aliste affirme en effet de lui que vaincu mais non annihilĂ©, il demeure la base de toute grandeur et de toute beautĂ© » SĂ€mmtlicheWerke, VIII, p. 343. Il faudrait relire Miklos Vetö, voire le fameux texte de Marc Richir non pas sur la barbarie, mais sur la sauvagerie, pour commencer Ă  comprendre de quoi il retourne Sauvagerie et utopie mĂ©taphysique » PrĂ©face Ă  Schelling. Les Ages du monde – versions premiĂšres, 1811-1813. Mais plus gĂ©nĂ©ralement, comme nous y inviterons souvent dans cet Ă©crit, relire Schelling et les premiers cours de Heidegger Ă  son sujet, absolument dĂ©cisifs, peut-ĂȘtre mĂȘme davantage que ceux sur Hölderlin, proposĂ©s en trompe-l’Ɠil. En tout cas, ce passage sur le nazisme comme principe barbare nĂ©cessite une Ă©lucidation de la part des chercheurs,et certains chevronnĂ©s comme Jean-François Courtine pourraient nous apporter leurs lumiĂšres. Il y avait eu en tout cas un dĂ©bat avec Elkabbach oĂč FĂ©dier assurait Ă  son contradicteur que barbare » Ă©tait, sous la plume de Heidegger, assurĂ©ment pĂ©joratif. Les Cahiers noirs restent exactement dans la mĂȘme tonalitĂ©, et en rajoutent mĂȘme une couche dans l’infamie Le nazisme est un principe barbare. C’est sa plus essentielle et potentielle grandeur. Le danger n’est pas lui-mĂȘme – mais qu’il soit galvaudĂ© en une prĂ©dication sur la vĂ©ritĂ©, le bon et la beautĂ© – comme dans une soirĂ©e de formation scolaire. Et que ceux qui veulent en faire sa philosophie, n’y aient alors rien mis d’autre que la logique » dĂ©suĂšte de la pensĂ©e commune et de la science exacte, au lieu de comprendre que dĂšs maintenant la logique » arrive de nouveau dans la dĂ©tresse et la nĂ©cessitĂ© et doit prendre une nouvelle source » GA94, Heidegger n’est pas franchement en train de s’émouvoir de la barbarie nazie – mais bien plutĂŽt du fait que ses collĂšgues dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s ne prennent pas acte de la radicalitĂ© du mouvement, lequel est censĂ© rompre avec toute la logique occidentale du premier commencement. On pourra bien sĂ»r, Ă  loisir, songer Ă  Hölderlin et ces barbares qui tout calculent
 » Ou plutĂŽt, avec plus de pertinence, se dire qu’Heidegger envisage par ce terme de barbarie » une Allemagne complĂštement dĂ©christianisĂ©e, et cela va sans dire, dĂ©senjuivĂ©e, ce que suggĂšre la fin de sa phrase. Ce que Heidegger exĂšcre le plus chez ses compatriotes qui ne reconnaissent pas son gĂ©nie millĂ©naire, c’est leur propension Ă  tomber dans les travers du libĂ©ralisme prĂ©cisĂ©ment reprochĂ© Ă  l’ennemi comme avatar du calcul et du dĂ©racinement. Heidegger plaide en faveur de plus de radicalitĂ© contre l’empĂątement trivial du rĂ©gime une fois la grandeur » de l’évĂ©nement initial Ă©vanouie. Il veut souffler sur les braises, raviver la flamme. Et continuera de le faire longtemps jusqu’à la toute fin de la guerre, comme le montre une lettre de 1945 oĂč il dĂ©plore et espĂšre Ă  la fois, suggĂ©rant qu’un principe obscur aurait empĂȘchĂ©, du fond des temps l’Allemagne nazie de dĂ©ployer son essence plĂ©niĂšre ! Ici, tout le monde ne pense qu’à l’effondrement. Mais la vĂ©ritĂ© est que nous autres Allemands ne pouvons nous effondrer, car nous n’avons pas encore surgi. Nous devons marcher Ă  travers la nuit. » Francesco AlfiĂ©ri ne fait pas la moindre rĂ©fĂ©rence Ă  cette source schellingienne de cet idiome, principe barbare, alors que comme l’insurrection, c’est un concept que Martin Heidegger reprend Ă  son compte discrĂštement dans les annĂ©es trente, lorsqu’il Ă©labore la pensĂ©e de ce tournant historial qu’a dĂ» ĂȘtre Ă  ses yeux sa nouvelle comprĂ©hension de ce qu’était, et devait ĂȘtre, finalement, le nazisme comble salvateur du premier commencement. J’ai souhaitĂ© proposĂ© ma premiĂšre interprĂ©tation, rĂ©digĂ©e il y a dĂ©jĂ  plus de deux ans, afin, Ă©galement, de relativiser la prĂ©tendue maestria de l’interprĂšte italien, qui pense pouvoir expĂ©dier en cinq pages une interprĂ©tation adĂ©quate de l’expression qui nous intĂ©resse. Principe barbare doit ĂȘtre abordĂ© dans un contexte spĂ©culatif complexe, trĂšs particulier, qui est celui de la passe ou de la transion rĂȘvĂ©e par Heidegger, entre la souverainetĂ© du premier commencement n’en finissant plus, et ce nouveau commencement qu’il porte aux nues, qui Ă  la fois collecterait cette ancienne souverainetĂ© surdĂ©terminant mĂȘme la modernitĂ© – et Ă  la fois lui opposerait le plus profond divorce. Concernant cette engeance interminable et la façon dont elle rĂšgne encore dans les temps modernes, de nombreux indices sont dissĂ©minĂ©s dans les Cahiers noirs en faisant discrĂštement Ă©tat; ainsi de ce passage dĂ©cisif, qui devrait susciter l’incrĂ©dulitĂ© de tout lecteur, y compris ceux qui s’estiment le mieux attentionnĂ©s, les plus tentĂ©s par une lecture charitable Le pharisaĂŻsme de Karl Barth et consorts surpasse mĂȘme celui de l’ancien judaĂŻsme dont l’ampleur avait pourtant dĂ©fini les nĂ©cessitĂ©s de l’histoire moderne de l’ĂȘtre ». GA95, Ma question est simple qu’est-ce que Heidegger cherche prĂ©cisĂ©ment Ă  nous dire de l’ancien judaĂŻsme dans ce passage plus que jamais allusif? Quel rapport entre les nĂ©cessitĂ©s de l’histoire moderne de l’ĂȘ tre et eux, au juste? Cela revient-il Ă  dire, Ă  la façon de Nietzsche, que l’engeance judĂ©o-chrĂ©tienne surdĂ©termine ce qui va advenir des milliers d’annĂ©es aprĂšs lorsque tel dictateur envoie dans les camps de la mort des millions de victimes? Un texte rĂ©digĂ© alors que les fours crĂ©matoires fonctionnent Ă  plein ne se gĂȘne pas de l’affirmer sans ambages le Monothéïsme judĂ©ochrĂ©tien» est prĂ©sentĂ© comme Ă©tant Ă  l’origine des systĂšmes modernes de la dictature totale » GA97, Anmerkungen I-V. Mon hypothĂšse est aussi tortueuse que le montage spĂ©culatif heidegger menant Ă  la justification, comme un boomerang historial, de la solution finale ce qu’il nomme principe barbare doit ĂȘtre saisi comme une forme de suprĂ©matie, du genre de celle qui permettent de prendre ou non des dĂ©cisions permettant une souverainetĂ© millĂ©naire. Ou bien, ou bien soit amener, par quelques engeance prophĂ©tique juive, le monde entier dans le mĂ©lange immĂ©morial de la seule considĂ©ration pour l’étant et son Être Sein par inaptitude Ă  penser la diffĂ©rence ontologique, soit, bien Ă©videmment, le rĂšgne Ă  venir du Seyn, dont Heidegger Ă©crit Ă  Kurt Bauch qu’il s’agit d’un Deckname, un mot-couvert, pour dĂ©signer la chĂšre patrie teutonne, Vaterland. Le nazisme serait beau en tant que principe barbare, c’est-Ă -dire s’il comprenait enfin sa mission dĂ©volue de mener Ă  son terme, par ses ultimes et pires consĂ©quences, la rage juive qui anime le premier commencement, afin d’en permettre la derniĂšre catharsis, la purge finale, et permettre l’avĂšnement du nouveau commencement. AlfiĂ©ri est bien loin d’une telle prise de conscience systĂ©matique d’oĂč veut en venir Heidegger Ă  partir de 1934, lorsqu’il prend conscience du parasitage intime du mouvement par ce qu’il est censĂ© combattre, et qu’il comprend que seule une gigantomachie discrĂšte mais finale avec l’ennemi intime permettra la dissension totale avec son habiletĂ© tenace Ă  tout mĂ©langer. L’interprĂšte, bien loin de la prise en compte de ces enjeux violents, prĂ©fĂšre piteusement minorer, Ă  la page 128 de l’ouvrage qu’il a commis, l’expression grandeur Grösse utilisĂ©e par Heidegger pour dĂ©signer le principe barbare. Il repĂšre en effet l’ambivalence supposĂ©e de ce terme, certes parfois Ă©voquĂ© de façon pĂ©jorative par le penseur, d’une façon qui est Ă  corrĂ©ler Ă  toute la thĂ©matique du gigantisme, dĂ©nonçant les outrances de la toute derniĂšre modernitĂ©, notamment communiste et surtout amĂ©ricaine; les cas oĂč Heidegger s’en prend apparemment aux nazis, c’est parce qu’ils souscrivent selon lui tĂȘte baissĂ©e Ă  ce libĂ©ralisme et cet amĂ©ricanisme du colossal et du gigantesque. ProblĂšme AlfiĂ©ri est soit malhonnĂȘte, soit incompĂ©tent – soit sĂ»rement un peu des deux- lorsqu’il s’en tient Ă  ces conjectures car le penseur qu’il cherche Ă  paraphraser attaque certes vertement les dĂ©rives barbares – – mais n’oublions jamais qu’en mĂȘme temps il les bĂ©nit comme ce qui mĂšnera Ă  terme ce dĂ©roulement de toute façon nĂ©cessaire du premier commencement. En s’en souvenant, l’ambiguĂŻtĂ© du terme grandeur devient toute relative, puisqu’elle est Ă  renvoyer Ă  la duplicitĂ©, d’allure il est vrai parfois schizophrĂšne, qui prĂ©side au rapport que Martin Heidegger entretient avec la technique, la technologie, la machination, qu’à la fois il cherche Ă  stigmatiser tout en en rappelant dĂ©s que possible la nĂ©cessitĂ© historiale, qu’il faudrait patiemment intensifier – charge qui reviendrait Ă  un nouveau peuple Ă©lu, lequel n’est autre que le sien. Devenir plus que jamais esclaves de la machination pour l’intensifier et en permettre la mission initiale – mener Ă  l’auto-anĂ©antissement de ceux qui l’ont d’abord promu de par leur vie selon le principe de la race- voilĂ  la charge Ă  la fois mĂ©prisable et souveraine qui, selon lui, reviendrait aux nazis si ceux-ci avaient un peu l’audace de jouer pleinement leur rĂŽle, plutĂŽt que de n’ĂȘtre, comme il le regrettera aprĂšs guerre, des CĂ©sars Ă©moussĂ©s L’errance de 1933 consistait dans le fait de ne pas avoir reconnu combien peu de prĂ©paration et de forces, combien peu historiaux et combien peu libres pouvaient-ils ĂȘtre malgrĂ© le dogmatisme nĂ©cessaire. L’errance repose sur le fait que les fonctionnaires n’ont pas Ă©tĂ© reconnus comme fonctionnaires. Mais peut-ĂȘtre ne l’étaient-ils pas encore vraiment, ils n’avaient pas suffisamment endossĂ© ce rĂŽle. Ils l’ont jouĂ© directement Ă  la façon de petits-bourgeois, comme des CĂ©sars Ă©moussĂ©s » GA97, Le dĂ©but de cet extrait corrobore notre hypothĂšse concernant le vĂ©ritable sens du fameux tournant de 1934 il consiste en la reconnaissance du caractĂšre tĂ©lĂ©guidĂ©, intimement enjuivĂ© et en cela perverti, du rĂ©gime, vouĂ© Ă  n’ĂȘtre que le pantin d’une plus ancienne volontĂ© de puissance cachĂ©e, l’instrumentalisant. C’est surtout la fin du passage qui nous intĂ©resse ici, suggĂ©rant lĂ -encore, pour ceux qui persistent Ă  prendre Martin Heidegger pour un enfant de choeur, que son appel Ă  la mise Ă  jour plĂ©niĂšre du principe barbare avait tout Ă  voir avec la sauvagerie incroyable dĂ©ployĂ©e par le rĂ©gime nazi, laquelle n’a cessĂ© toutefois de lui sembler bien infĂ©rieure Ă  celle, abritĂ©e et discrĂšte, de celle de son ennemi intime, et qui s’est propagĂ©e chez toute sorte de pharisiens enjuivĂ©s bien plus nocifs et raffinĂ©s Ă  ses yeux; il n’hĂ©site d’ailleurs pas Ă  la nommer l’inessence irresponsable, qui dĂ©passe de plusieurs milliers de degrĂ©s la rage de Hitler en Europe » GA97, La prĂ©sence d’écrits heideggeriens suggĂ©rant quelque courroux Ă  l’encontre du principe barbare n’est Ă  corroborer qu’à ses nombreux textes oĂč il dĂ©plore ce qui est pourtant nĂ©cessaire que les Allemands soient, du peuple le plus enracinĂ©, celui Ă  qui reviendrait le plus la charge tragique d’assumer Ă  fond cette Mischung inĂ©vitable, cette situation inextricable oĂč l’ennemi invisible l’entraĂźne Ă  sa propre perte; mais tel un Berserker entrant dans une terreur sacrĂ©e, l’Allemand qui devrait endosser pleinement le rĂŽle nazi comme une Ă©preuve de l’étranger, de l’étrangĂšretĂ©, de l’insolite terme trĂšs utilisĂ© dans le traitĂ© de 1939 L’histoire de l’ĂȘtre en arriverait ainsi Ă  se dĂ©barrasser de ce qui le parasite depuis des siĂšcles, ce qui du judĂ©o-christianisme aurait empoisonnĂ© l’Ister, le Rhin, en amont. Pour revenir aux trivialitĂ©s que ces spĂ©culations dĂ©lirantes de Heidegger camouflent mal, il Ă©tait d’usage courant, chez les nazis, de fantasmer telle nĂ©cessitĂ© apocalyptique par laquelle l’Allemagne arriverait pleinement Ă  se libĂ©rer de l’engeance allogĂšne, ses malversations, lesquelles se seraient largement emparĂ©es du pauvre Dasein teuton. Prise dans l’étau d’une barbarie qui a fini par l’infiltrer profondĂ©ment, le nazisme vulgaire est bien insuffisamment paranoĂŻaque, et Heidegger prĂ©tend repĂ©rer un complot bien plus vicieux encore, comblant au passage ses lecteurs professionnels versant dans la philosophie du soupçon. L’extrait Ă©voquant la rage de Hitler ne devraient donc en aucun inciter Ă  la lecture facile consistant Ă  voir une critique de cette ire, tant celle-ci est apparentĂ©e Ă  la libĂ©rtĂ© et nĂ©cessitĂ© d’errer que Heidegger ne cherche de thĂ©matiser comme seule planche de salut de l’Occident. Il ne s’est donc pas dĂ©dit aprĂšs-guerre concernant la vĂ©ritable grandeur du national-socialisme car, contrairement Ă  AlfiĂ©ri qui n’y comprend pas grand chose, il est restĂ© cohĂ©rent. Lui, tout fier de sa petite trouvaille concernant la plurivocitĂ© de grandeur qu’il ne prend Ă©videmment pas le temps d’expliciter, tire ses consĂ©quences On peut supposer que les cours de Fribourg des annĂ©es 1933-1945 dans lesquels Heidegger reconnaĂźt la grandeur » propre au mouvement » national-socialiste, doivent ĂȘtre revisitĂ©s hermĂ©neutiquement sur la base de la complexitĂ© du terme Grösse. N’ayant pas la moindre idĂ©e de ce Ă  quoi cela l’engagerait, AlfiĂ©ri n’hĂ©site pas, il fonce Le doute demeure et peut ĂȘtre justifiĂ© par la fluiditĂ© avec laquelle Heidegger outrepasse – au sens d’une re-crĂ©ation – les unitĂ©s sĂ©mantiques de nombre de paroles fondamentales Grundworte afin d’accĂ©der Ă  de nouveaux horizons de sens pouvant ĂȘtre infĂ©rĂ©s sur la base du contexte dans lequel se situent ses rĂ©flexions. A poursuivre un tel itinĂ©raire, l’hermĂ©neutique devra tenir compte de concordances philologiques assez difficiles et s’y confronter ». C’est fantastique dans un essai scandant tapageusement rĂ©vĂ©ler la vĂ©ritĂ© sur les Cahiers noirs, notre interprĂšte officiel-cooptĂ©, au lieu de se mettre Ă  l’ouvrage devant nos yeux Ă©bahis, choisi la plus sĂ©duisante des stratĂ©gies rappeler Ă  quel point il faudrait se mettre au travail – – ce qu’il ne fait certes pas lui-mĂȘme, mais il prĂ©vient que cela ne va pas ĂȘtre facile! On le comprend puisque il ne le fait lui-mĂȘme pas, lĂ  oĂč c’est pourtant ce qu’il annonce. Les quelques interpolations tentĂ©es avec les occurences de l’idiome principe barbare n’ont donnĂ© de son cĂŽtĂ© que de bien maigres rĂ©sultats, bien loin de nous mettre devant les yeux la vĂ©ritĂ© nue de ces textes douteux. Mais attention, AlfiĂ©ri n’est pas un hermĂ©neute avare, si bien qu’au paragraphe suivant, il paye sa tournĂ©e, il arrose Quelques exemples seulement, pour signaler qu’il n’est pas possible de supposer un sens littĂ©ral aux termes employĂ©s » ibid. ce Ă  quoi nous avons envie de rĂ©pondre certes. Heidegger se crĂ©e sa propre conceptualitĂ©, chacun l’avait compris. Las, alors que nous pourrions attendre le travail minutieux qu’il prĂ©tend mener, AlfiĂ©ri va encore une fois se contenter d’évoquer d’hypothĂ©tiques clĂ©s hermĂ©neutiques qui interviendront plus tard dans son travail, puis digresse, tant qu’à faire, en se jetant sur un nouvel os Ă  ronger, une nouvelle stratĂ©gie d’euphĂ©misation, qui n’est autre qu’une critique cinglante que son hĂ©ros a formulĂ© Ă  l’encontre du nazi Baeumler, rĂ©digĂ©e, dit-il, sans mĂącher ses mots. Ce n’était pas bien difficle personne ne lisait ses cahiers privĂ©s. Il n’est plus question, dans les lignes suivantes, d’expliciter principe barbare ? Eh bien non, AlfiĂ©ri est dĂ©jĂ  passĂ© Ă  autre chose. VoilĂ  le genre de texte que Von Herrmannn n’hĂ©sitait pas Ă  co-signer des deux mains. Quiconque aurait du temps Ă  perdre pourrait reprendre tous ses Ă©crits, en particulier celui intitulĂ© Wege ins Ereignis portant sur les BeitrĂ€ge, pour y montrer comme dans ceux de FĂ©dier et d’autres Ă  quel point ils sont faux et nient la rĂ©alitĂ© du nazisme et de l’antisĂ©mitisme propre Ă  la mĂ©tapolitique heideggerienne.

2Prisoner’s Dilemma, HarperCollins, New York, 1996, p. 313.; 14 Car en un second mouvement, analogue Ă  celui qu’amorce le narrateur investi dans la simulation, le texte attire le lecteur en lui dĂ©crivant un monde Ă  sa ressemblance, un monde auquel il peut croire. L’instrument le plus Ă©vident de ce rapprochement est sans nul doute le rĂ©gime massivement autobiographique du

ReplayDocumentaireAu nom de la vĂ©ritĂ©Au nom de la vĂ©ritĂ© - Machination amoureuse 11/01/2018 Ă  14h00 ‱ 24min ‱ 286 vuesRĂ©sumĂ©Chacun d'entre nous s'est dĂ©jĂ  retrouvĂ© au moins une fois, au cƓur de la tourmente... "Au nom de la vĂ©ritĂ©" s'attache Ă  des hĂ©ros du quotidien en prise avec une dĂ©cision capitale. Chaque Ă©pisode est une tranche de vie dans laquelle chacun peut s'identifier ou projeter sa propre famille. Ces moments qui dĂ©rapent, ces accidents de la vie, ces histoires secrĂštes qui encombrent notre quotidien... C'est tout l'univers de votre nouvelle sĂ©rie. Replay TV par chaĂźne Replays les plus vus Replays au hasard jmM1XD6.
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